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L’Université de Newcastle imprime en 3D avec succès les premières cornées humaines

la première cornée humaine fabriquée par impression 3D

Des montures aux verres de lunettes, l’industrie de l’optique a compris les avantages qu’il pouvait tirer de l’impression 3D, notamment en terme de personnalisation. Plusieurs grandes marques de lunetterie l’utilisent déjà.

En se rendant dans les magasins des opticiens Lissac par exemple, il est possible de créer son propre modèle de lunettes grâce à l’impression 3D. Des start-up innovantes se sont également lancées sur ce créneau, dont la jeune pousse néerlandaise Luxexcel qui a développé une technologie d’impression 3D pour la production de verres et de composants optiques.

La bioimpression ou bioprinting, qui consiste à produire des tissus biologiques par impression 3D, est sûrement l’une des plus belles promesses dans ce domaine. Ce segment a considérablement évolué ces dernières années. A l’image du champion français Poetis qui annonçait en début d’année la première commercialisation d’un tissu de peau humaine, les progrès sont réels et les applications futures vertigineuses.

Alors que de plus en plus de chercheurs dans le monde se mobilisent sur le biopritining, l’Université britannique de Newcastle annonce avoir imprimé avec succès les premières cornées humaines en 3D.

« un matériau suffisamment rigide pour maintenir sa forme mais suffisamment souple pour être évincé de la buse d’une imprimante 3D »

L’équipe de chercheurs révèle avoir mélangé des cellules souches d’une cornée donneuse saine avec de l’alginate et du collagène pour créer une « bio-encre » imprimable en 3D. Selon un article publié dans Experimental Eye Research, une bioimprimante 3D simple et bon marché aurait été utilisée pour extruder la solution en cercles concentriques et former ainsi une cornée humaine en moins de 10 minutes. Les cellules souches entrent ensuite dans une phase de maturation, se multipliant et détruisant la structure pour finalement la remplacer.

« Notre gel unique – une combinaison d’alginate et de collagène – maintient les cellules souches vivantes tout en produisant un matériau suffisamment rigide pour maintenir sa forme mais suffisamment souple pour être évincé de la buse d’une imprimante 3D. », a déclaré Che Connon, Professeur de génie tissulaire à l’Université de Newcastle, qui a dirigé le travail.

En terme de médecine individualisée, les bénéfices pourraient être considérables pour le patient. L’équipe imagine en effet la possibilité de construire une cornée sur-mesure reprenant parfaitement les caractéristiques uniques du patient en scannant son œil. Les données récoltées permettraient ainsi d’imprimer rapidement une cornée qui correspondrait exactement à la taille et la forme de l’oeil.

Rappelons que la cornée joue un rôle très important dans le vision. Partie antérieure transparente du globe oculaire, cet élément réfractif de l’oeil permet en effet de transmettre la lumière au cristallin et à la rétine. On estime à environ à 10 millions dans le monde, le nombre de personnes atteintes de maladies infectieuses de la cornée ou de troubles oculaires. 5 millions d’entre elles souffriraient de cécité totale causée par une maladie ou un accident.

Selon Che Connon il faudra encore plusieurs années de tests avant que ces cornées imprimées en 3D puissent un jour être greffées sur l’être humain. Le professeur affirme néanmoins que cette approche à le potentiel de combattre la pénurie mondiale de greffon de cornées. Du fait leur non-qualification par les banques de cornées, 50 % des cornées prélevées ne peuvent être greffées.

Alexandre Moussion