Ce qui pouvait prêter à sourire il y a encore quelques années, devient de plus en plus concret. Connu comme l’un des champions de l’impression 3D béton à grande échelle, l’américain Icon a révélé cette semaine la signature d’un juteux contrat de près de 57,2 millions de dollars avec la célèbre NASA.
Une somme à la hauteur de l’enjeu, puisque l’agence spatiale américaine n’a ni plus ni moins l’ambition que de développer des technologies pour construire des infrastructures directement sur la lune. Les partenaires évoquent déjà la construction d’habitats, mais aussi d’aires d’atterrissage, et même de routes.
Pour Icon, cette collaboration apparaît comme un point d’orgue de son développement, celle-ci ayant connu une année particulièrement riche en événements. Rappelons que plus tôt cette année, l’entreprise texane avait bouclé un énième tour de table à 185 millions de dollars, portant ainsi son financement total à 451 millions de dollars. Plus récemment, la société a également débuté un nouveau projet pharaonique portant sur la construction de 100 maisons dans un quartier près d’Austin, au Texas.
Parmi les nombreux enjeux de la conquête spatiale, il y a on le sait celui de l’épineux problème de l’approvisionnement. Pour n’importe quelle société du spatial, il a toujours été clair qu’envoyer un objet dans l’espace était beaucoup plus coûteux que si elle pouvait le fabriquer directement sur place. Selon le lanceur et ce qu’on veut y envoyer, le prix du kilo mis en orbite peut varier de 1 500 à 10 000 $. C’est la raison pour laquelle, très tôt la NASA a mené des expérimentation en envoyant des imprimantes 3D de bureau dans l’ISS. L’objectif étant de résoudre les problématiques liées à l’apesanteur pour permettre ses astronautes d’imprimer à la demande. Qu’ils s’agissent aussi bien d’outils que de pièces de réparation.
« une fois que vous avez un système qui utilise des matériaux locaux, vous êtes probablement deux ou trois ordres de grandeur moins cher pour construire une présence lunaire permanente »
Pour la NASA, l’impression 3D béton est la technologie qui offre les meilleures réponses aux problématiques soulevées par son programme « Artemis », une mission spatiale habitée dont l’objectif est d’amener un équipage sur le sol lunaire d’ici 2025. Il va de soi que pour établir une présence permanente sur notre satellite naturel, les astronautes devront y construire les infrastructures nécessaires. Inutile de préciser qu’envoyer un vaisseau spatial rempli de matériaux de construction n’aurait aucun sens. L’idée de longue date émise par la NASA, serait donc de construire des structures in situ à partir de matériaux locaux. Le candidat idéal pour remplir cette mission serait la régolithe, une poudre de roche très fine que l’on trouve quasiment partout à la surface de la Lune.
Pour ce faire, plusieurs méthodes sont envisagées par les deux partenaires. L’une d’entre elle consisterait à faire fondre le régolithe à des températures élevées – ce qui pourrait donc suggérer l’utilisation d’un laser – et un autre qui reposerait sur l’utilisation d’un liant emmené sur la lune pour imprimer selon la même technique par extrusion utilisée par Icon sur Terre. Une illustration publiée par la NASA révèle néanmoins l’utilisation d’un autre type de machine qu’elle a baptisée Olympus. Plutôt qu’un système cartésien, on y voit ce qui ressemble à une imprimante mobile à grue hydraulique. Une approche qui n’est pas sans rappeler la technologie développée par la start-up française Constructions 3D.
« Si vous avez essayé de planifier une colonie lunaire ou une base lunaire et que vous deviez tout emporter avec vous, chaque fois que vous vouliez construire une nouvelle chose, c’est comme 100 millions de dollars supplémentaires« , a déclaré Ballard. « Mais une fois que vous avez un système qui peut construire presque n’importe quoi – aires d’atterrissage, routes, habitats – et qu’il utilise des matériaux locaux, vous êtes probablement deux ou trois ordres de grandeur moins cher pour construire une présence lunaire permanente que vous ne le seriez dans n’importe quel une autre façon à laquelle nous pouvons penser. »
Ce nouveau contrat avec la NASA serait en fait la continuation d’un contrat préétabli avec l’US Air Force, déjà partiellement financé par la NASA. Courant jusqu’en 2028 celui prévoit une démonstration à la surface de la Lune en 2026.
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