Connu pour sa large gamme d’imprimantes 3D résine MSLA (Phenom et Moai), Peopoly fait une entrée fracassante sur le segment de l’impression 3D FFF (dépôt de matière fondue). Il y a quelques jours, le fabricant chinois a surpris tout le monde en annonçant une innovation promettant des vitesses d’impression jamais vues pour une imprimante 3D à extrusion.
Son arme « secrète » ? Une machine au nom révélateur de Magneto X, qui serait, tenez-vous bien, en capacité d’imprimer à la vitesse ahurissante de 1 200 mm/s. Soit environ deux fois plus rapidement que les machines actuelles les plus performantes.
En préambule des explications qui vont suivre, rappelons qu’aujourd’hui il n’existe pas de norme officielle sur la vitesse d’impression 3D. Dans ma dernière interview sur le sujet, un expert de la question, Jeremie Pierre Gay, expliquait en effet que chaque fabricant est libre de communiquer la valeur qui lui convient le mieux. Ceci étant, la valeur en mm/s qui est la plus utilisée représente la vitesse maximum de déplacement lors de l’impression.
Précision également que l’un des paramètres importants sur lequel jouent les fabricants, est l’épaisseur de couche. Pour calculer leur vitesse d’impression, beaucoup se basent sur des épaisseurs de 0.1 mm, alors que nombreuses impressions ont lieu à 0,2 mm. C’est précisément le cas de Poepoly qui explique que ses 1200 mm/s sont obtenus avec des couches de 0,1 mm.
Pour autant, la Magneto X reste tout de même incroyablement rapide, puisqu’avec des couches standards de 0,2 mm elle parvient à atteindre la vitesse de 800 mm/s. Ce qui est bien plus que les machines les plus rapides du marché (entre 500 et 600 mm/s) dont les vitesses sont calculées sur des couches de 0.1 mm.
« Gardez à l’esprit que la vitesse maximale ne permettra pas d’obtenir des impressions parfaites, mais qu’elles seront acceptables, en particulier pour les gros travaux »
Lorsque j’ai voulu en savoir plus sur les conditions exactes d’impression permettant à Peopoly de revendiquer cettte vitesse, le fabricant m’a expliqué : « Le Magneto X peut atteindre jusqu’à 800 mm/s tout en conservant sa précision, grâce à sa force linéaire et à sa précision. Cette vitesse est atteinte avec une buse de 0,4 mm pour une hauteur de couche de 0,2 mm, en utilisant la Long melt zone de Lancer et un PLA à haut débit. Gardez à l’esprit que la vitesse maximale ne permettra pas d’obtenir des impressions parfaites, mais qu’elles seront acceptables, en particulier pour les gros travaux. Le type de matériau influe également sur la vitesse optimale ; le TPU et le PA-CF, par exemple, s’impriment mieux à des vitesses plus lentes. »
La clarification étant faite, la question est de savoir comment ce fabricant parvient à de telles performances, à fortiori sur le plan mécanique. Si le fabricant chinois reprend certaines des recettes bien connues de ses concurrents, tels qu’un guidage linéaire sur rail, un châssis plus rigide et un firmware Klipper, son innovation réside dans l’utilisation d’un système par lévitation magnétique.
L’inspiration serait venue des Maglev (contraction de « magnétique » et « lévitation »), ces trains qui utilisent la sustentation magnétique pour se déplacer. Une lévitation rendue possible par la répulsion magnétique s’opérant entre le train et les rails. Dans ce système, les rails, également appelés rails de guidage, intègrent deux ensembles de bobines métalliques interconnectées disposées en forme de « huit », créant ainsi des électroaimants. Le train lui-même est équipé d’électroaimants supraconducteurs, connus sous le nom de bogies. Cette configuration permet au train de léviter au-dessus des rails sans contact physique, ce qui permet des déplacements à la fois rapides et en douceur.
Le système développé par Peopoly est en quelque sorte une version miniaturisée de cette approche. Le fabricant est parvenu à appliquer cette technique par lévitation magnétique sur les axes X et Y de son imprimante, permettant ainsi de limiter grandement les sources de frottement que représentent habituellement les courroies et les roulements sur les systèmes traditionnels. Dans le même temps, cela permet de réduire aussi les contraintes liées à l’usure du matériel et son entretien pour l’utilisateur. Grâce à ce procédé, la Magneto X serait en mesure d’effectuer des accélérations jusqu’à 22 000 mm/s².
Bien évidemment, pour imprimer rapidement, la vitesse de déplacement ne suffit pas à elle seule. Le système d’extrusion doit aussi être en mesure de pouvoir suivre cette capacité avec des corps chauffants adaptés à de grands débits de matière. C’est pourquoi Leopoly a développé « Lancer », une extrudeuse disposant d’une grande force d’extrusion de 90 Newtons. Avec son débit maximum de 60 mm3/s, cette extrudeuse armée d’une buse E3D V6 pouvant atteindre les 300 °C, permettrait des impressions rapides tout en préservant la qualité.
Ayant décidément tout pour plaire, la Magneto X offre également un généreux volume de fabrication de 400 x 300 x 300 mm. On note enfin la présence d’un plateau chauffant (130 °C) combiné à une plaque flexible PEI pour un retrait plus facile des objets imprimés, ainsi qu’une caméra 1080 P pour surveiller ses impressions.
En attendant de voir comment les performances annoncées sur la papier vont se confirmer dans le réel (une vidéo avec test Benchy aurait été la bienvenue), il est d’ores et déjà possible de précommander la Magneto X pour 1399 $ HT (bobine de 500 g inclue) et 25 $ d’expédition pour la France. Peopoly indique que l’imprimante est « très proche d’être entièrement assemblée. Vous n’aurez pas besoin de mettre plus de 10 vis pour la plate-forme de construction et le panneau et de connecter un câble ou deux. »
Le fabricant annonce les premières expéditions pour la mi-novembre et un prix public de 1999 $ HT. Plusieurs options sont disponibles, dont un caisson vendu à partir de 69, 99 $ HT. Interrogé par PRIMANTE3D sur les potentielles interférences liées à la présence d’aimants, Peopoly indique qu’il y a effectivement un risque de d’endommagement de l’équipement électronique à moins de 5 cm du moteur. Pour votre sécurité et celle de votre appareil, il est donc recommandé de maintenir une distance de sécurité d’au moins 10 cm. « Il est particulièrement important pour les personnes équipés de dispositifs cardiaques de ne pas s’approcher à moins d’un mètre de l’appareil. Ceci pour des raisons de santé et de sécurité. » précise le fabricant.
