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Retour du Forum France Additive à Strasbourg du 1er au 3 juillet / Interview

L"une des machines équipant le nouveau campus de Safran : L'imprimante 3D métallique multi-laser Renishaw RenAM 500Q

L’une des machines équipant le campus de Safran dédié à la fabrication additive (crédits photo : Safran)

Du 1er au 3 juillet prochain, le Forum France Additive posera ses valises à Illkirch-Graffenstaden, à Strasbourg, pour une nouvelle édition placée sous le signe de l’innovation et de l’échange. Organisé par l’association du même nom en charge de fédérer la filière d’impression 3D française, l’événement rassemblera l’ensemble des acteurs de la fabrication additive : industriels, chercheurs, fournisseurs et utilisateurs. Un rendez-vous incontournable pour échanger sur les enjeux actuels du secteur et explorer les dernières technologies. Riche en conférences, l’édition 2025 sera également l’occasion de mettre à l’honneur le Québec, territoire reconnu pour ses avancées en impression 3D. Pour vous faire découvrir cet événement, j’ai interviewé la Déléguée Générale de France Additive, Tiphaine Baur.

« Les 11 plénières et 120 présentations promettent un programme riche et varié qui couvre tous les aspects de la fabrication additive »

Tiphaine Baur

Tiphaine Baur

Bonjour Tiphaine, pourrais-tu te présenter et nous raconter les circonstances qui t’ont amené à rejoindre France Additive ?

Bonjour, je m’appelle Tiphaine Baur, je suis ingénieur Recherche et Innovation à CESI Ecole d’ingénieurs et je suis en charge des partenariats industriels. Depuis trois ans, en tant que Déléguée Générale de France Additive, je m’investis pleinement aux côtés des acteurs de l’impression 3D pour faire avancer cette filière stratégique.

J’ai rejoint France Additive avec la conviction que la fabrication additive représente un levier majeur pour la transformation industrielle, l’innovation durable et la relocalisation. Ce qui m’a motivée à intégrer l’association, c’est à la fois l’engagement de ses membres, la richesse de l’écosystème et le besoin croissant de coordination pour accélérer l’adoption de ces technologies en France.

« Le nom « France Additive » reflète cette maturité, mais aussi notre volonté de fédérer l’ensemble des acteurs de la filière autour d’une ambition nationale »

Créée il y a 33 ans sous le nom d’Association Française de Prototypage Rapide, cette organisation a changé d’identité en 2020 pour devenir France Additive. Que symbolise ce changement de nom ? Que reflète-t-il de l’évolution de votre mission et de cette technologie ?

Logo de l'association France Additive

Logo de l’association France Additive

Ce changement de nom traduit une transformation profonde. À l’origine, le « prototypage rapide » était le principal usage de l’impression 3D. Mais aujourd’hui, la fabrication additive est bien plus qu’un outil de prototypage : elle est devenue une technologie de production à part entière, aux applications industrielles, médicales ou encore aérospatiales.

Le nom « France Additive » reflète cette maturité, mais aussi notre volonté de fédérer l’ensemble des acteurs de la filière autour d’une ambition nationale, avec un impact concret sur l’économie réelle.

De la sortie du Covid jusqu’à aujourd’hui, quelles sont les tendances observées par France Additive et les actions/chantiers menés pour diffuser cette technologie et accélérer son adoption ?

Les WorldSkills, une compétition mondiale des métiers où la fabrication additive a fait son entrée en 2024. 

Les WorldSkills, une compétition mondiale des métiers où la fabrication additive a fait son entrée en 2024.

Depuis la crise sanitaire, on observe un intérêt croissant pour la résilience industrielle et la relocalisation. La fabrication additive, avec sa capacité à produire à la demande, localement et en petite série, répond parfaitement à ces enjeux. France Additive a renforcé son rôle d’animation de l’écosystème, en développant des groupes de travail thématiques, en contribuant à des feuilles de route nationales, et en favorisant les synergies entre industriels, laboratoires et institutions.

France Additive mène de nombreuses actions pour promouvoir la fabrication additive auprès de tous les publics. L’association participe à des événements comme Polytech 3D Tours, accompagne l’équipe française des WorldSkills, anime chaque année la Journée impression 3D (le 3 décembre), et contribue à l’élaboration de politiques publiques, notamment sur l’impression 3D de pièces détachées (loi Industrie Verte). Elle vise à diffuser cette technologie dans tous les secteurs industriels, sans exclusion, via des actions concrètes : parcours de découverte sur les salons et publications (cartographie des formations en libre accès).

« Nous plaidons pour une approche plus transversale, qui intègre l’additif non pas comme un secteur à part »

Il y a 5 ans, j’interpellais le président de France Additive, Christophe Eschenbrenner, sur le fait que la fabrication additive soit encore si peu intégrée dans les programmes industriels nationaux. Qu’en est-il aujourd’hui ?

Des avancées significatives ont eu lieu, mais il reste encore du chemin à parcourir. La fabrication additive est désormais mentionnée dans plusieurs programmes stratégiques, comme France 2030, et des appels à projets dédiés ont été lancés. Toutefois, son intégration reste encore trop souvent marginale.

Nous plaidons pour une approche plus transversale, qui intègre l’additif non pas comme un secteur à part, mais comme un catalyseur d’innovation dans tous les domaines industriels. Le dialogue avec les pouvoirs publics est ouvert, et France Additive y joue pleinement son rôle.

Du 1 au 3 juillet prochain se tiendra la nouvelle édition du Forum France Additive. Comment est né cet événement et quels sont ses objectifs ?

Le Forum est né d’un besoin exprimé par les membres de France Additive : celui de se retrouver régulièrement pour partager, collaborer, et faire rayonner l’écosystème. C’est un événement fédérateur, à la fois technique, stratégique et convivial. Le forum permet de découvrir les avancées scientifiques et technologiques avec des conférences d’experts nationaux et internationaux.

« Nous avons plus d’une centaine d’intervenants issus de secteurs variés : industriels de tous secteurs, start-ups, laboratoires et acteurs publics »

Que peux-tu nous dire sur le vaste programme de cette édition 2025 et ses nombreux participants ?

L’édition 2025 s’annonce particulièrement riche. Nous avons plus d’une centaine d’intervenants issus de secteurs variés : industriels de tous secteurs, start-ups, laboratoires et acteurs publics. Les 11 plénières et 120 présentations promettent un programme riche et varié qui couvre tous les aspects de la fabrication additive. Et bien sûr des temps d’échange informels rythmeront ces trois jours.

Le Québec, avec qui France Additive a noué un partenariat, sera mis à l’honneur lors de cette édition et nous avons le plaisir d’accueillir une délégation québécoise. Nous organisons également des visites d’entreprises, cette année les participants auront l’opportunité de visiter Fabéon, Lines Manufacturing, IREPA Laser et AMFREE. Pour le côté convivial, nous organisons une soirée networking dans un domaine viticole alsacien au cœur des vignes autour d’un apéritif chaleureux et d’un buffet de produits locaux. Le Forum France Additive, c’est aussi cela : échanger et réseauter le tout dans une atmosphère festive et détendue.

« France Additive dévoilera un rapport inédit consacré aux enjeux stratégiques et sécuritaires de la fabrication additive »

Pour finir, que faut-il savoir pour participer à cette nouvelle édition ?

Le Forum France additive est une occasion unique de faire un tour d’horizon complet des usages et des perspectives, de rencontrer des experts du domaine dans un cadre convivial et chaleureux.

Lors du Forum, France Additive dévoilera un rapport inédit consacré aux enjeux stratégiques et sécuritaires de la fabrication additive. Intitulé « La Fabrication Additive : Panorama sur les Enjeux de Prolifération, de Dissémination et de Souveraineté », ce document, élaboré à la demande des pouvoirs publics, propose une lecture inédite et experte des impacts de cette technologie sur la sécurité nationale et la souveraineté industrielle.

Alexandre Moussion