Créée sous le nom d’AFPR (Association Française de Prototypage Rapide) il y a 28 ans, la structure française de référence de l’impression 3D entame une nouvelle ère sous l’appellation de « France Additive ». Plus qu’un symbole, ce changement d’image traduit l’évolution d’une technologie qui a dépassé le stade du prototypage pour de plus en plus s’installer comme une solution de production. L’une des premières initiatives de l’association pour faire rayonner l’impression 3D en France, est le lancement d’une « Fête de l’impression 3D » qui se tiendra le 3 décembre prochain. Pour en savoir plus sur cet évènement et les nouvelles missions de France Additive, Primante3D a interrogé son président Christophe Eschenbrenner.
« Notre association est assez unique car elle regroupe des acteurs de chaque maillon de la chaine de valeur de la fabrication additive en France »
Bonjour Christophe, comment devient-on le Président de France Additive ? Racontez-nous un peu votre parcours.
Bonjour et merci pour votre intérêt pour les activités de notre association. Pour répondre directement à votre question, je pense que c’est essentiellement le fruit de rencontres, une envie de poursuivre ensemble un projet au service de l’économie de notre pays.
Ensuite les rôles se sont répartis dans l’équipe, chacun œuvrant bénévolement en sus de son métier. Neutre et sans but lucratif, nous n’en restons pas moins une association professionnelle: si la filière Impression 3D se développe, c’est bon pour la France, c’est bon pour nos organismes/entreprises et donc à fortiori bon pour nous.
Agé de 50 ans, formé au management par Néoma Business School, puis à l’innovation par un programme Centrale Essec, j’ai toujours travaillé dans le domaine des nouvelles technologies au sein de grands groupes industriels (EADS devenu Airbus, Alstom) et d’éditeurs de logiciels (SAP, Dassault Systèmes).
J’ai également cofondé puis revendu une start-up dans le domaine des technologies mobiles. Curieux, j’aime valoriser le travail des chercheurs et ingénieurs sur le champ technique, tout en les complétant dans des domaines de valeurs complémentaires tels que la supplychain, le marketing, la vente ou la finance.
Vous souvenez-vous de la première fois où vous avez entendu parler d’impression 3D et de votre réaction ?
En charge de l’e-commerce pour les pièces détachées chez Alstom Transport, je cherchais des solutions agiles pour résoudre des problèmes d’obsolescence ou de stocks. Un collègue, Félix Woutz, était en veille sur le sujet et m’a partagé ses connaissances.
Avec le support de mon manager, Annie Saillard, j’ai alors investigué, mobilisé des ressources, identifié des talents puis lancé un programme de R&D sur plusieurs années: montée en compétences, qualification des matériaux, validation des process et dissémination des savoirs dans les différents métiers et sites industriels.
C’est génial, le rêve est devenu réalité: les démarches initiales ont été transformées par mon successeur, Aurélien Fussel. Aujourd’hui, des pièces imprimées circulent dans des trains, des métros et des tramways !
« la référence au prototypage rapide était devenue un peu obsolète et nos adhérents ne s’y reconnaissaient plus »
Association créée il y a déjà 28 ans (l’Association Française de Prototypage Rapide), a récemment changé d’identité pour devenir « France Additive ». Qu’est-ce qui a motivé cette décision et les changements qui l’accompagnent ?
AFPR était une marque connue et reconnue tant en France qu’à l’international. Néanmoins, la référence au prototypage rapide était devenue un peu obsolète et nos adhérents ne s’y reconnaissaient plus. De plus, le renouvellement partiel du bureau nous a amené à repositionner les activités pour englober l’approche 360° que nous souhaitons.
Le nouveau nom hérite du travail mené depuis 28 ans mais incarne une nouvelle dimension et une projection vers l’avenir :
• Ancrer l’association dans la fabrication additive – France, Francophonie en priorité
• Faire le lien avec l’impression 3D: professionnels, grand public, médias, politiques
• Continuité AFPR par le jeu de couleur vert/noir
• S’inscrire dans le développement durable
Quels seront les premiers chantiers qui accompagneront cette renaissance dans les prochains mois ?
Nous avons profité du 1er confinement pour faire le lien entre l’équipe précédente et les nouveaux membres du bureau. Puis nous avons refondu les statuts et déplacer notre domiciliation : nous sommes maintenant installés dans la 1 ère usine mobile de fabrication additive brevetée au monde, située au CESI à Nanterre. Ensuite, nous avons mis en place une plateforme digitale pour établir une communauté et lui donner les moyens de construire de la valeur : de la veille ciblée, des groupes de travail par domaines ou métiers.
Nous proposons ainsi des groupes d’échanges très variés : des clubs utilisateurs machines, la maintenance, le club des dirigeants, le secteur médical, les post-traitements, les doctorants … Enfin, nous avons lancé un appel à nouveaux adhérents, qui connait un franc succès !
« donner à nos adhérents les moyens de travailler ensemble et à rendre visible les actions de la filière »
Pourriez-vous nous présentez quelques-uns de vos membres historiques et nouveaux, et nous donner des exemples concrets de collaborations ?
Notre association est assez unique car elle regroupe des acteurs de chaque maillon de la chaine de valeur de la fabrication additive en France : des centres de recherche, des académiques, des fabricants de machine, des éditeurs de logiciels, des fournisseurs de matériaux, des sociétés de service, des fabricants de pièces et des utilisateurs finaux.
Difficile voir impossible pour moi de faire un choix. Je préfère donc être exhaustif ! 28 adhérents « historiques » nous ont permis ce nouvel élan : ADDUP, AFS, ARS MATHEMATICA, AUDEMARS PIGUET, BEAM, CESI, CENTRALE NANTES, CIRTES, CMAP POLYTECHNIQUE, CNRS LIMSI, CTIF, CTTM, DASSAULT SYSTEMES, ENISE, FAB ADD ACADEMIE, FUTUR FAB, HP, INITIAL, INSTITUT JEAN LAMOUR, IREPA LASER, LNE, MULTISTATION, NAVAL GROUP, POSTPROCESS, PRODWAYS, S.MART, UTBM, VOLUM’E
En un peu plus d’un mois, ce sont 33 entités qui ont répondu à notre appel et qui ont rejoint l’association : 3D MEDICAL/3D PRINT, 3D METAL PRINT, 3DYO, 3YOURMIND, AFPA, AFPMA/UIMM AIN, ALSTOM, ARCELOR MITTAL, ARMOR GROUP/KIMYA, BASF, BOOMERANG 33, CEA, CTTM, DEDIENNE MULTIPLASTURGY, DESKTOP METAL, EMOTION TECH, ENSIACET/INP TOULOUSE, ERPRO, F3DF, HUTCHINSON, JANUS ENGINEERING, LYNXTER, MASSIV IT, MEDULL’R, NIMESYS, LA PATISSERIE NUMERIQUE, PLATINIUM 3D, SCULPTEO, SNCF, THALES, INSETT/UNIVERSITE DE PICARDIE, UIMM CHAMPAGNE ARDENNES, VISTORY.
L’action de notre bureau consiste maintenant à encourager les rencontres, à donner à nos adhérents les moyens de travailler ensemble et à rendre visible les actions de la filière. Une première belle concrétisation est le lancement du système international de qualification de personnel en Fabrication additive en France. Nos communautés digitales démarrent, par exemple celle des post-traitements animée par Alain Marion : dissémination de savoirs par un expert, engagement de discussions sur la prise en compte des post-traitement dans les cursus de formation, découverte des possibilités d’automatisation et d’optimisation par la data.
« la France sait aller vite et rattraper son retard lorsque tous les voyants sont au vert »
Comment expliquer que la fabrication additive soit encore aujourd’hui si peu intégrée dans les programmes industriels nationaux ? Peut-on déjà faire un parallèle avec le retard pris par la France en terme de robotisation ?
A mon sens, la France est la championne du monde des TRL 1 et 9 : nous avons des laboratoires de recherche de pointe avec le CNRS, le CEA, les Universités et Grandes Ecoles, … et faisons partie des leaders en termes d’usages, avec des précurseurs dans l’aéronautique, le naval, l’énergie, le ferroviaire, le packaging, l’automobile, le médical ou la construction. En revanche, nous sommes sur des temps de cycles trop long pour passer des TRL 2 à 8.
Des raisons multiples, mais notamment un manque de programmes nationaux structurants, une dissémination des efforts conduisant à des travaux redondants, une résistance au changement du côté des bureaux d’études et des acheteurs, une timidité en termes d’investissement des offreurs spécialisés face à des ventes qui peinent à décoller.
Ce n’est pas perdu pour autant : la France sait aller vite et rattraper son retard lorsque tous les voyants sont au vert. Il me semble que nous entrons dans cette phase. Pour être plus dans la lumière, nous cherchons à sortir du « fourre-tout » industrie 4.0 et nous affirmer en tant que filière, créatrice de valeur sur le marché français et à l’export.
À l’occasion de la journée internationale de l’impression 3D le 3 décembre prochain, France Additive organisera une fête de l’impression 3D. En quoi consistera t-elle ?
Le principe est simple : le 03 décembre prochain, partagez sur les réseaux sociaux votre impression 3D favorite, avec le hashtag #feteimpression3D ! Cela peut être par exemple une impression 3D dont vous êtes fiers, qui vous a étonné ou qui a été un défi pour vous. Cette fête s’adresse à tous les utilisateurs d’impression 3D !
Que vous soyez professionnel ou particulier, expert ou débutant, vous êtes invités à participer. Pour faciliter la vie et à utiliser sans obligation, France Additive propose un kit digital « Fête de l’impression 3D » prêt à être personnalisé : https://franceadditive.tech/fete-impression-3d/
« J’espère que nos champions nationaux sauront cette fois aller plus vite que ceux des USA ou de la Chine ! »
En considérant l’évolution de l’impression 3D, quelle pourrait être l’identité France Additive dans 10 ans ?
Si nous existons toujours dans 10 ans, ce sera la preuve que nous aurons atteint notre objectif numéro 1 : créer de la valeur pour nos adhérents ! Le renouvellement des adhésions est en effet le thermomètre de toute association.
Notre 2d objectif est le développement de la filière : makers et industriels auront renforcés leurs liens, elle représentera probablement 1000 organismes ou entreprises de tailles diverses pour 100.000 emplois distribués dans les territoires. Outre la création de richesse locale, ce développement aura un impact durable en favorisant une industrie frugale en matériaux et empreinte carbone pour la logistique.
Le développement ne se limitera pas à l’industrie : des imprimantes 3D design couplées à des services de nouvelle génération s’implanteront chez les professionnels, dans des ateliers de proximité et chez les particuliers (ça ne vous rappelle pas un certain smartphone qui a révolutionné notre vie…). Elles seront en réseaux et les flux seront gérés par des plateformes digitales, mettant en relation concepteurs, industriels, fournisseurs de matériaux additifs divers et utilisateurs finaux. La France mène déjà plusieurs projets dans ce domaine (Seb, Decathlon, Leroy-Merlin, Dassault Systèmes, Réseau des fablabs…), dispose de start-up innovantes (Kimya, AddUp, Volumic, Lynxter, EMotionTech, La Patisserie Numérique, Bone 3D, Constructions-3D…).
J’espère que nos champions nationaux sauront cette fois aller plus vite que ceux des USA ou de la Chine ! Ou tout au moins que ceux-ci opteront pour #ChooseFrance afin de localiser leurs activités en Europe… Nous avons la chance d’être un pays attractif, n’ayons pas peur d’ouvrir nos frontières, ces entreprises concourent aussi à nos programmes de recherche et à nos exportations à l’instar de HP, BASF ou PostProcess par exemple.
Pour accompagner ces mutations et cette hyper croissance dans un contexte de concurrence internationale exacerbée et de transformation digitale, la filière française aura besoin d’être forte. Notre association ne peut porter seule une telle ambition : nous invitons ainsi les autorités et partenaires à fonder avec nous l’Institut Français de la Fabrication Additive. A suivre… Pour tout contact / adhésion à notre association : contact@franceadditive.tech ou visitez notre site https://franceadditive.tech/.