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JO 2024 : des navettes fluviales imprimées en 3D navigueront sur la Seine

Royal3D a organisé une cérémonie durant laquelle a été présentée la première quille imprimée en 3D du Roboat.

Royal3D a organisé une cérémonie durant laquelle a été présentée la première quille imprimée en 3D du Roboat.(crédits photos : Roboat)

Que ce soit sur terre, dans l’air, l’espace ou avec l’eau, l’impression 3D se montre décidément à l’aise avec tous les éléments. Jusqu’alors plutôt discrète dans le secteur maritime et naval, la fabrication additive commence à s’immiscer dans les pratiques de ses acteurs. Pour les constructeurs de bateaux, l’arrivée de solutions additives très grand format, ainsi que des matériaux adaptés aux contraintes spécifiques de la navigation, est en train de changer la donne.

Désormais il n’est plus uniquement question d’imprimer des maquettes ou de l’outillage, mais des prototypes grandeur nature et de très grandes pièces d’utilisation finale. De l’hélice de Naval Group, à 3Dirigo, le plus grand bateau au monde imprimé en 3D, les constructeurs navals font preuve de plus en plus d’initiatives.

Parmi eux, on trouve Holland Shipyards Group. Groupe néerlandais spécialisé dans la construction navale, cette entreprise ainsi que deux autres acteurs du secteur, Sequana Développement, spécialiste nautique français basé dans les Yvelines, ainsi que Roboat, une start-up issue d’un programme de recherche conjoint entre le Massachusetts Institute of Technology (MIT) et l’Amsterdam Institute for Advanced Metropolitan Solutions (AMS Institute), ont été désignés lauréats d’un appel d’offres national émis par l’établissement public Voies Navigables de France (VNF) pour un projet de bateaux à passager autonomes.

Prévu pour une utilisation lors des Jeux olympiques de 2024 à Paris, ce bateau-bus qui a été retenu parmi trois autres projets, sera donc en partie imprimé en 3D, notamment sa coque, à partir de matériaux recyclés. « La méthode de construction par impression 3D ouvre un nouveau chapitre passionnant dans la construction navale« , s’est réjoui Leendert Hoogendoorn, directeur de Holland Shipyards Group.

« Le transport fluvial offre une opportunité majeure pour répondre au défi climatique et environnemental »

Impression de la quille du Roboat à l'aide d'un système à bras robotique

Impression de la quille du Roboat à l’aide d’un système à bras robotique (crédits photos : Roboat)

Si la France a fait le pari de ce projet, c’est qu’elle s’est fixée l’objectif de faire de cet événement mondial une vitrine du respect de l’environnement et de la lutte contre le dérèglement climatique. Les mobilités alternatives et décarbonées, et en particulier fluviales, sont l’un des axes forts de cette ambition.

« Le transport fluvial offre une opportunité majeure pour répondre au défi climatique et environnemental, en tant qu’alternative au transport routier pour la mobilité des personnes et la logistique des marchandises. » commente VNF dans un communiqué. « En tant qu’opérateur national de l’ambition fluviale, Voies navigables de France (VNF) expérimente, en lien avec les opérateurs de transport, les collectivités territoriales et les industriels, de nouveaux usages de la voie d’eau, tels que la logistique du dernier kilomètre ou encore l’usage de modes de propulsions innovants et décarbonés« .

Appelée Roboat, la navette fluviale développée par le consortium, devrait mesurer 9 x 3,90 m, soit le plus grand bateau autonome imprimé jamais réalisé. Pouvant transporter jusqu’à 35 personnes, le véhicule intégrera une propulsion électrique, ainsi qu’un système d’amarrage automatique. Le bateau sera déployé à l’été 2024 dans un lieu clé encore tenu secret, à proximité des grands événements sportifs. L’idée étant de répondre aux besoins de mobilité des visiteurs et des athlètes d’une manière nouvelle et respectueuse de l’environnement.

Bien sûr le projet Roboat porté par le trio de partenaires, ne part pas de zéro. Voilà maintenant depuis plus de six ans que le MIT et l’AMS Institute travaillent au développement d’une flotte de bateaux autonomes. C’est ainsi qu’en 2021, ces derniers ont fini par mettre à l’eau leur premier Roboat. Une navette entièrement électrique mais plus petite, pouvant embarquer jusqu’à 5 personnes. D’une autonomie de 10 heures, celle-ci fonctionne comme la plupart des véhicules autonomes. Son autonomie est assurée par un système GPS, des capteurs LIDAR, ainsi que plusieurs caméras qui lui offrent une vue à 360 degrés. Un seul opérateur suffirait pourrait surveiller jusqu’à 50 Roboat.

« Avec nos partenaires, nous avons donné le coup d’envoi de cet incroyable processus de production »

Vue intérieure de la navette autonome Roboat

Vue intérieure de la navette autonome Roboat (crédits photo : Roboat)

La quille imprimée en 3D qui équipera le Roboat

Quille imprimée en 3D du Roboat (crédits photos : Roboat)

Si les protagonistes se montrent plutôt discrets quant au procédé d’impression 3D employé, quelques recherches m’ont permis de découvrir qu’il s’agit d’un système de type FFF (dépôt de matière fondue) qui est utilisé pour ce bateau. Les quelques photos qui ont commencé à filtré ici et là, montrent un système d’impression 3D à bras robotique très grand format développé par une entreprise néerlandaise du nom de Bloom Robotics.

Il s’agit très probablement de son AR System Grantry. Alimentée par des granulés, cette imprimante 3D géante qui combine portique et un bras robotisé ABB, dispose d’une enveloppe de fabrication de 12 × 4 × 6 m. Son extrudeur ADE30XL permettrait d’assurer un débit pouvant aller jusqu’à 20 kg/h.

D’autres recherches m’ont permis de découvrir que l’impression était en fait assurée par le service d’impression 3D néerlandais Royal3D. Auteur de nombreuses réalisations 3D grand format, comme des prototypes de coques de bateaux ou des sculptures pour l’événementiel tels qu’un pavillon et un micro géant pour l’Eurovision, ce spécialiste de l’impression 3D grand format renforcée en fibres, a donc été missionné pour imprimer le Roboat. J’apprends par ailleurs qu’il y a deux semaines, Royal3D a organisé une cérémonie durant laquelle a été présentée la première quille imprimée en 3D du Roboat. Comme le veut la coutume, une pièce de monnaie a été placée sous celle-ci. (voir photo ci-dessus)

« Ces derniers jours, un robot a travaillé pour imprimer notre bateau. » a commenté Roboat. « Avec nos partenaires, nous avons donné le coup d’envoi de cet incroyable processus de production par une belle célébration. Comme le veut la tradition, une pièce de monnaie française a été placée dans la quille du bateau. Nous remercions toutes les personnes présentes, notre partenaire SEQUANA DEVELOPPEMENT et tout particulièrement notre partenaire Holland Shipyards Group pour avoir organisé l’événement en collaboration avec l’hôte Royal3D. »

Alexandre Moussion