Si l’utilisation de l’impression 3D pour le prototypage est une pratique bien établie dans l’industrie de la chaussure, mais aussi de manière indirecte avec la production de moules, son utilisation directe pour des produits d’utilisation finale est en revanche plus récente. De Nike à Adidas, ils sont plusieurs grands noms du sport à expérimenter cette nouvelle méthode de fabrication pour proposer aux consommateurs des produits parfaitement adaptées à leur morphologie, et ainsi leur offrir un meilleur niveau de confort et de performance.
Mais il faut savoir qu’en réalité très peu de chaussures sont entièrement imprimées en 3D. Le seul cas connu à ce jour est le fabricant chinois PEAK qui a utilisé des solutions additives (FDM et SLS) pour fabriquer chacun des éléments de sa paire de basket FUTURE FUSION PEAK3D. Le plus souvent l’utilisation de l’impression 3D se cantonne aux semelles intercalaires ou intérieures. L’élément principal de la chaussure appelé « tige », qui correspond à la partie extérieure de la chaussure recouvrant le pied, est fabriquée selon des méthodes de tissage.
C’est pourtant ce qu’est parvenue à faire (cocorico) une start-up française dénommée TwiceTy, qui a développé une chaussure de sport entièrement imprimée en 3D en polyuréthane. Née d’un couple franco-néerlandais, Cédric et Ageeth, deux sportifs amoureux de la nature, cette jeune pousse s’inscrit dans une démarche éco-responsable. De la semelle à la tige, ses baskets sont 100 % recyclables, mais aussi fabriquées entièrement en Europe. Imprimées en France sur une machine FDM (dépôt de matière fondue), les chaussures sont ensuite assemblées au Portugal. De cette manière, l’entreprise peut instaurer un circuit court de distribution et limiter son empreinte carbone.
« Nous avons aucun exemple à ce jour d’une marque, qu’elle soit petite ou grande produisant ses baskets de running en Europe, ou n’utilisant pas des pièces venant d’Asie ou d’autre continents. » Commente TwiceTy dans un post Instagram. « Pour rompre avec la méthode de fabrication classique, l’impression 3D nous est apparue comme une solution durable et innovante pour la production de nos baskets de running. Nous avons décidé d’en faire notre marque de fabrique ! La chaussure est entièrement imprimée en 3D, de la semelle à la tige, en passant par la semelle intérieure. Nous utilisons une technique d’impression en maille ce qui permet à la chaussure d’être plus résistante, plus souple et respirante ! »
Interrogée par PRIMANTE 3D sur cet aspect, la designer du projet Marie Deley explique : « Nous avons joué sur l’extrusion mais également sur la forme du maillage pour obtenir le textile de la Pionner. C’est un maillage qui n’est pas obtenu juste à partir d’un simple pourcentage de remplissage dû au slicer, mais une conception CAO effectuée en amont…. c’est un travail que j’ai pu effectuer en analysant la façon dont le slicer interprète les fichiers qu’on lui importe, afin d’obtenir exactement la maille souhaitée. »
Une chaussure fabriquée avec un seul matériau contre 26 en temps normal
TwiceTy précise qu’en temps normal, les chaussures de running sont constituées en moyenne de 26 matériaux différents et nécessitent 360 étapes durant la fabrication et l’assemblage. La plupart de ces étapes se font en Asie, sur de petites machines fonctionnant grâce au charbon. C’est ce qui rend l’impact carbone si important. Une chaussure de running a une empreinte carbone d’environ 13,6 kg de CO2.
C’est pourquoi TwiceTy n’utilise qu’un seul matériau d’impression 3D, du polyuréthane, pour fabriquer tous les éléments de sa basket. Sa première paire de basket baptisée Pionner 13.0, ne pèserait que 200 grammes. Pour répondre au cahier des charges de qualité de confort, solidité, maintien et aération de sa chaussure, la start-up explique avoir créé un maillage spécial réunissant toutes ces qualités, pour un poids total de la tige inférieur à 75 gr.
Prévues pour une commercialisation en janvier 2021 au prix de 199 €, les Pionner 13.0 pourront être précommandées pour 189 € d’ici la fin du mois. TwiceTy nous précise que ce premier modèle sera proposé en format unisexe, pointures de 36 à 45, et dans deux coloris différents : blanc pour l’une et noir pour l’autre avec une constante pour les lacets et les semelles en orange.
Une campagne de financement sera également bientôt lancée. Les fonds récoltés permettront le lancement de la production des chaussures, d’amortir les coûts logistiques et matériels ainsi que la recherche et développement.