« Donald Trump pourrait construire son mur beaucoup moins cher et en moins d’un an »
Si l’impression 3D est le plus souvent utilisée à bon escient, par des entreprises dans le but d’optimiser leur production ou des médecins pour créer des dispositifs médicaux sur-mesure, certains usages traduisent des intentions autrement moins bienfaitrices. Le dernier exemple en date nous est livré par le spécialiste de la construction 3D Winsun Decoration Engineering Co, qui n’a pas hésité à faire un appel du pied à Donald Trump pour construire son fameux mur « anti-migrants » à la frontière mexicaine.
Motivé par un opportunisme pour le moins contestable, la société chinoise n’a pas hésité a venter les atouts de sa solution dans un entretien accordé au South China Morning Post. « Donald Trump pourrait construire son mur pour beaucoup moins cher et en moins d’un an. Nous pourrions certainement le faire. Peut-être à environ 60 % du coût estimé et trois à quatre fois plus rapidement. » A déclaré Ma Yihe Président de Winsun Decoration Engineering Co.
« Je veux que nos bâtiments deviennent un outil de lutte contre la pollution, le changement climatique et la corruption »
A l’instar des autres procédés de fabrication additive, la technologie développée par Winsun permet en effet de réduire considérablement le temps de fabrication mais aussi le coût de la main d’oeuvre soit jusqu’à 50 % et la quantité de matériaux utilisée (entre 30 et 60%). Contrairement à la plupart de ses concurrents où les bâtiments sont directement imprimés sur place, Winsun imprime les éléments dans une usine pour ensuite les assembler sur site.
Gardée très secrète, l’imprimante 3D développée par Winsun mesurait 32 m de long pour 10 m de large et 6,6 m de hauteur. Seulement 100 personnes seraient formées à son fonctionnement. « Nos bâtiments utiliseront 40 % moins d’énergie que l’existant. Je veux que nos bâtiments deviennent un outil de lutte contre la pollution, le changement climatique et la corruption, qui représentent les plus grandes menaces auxquelles l’humanité est confrontée. » A ajouté Ma Yihe.
Côté matériaux Winsun révèle également avoir développé un nouveau béton fabriqué à partir de matériaux 100 % recyclés issus de déchets industriels et de construction. « Nous pouvons créer de nouveaux matériaux composites qui ne sont pas seulement respectueux de l’environnement, mais comportant aussi des propriétés améliorées. La forte plasticité de notre béton armé spécial en fibre de verre, par exemple, donne une bonne résistance anti-sismique et au vent », a expliqué le fondateur de WinSun dans une interview.
Dans son entretien avec le journal Hongkongais, la société évoque un autre matériau composite dénommé “crazy magic stone” (pierre magique) visant à améliorer l’esthétisme de ses constructions grâce à des façades imitant la brique. Décrit comme naturel et durable celui-ci se présente sous la forme de plaques visées sur les surfaces rugueuses imprimées en 3D.
Si pour l’heure aucun contrat n’a été signé avec l’oncle Sam, Winsun semble tout à fait ouvert à cette possibilité. Une philosophie qui tranche avec les projets à impact social et collaboratif de ses concurrents WASP ou encore Constructions-3D visant à fédérer plutôt qu’à diviser….
La construction du mur séparant les Etats-Unis du Mexique était l’une des promesses phares de la campagne électorale de Donald Trump. Le 17 mars 2017, l’administration du nouveau président des Etats-Unis lançait deux appels d’offres pour sa construction. Evalué à 12 milliards de dollars, le projet aussi pharaonique que fantasque vise à construire un mur de 3200 km de long sur 9 mètres de haut avec une profondeur de 2 m sous terre. A ce jour près de 400 entreprises auraient répondu à l’appel d’offre.
En mars dernier, Winsun signait un nouveau coup d’éclat en remportant un contrat d’1,5 milliard de dollars avec l’Arabie Saoudite. Selon les termes de l’accord, la société chinoise louera 100 imprimantes 3D pour la construction de 1,5 million de logements.