Fidèle à sa réputation, le cabinet d’études américain SmarTech Publishing nous gratifie d’un nouveau rapport particulièrement instructif sur l’état de la fabrication additive dans le secteur automobile. Illustrant la bascule qui est en train de s’opérer dans cette industrie, ses experts, plutôt que de s’intéresser aux applications de prototypage, ont axé leur dernière étude sur la production de pièces finales pour les véhicules automobiles.
Les progrès réalisés par la fabrication additive ces dernières années, aussi bien en terme de vitesse, de matériau, de répétabilité que d’automatisation, ont en effet accéléré son adoption par les constructeurs automobiles désormais en mesure d’imprimer des pièces d’utilisation finale et en plus grande série. Les 1 million de pièces imprimées par BMW témoignent de cette évolution.
Dans son nouveau rapport SmarTech fournit une carte très détaillée des principaux constructeurs automobiles et de leur utilisation dans des cas d’applications pour la production de pièces d’utilisation finale. Plus intéressant encore, des entretiens menés avec les principaux opérateurs du secteur automobile ont permis d’établir quelles technologies d’impression 3D ils utilisaient et pour quel type d’application.
On apprend ainsi que PSA a recours aux imprimantes 3D FDM de Stratasys pour imprimer des pièces d’outillage, tandis que Ford utilise la technologie DMLM (Concept Laser) de Ge Additive pour fabriquer des pièces métalliques pour ses moteurs. Le fabricant d’imprimantes 3D le plus représenté est le géant allemand EOS. A l’exception de Tata Motors et Honda, ses systèmes de fabrication additive sont utilisés par la majorité des constructeurs. Les autres acteurs historiques que sont 3D Systems et Stratasys viennent compléter le podium, talonnés de près par les nouveaux entrants que sont HP, Desktop Metal et Carbon.
9 milliards de dollars à l’horizon 2029
Le cabinet d’étude fournit également des prévisions très détaillées sur le marché de l’impression 3D dans l’automobile. Dans un graphique répartissant les revenus entre les fournisseurs, les prestataires, les logiciels, la production interne et les machines, SmarTech estime que le chiffre d’affaires généré pourrait atteindre les 9 milliards de dollars à l’horizon 2029, contre 1,390 milliard aujourd’hui. Le matériel représente à lui seul plus d’un tiers des recettes. Il faudra donc beaucoup d’imprimantes 3D pour répondre à la productivité de masse de l’industrie automobile. Une bonne nouvelle pour les fabricants AM.
Analyste chez SmarTech Publishing, Davide Sher explique que les fabricants historiques (Stratasys, EOS, 3D Systems… ) ont su optimiser leur technologie de bout en bout, notamment sur la partie logicielle pour faire progresser l’automatisation. La pression exercée par les nouveaux entrants auraient également eu un effet bénéfique :
« La raison pour laquelle ils ont finalement fait cela est que la pression est exercée par un certain nombre de nouvelles sociétés AM (HP, Carbon, Desktop Metal) qui ont mis en place des processus plus rapides et plus rentables, les processus dits planaires, spécifiquement avec la production de masse automobile à l’esprit. Les conséquences de ce «choc des titans» se verront plus clairement au cours de la prochaine décennie, mais j’estime que cela facilitera grandement l’adoption, poussant les grandes entreprises du secteur de l’automobile à continuer d’investir des sommes importantes, même si les avantages financiers à court terme de AM les applications ne sont pas aussi claires qu’elles pourraient l’être dans d’autres segments (tels que le médical, l’aérospatiale dentaire et certains produits de consommation). »
Pour la première fois dans cette édition, SmarTech présente également une analyse du marché par répartition géographique. Il ressort de l’analyse et des données que l’Europe détient actuellement une avance sur le segment de la fabrication additive métallique. Les États-Unis dominent quant à eux le marché polymère, tandis que l’Asie devrait devenir la plus grande région pour les deux segments de matériaux d’ici 10 ans.
Le dernier rapport de SmarTech contient une centaine de prévisions. Il décrit l’état actuel du marché de l’industrie automobile ainsi que tous les investissements clés publiés par les constructeurs automobiles et les sociétés AM qui collaborent avec eux. Le rapport utilise le terme « pièces d’utilisation finale » pour désigner à la fois les pièces plastiques et métalliques à usage final telles que des bouchons de réservoir ou des jantes, mais aussi les différents outils incluant les moules, les matrices, les gabarits ainsi que les outils d’assemblage personnalisés utilisés dans le processus de production automobile. Retrouvez l’étude complète sur le site de SmarTech Publishing.