Sans l’ombre d’un doute, l’impression 3D a la capacité de solutionner une bonne partie des problématiques liées au stockage physique des pièces de rechange et leurs difficultés d’approvisionnement. Conditionnée par l’utilisation d’un modèle 3D, cette technologie ouvre en effet des perspectives passionnantes pour les entreprises. La possibilité pour elles d’imprimer leurs pièces détachées à la demande, tout en dématérialisant une partie de leurs coûteux et encombrants stocks physiques, est la promesse de gains de temps, d’argent et d’espace jamais vus dans l’industrie.
L’une des difficultés à créer des bibliothèques de modèles 3D, réside néanmoins dans l’identification des pièces imprimables en 3D, à laquelle il faut ajouter le laborieux processus de numérisation et de conception. La bonne nouvelle est que Spare Parts 3D, une start-up française de logiciels, est parvenue à résoudre cette problématique. D’origine toulousaine, cette entreprise basée en France et implantée à Singapour, a récemment annoncé le lancement d’un programme bêta de Théia, un outil numérique « révolutionnaire » capable de créer automatiquement des modèles 3D à partir de dessins techniques 2D.
« Theia est une première mondiale. Cette innovation de rupture acte un saut technologique majeur qui rend possible la digitalisation des chaines d’approvisionnement à grande échelle pour des secteurs tels que l’énergie, la défense, la pétrochimie, le ferroviaire, le maritime ou encore l’industrie minière, là où les besoins de pièces détachées sont considérables. » Commente Paul Guillaumot, fondateur et PDG de Spare Parts 3D.
Soutenue par Nexter et financé par l’Agence de l’innovation et de défense, Spare Parts 3D est engagée depuis deux ans sur ce projet avec LURPA, le Laboratoire universitaire de recherche en production automatisée, et l’université Paris-Saclay. S’appuyant sur plusieurs technologies, comme les réseaux de neurones, l’apprentissage profond ou encore la modélisation géométrique, Théia est capable de transformer un dessin technique 2D en un modèle de pièce tridimensionnel, tout en créant son jumeau digital.
« Théia répond à deux enjeux majeurs : d’une part, lire, comprendre et interpréter les informations présentes sur le dessin, et d’autre part, obtenir une forme 3D à partir de sa représentation sur des plans 2D, tout en respectant les spécifications géométriques et dimensionnelles de l’objet d’origine. », indique le Professeur Nabil Anwer, Professeur à l’Université Paris-Saclay et Directeur adjoint du LURPA.
« Grâce au catalogue numérique et à la fabrication additive, l’obsolescence des stocks n’existe plus »
Jusqu’à présent, les clients industriels de Spare Parts 3D utilisaient son logiciel DigiPart, un outil basé sur l’IA qui leur permettait de recevoir uniquement la liste des pièces identifiées et les bénéfices potentiels de leurs impressions 3D. Avec Théia, ils seront désormais en mesure d’identifier et cartographier leurs pièces imprimables en 3D. Après quoi, la plateforme pourra leur recommander quels matériaux et processus d’impression 3D sont optimaux pour chaque pièce. Sur la base de ces critères, l’utilisateur sera mis en relation avec un service d’impression 3D.
Bien sûr, une telle solution laisse également entrevoir des améliorations spectaculaires sur le plan environnemental, qu’il s’agisse de l’obsolescence des pièces et machines, de la quantité de déchets générés, ainsi que la diminution de la consommation d’énergie. « Grâce au catalogue numérique et à la fabrication additive, l’obsolescence des stocks n’existe plus. » Indique Spart Parts 3D. « La réparabilité des pièces et la durée de vie des machines peut être prolongée autant que souhaité. Un sacré bénéfice pour la planète. »
Spare Parts 3D ajoute que cette avancée devrait démocratiser l’utilisation de la fabrication additive dans la production de pièces de rechange, ce qui aura pour effet de réduire les frais associés à la gestion des stocks physiques. S’appuyant sur une étude 2018 du cabinet Theano Advisors, estimant la valeur de stock mondial des pièces imprimables de 174 milliards $ (160 milliards €), et sur la base d’un coût d’inventaire moyen de 20%, la start-up française estime que Théia pourrait générer des économies annuelles considérables pour les entreprises, soit de l’ordre de 34 milliards de dollars à l’échelle mondiale.
Première étape majeure du programme de R&D, ces premiers résultats obtenus par Spart Parts 3D et ses partenaires, vont donner lieu à de premières publications dès mi-2024. Pour participer à une expérimentation opérationnelle de Theia, la start-up française lance ICI un appel à recrutement de beta testeurs industriels. Ce programme vise à rassembler un échantillon diversifié de dessins techniques dans différents formats de fichiers, normes de conception et industries. En échange de leurs contributions, Spare Parts 3D transformera leurs dessins fournis en modèles reconstruits en 3D.