En attendant que des aliments imprimés en 3D ne s’invitent un jour dans nos assiettes, du moins dans nos repas du quotidien, l’impact de cette technologie dans le secteur agro-alimentaire se situe bien ailleurs. Les acteurs de cette industrie tirent essentiellement profit de la fabrication additive à des fins de prototypage ou comme support à la production. Et cela ne date pas d’aujourd’hui. Il y a 8 ans déjà, Primante3D vous racontait comment une société tarnaise du nom de BENNE, utilisait l’impression 3D pour imprimer toutes sortes de pièces finies pour ses convoyeurs.
Au fil des années, les progrès réalisés par les fabricants de machines et matériaux ont permis de mieux répondre aux besoins du marché de la fabrication additive alimentaire. L’un des principaux défis étant de pouvoir produire des pièces finales certifiées contact alimentaire. L’expiration successives des brevets fondateurs de l’impression 3D SLS, a été particulièrement salutaire de ce point là ; donnant lieux à de nombreux applicatifs industriels.
Le dernier cas particulièrement intéressant nous est rapporté par l’Institut technologique danois. Auteur de nombreux travaux sur la fabrication additive, ses équipes ont développé une poudre d’impression 3D en nylon de couleur bleue. Par sa couleur et sa certification alimentaire, ce matériau dédié aux systèmes de frittage de poudre, permet d’identifier visuellement et rapidement tout corps étrangers sur les lignes de production. L’objectif étant que des fragments de plastiques contenus dans les aliments par exemple, puissent être facilement détectés.
« La combinaison de ce nouveau matériau passionnant et de la liberté de conception de l’impression 3D est quelque chose de très spécial et attrayant pour l’industrie alimentaire »
Pour autant, le fait que cette poudre SLS soit bleue dans la masse, n’est pas une première. Depuis presque deux ans déjà, le français Fabulous propose une poudre additive similaire appelée BLUECARE. L’innovation revendiquée par l’institut danois se situerait en réalité dans sa capacité à pouvoir être reconnue par des détecteurs de métaux. Pour renforcer encore davantage la sécurité alimentaire, ses équipes ont formulé son matériau en lui ajoutant de la poudre métallique. Le résultat est que des petits grains d’une taille inférieure à 1×1 mm peuvent être décelés par un détecteur de métaux ou à un scanner à rayons X. Là encore, depuis 2021 Fabulous propose une poudre de PA11 appelée « DETECT« , dotée de capacités similaires.
« L’ajout de la couleur bleue au nylon détectable par les métaux donne la valeur ajoutée que les clients peuvent facilement voir visuellement. » Explique Morten Lisberg Jørgensen de l’Institut technologique danois. »Vous avez souvent des lignes dans une production où il n’y a pas de détecteur de métaux, et il est alors logique que les pièces imprimées en 3D soient bleues, de sorte qu’il est plus facile de voir dans les aliments si de petits morceaux se détachent. »
L’impression 3D apporte aussi des avantages sur la plan hygiénique. Sa complexité de forme et sa grande liberté de conception, permettent d’imprimer des pièces d’un seul tenant, et presque sans joints. Ce qui signifie qu’il y a moins d’endroits où les bactéries peuvent se loger, et qu’il est plus facile de les nettoyer. Pour contrer la porosité qui caractérise les pièces imprimées par frittage laser, l’Institut technologique danois précise qu’un traitement dit 3S (Super Smooth Surface) est également appliqué sur celles-ci. Il permet de sceller leur surface et de les rendre résistantes à l’eau. Les pièces sont également plus faciles à nettoyer.
« La combinaison de ce nouveau matériau passionnant et de la liberté de conception de l’impression 3D est quelque chose de très spécial et attrayant pour l’industrie alimentaire. » Conclut Morten Lisberg Jørgens.