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Rencontre avec ScientiFeet et ses orthèses plantaires imprimées en 3D

semelle imprimée en 3D par ScientiFeet

(crédits photo : ScientiFeet )

S’illustrant régulièrement pour sa faculté à produire des objets personnalisés et réduire le temps de fabrication, l’impression 3D connaît un essor sans précédent dans le domaine de la santé et plus particulièrement de la podologie. Confirmant cet engouement, en janvier 2016, le leader français de l’impression 3D Prodways prenait le contrôle de Podo 3D, une start-up montpelliéraine spécialisée dans les semelles orthopédiques imprimées en 3D. L’idée de cette jeune pousse, une solution baptisée ScientifFeet visant à modéliser et imprimer des orthèses plantaires sur-mesure. Souhaitant en savoir plus sur les dessous de cette solution et les ambitions de ScientiFeet, Primante3D a interrogé à son Director Business Development Maxime Cavrois.

« Notre solution a été développée par des podologues pour des podologues »

Maxime Cavrois

Maxime bonjour, pourriez-vous vous présenter ? Décrivez-nous un peu votre parcours. Comment devient-on Director Business Development ?

Après une école de commerce à Lille et une spécialité en  » International Business and Management » j’ai eu l’opportunité de me forger une expérience formatrice durant 3 ans à l’étranger au sein de plusieurs structures en pleine croissance notamment dans le jouet éducatif et aussi dans les produits destinés à la découverte de la nature. Je me suis orienté vers le secteur médical à mon retour en France et notamment dans le domaine de la chirurgie maxillo-faciale et l’implantologie. Un secteur qui avait déjà connu une révolution numérique et surtout pour lequel l’impression 3D avait bouleversé les pratiques et les mentalités.

C’est donc avec passion, intérêt et force de conviction que je m’engage dans cette nouvelle aventure « ScientiFeet » (Podo 3D). L’idée est simple : révolutionner les pratiques grâce à l’impression 3D d’un secteur qui n’a connu que très peu d’évolutions ces 20 dernières années. Cette aventure est avant tout un challenge pour développer et bouleverser le monde de la podologie. Mon objectif : apporter mon expérience et mes qualifications au développement d’une solution totalement novatrice dans le secteur de la podologie, tant pour le praticien que pour le patient.

On devient Business Development Manager tout d’abord en se servant de son expérience, en ayant une bonne connaissance du marché et il faut surtout savoir saisir les bonnes opportunités. Pour ma part, c’est avant tout un très bon relationnel, un esprit entrepreneurial mais surtout la « rage » de développer et d’accompagner les marchés vers de nouveaux challenges. Il faut savoir créer et développer des supports de vente et être le garant d’une bonne relation clientèle/entreprise tout en observant les évolutions des marchés.

Il faut se concentrer sur deux tâches en particulier : « l’innovation » en cherchant en permanence les applications de demain, les tendances et les développements qui changeront les marchés et « l’accompagnement » pour permettre à nos clients d’amorcer ces changements et de les intégrer dans leur mode de fonctionnement au quotidien. Nous aimons parler dans l’équipe « d’Innovation Support» que nous pourrions définir comme un ensemble de techniques, ou plutôt un état d’esprit, une méthodologie, dont l’objectif est l’innovation au service du quotidien.

« Nous sommes une jeune start-up avec beaucoup d’ambition »

(crédits photo : ScientiFeet )

En quoi consiste votre rôle au sein de cette entreprise ?

Mon rôle au sein de ScientiFeet est tout d’abord de maintenir la cohésion de l’équipe et de mettre tout en œuvre pour permettre de mener le projet à bien. L’idée est de mettre en place plusieurs stratégies en accord avec nos différentes problématiques et de pouvoir prospecter un maximum dans un minimum de temps pour nous garantir une croissance rapide. Nous utilisons donc tous les outils marketing à notre disposition et cela passe bien évidemment par des participations aux congrès, l’organisation de dizaines de formations sur toute la France et à l’étranger et bien-sûr des présentations directement dans les écoles et dans les cabinets ou cliniques. Nous sommes une jeune start-up avec beaucoup d’ambition, une équipe jeune et dynamique et nous nous donnons tous les moyens pour devenir rapidement un acteur incontournable du marché.

Quelle est la genèse de ScientiFeet et qui sont ses protagonistes ?

Le projet a été initié par Nicolas Saint-Lô, podologue qui a pratiqué 15 ans en cabinet et a notamment créé et développé la consultation podologique au CREPS (Centre de Ressources, d’Expertise et de Performance Sportive) à Montpellier. Epaulée par un biomécanicien et deux développeurs informatiques, l’équipe s’est entourée de partenaires de recherche comme l’Ifsttar, laboratoire de biomécanique public qui s’est imposé comme une référence notamment pour son modèle biomécanique de l’homme virtuel.

Nous avons eu la chance de pouvoir faire évoluer et valider notre solution pendant plusieurs mois grâce à une trentaine de bêta testeurs, tous podologues et déjà convaincus par la solution avant sa phase de commercialisation. Ils nous ont permis d’arriver à un produit fini et déjà testé sur l’ensemble de leurs patients, crédibilisant ainsi la solution, validant les différents paramétrages et l’effet thérapeutique de nos semelles imprimées en 3D pour les patients. De ce fait nous arrivons sur le marché avec une solution totalement validée et surtout un retour clinique sur les patients, avec des propriétés biomécaniques des semelles validées pas nos différents partenaires.

« le praticien la reçoit à son cabinet 5 jours ouvrés après sa commande »

(crédits photo : ScientiFeet )

Présentez-nous votre solution.

Nous avons développé un système de scan, le PodoClic, un soft pour l’utiliser et une application web pour gérer la conception de la semelle. En détails, l’empreinte des pieds du patient est scannée en 3D avec un outil de prise d’empreinte développé par l’équipe ScientiFeet il s’agit du PodoClic. Simple d’usage et mobile, il reproduit une demi-charge permettant de parfaitement capturer la forme du pied.

Ensuite, le fichier numérique de cette empreinte est chargé sur le logiciel, une solution web ne nécessitant aucune autre installation qu’une connexion internet, elle aussi entièrement développée par ScientiFeet. Via cette solution, le praticien peut apporter différents niveaux de corrections en fonction du diagnostic réalisé en amont et des éventuelles pathologies à corriger. Pour cela, il paramètre la rigidité de différentes zones via la taille des « alvéoles », choisira une épaisseur de semelle variant de 1,5 mm à 2,5 mm et pourra y ajouter des éléments correctifs de podologie (ARC, BRC, éléments antéro-capitaux…).

Après création de la paire d’orthèses plantaires dans sa version numérique, celle-ci est fabriquée et le praticien la reçoit à son cabinet 5 jours ouvrés après sa commande. L’idée est vraiment de pouvoir concentrer le podologue sur son diagnostic qui est pour nous sa plus grande valeur ajoutée, lui faire gagner de la précision et un temps précieux pour la conception de ses semelles orthopédiques.

(crédits photo : ScientiFeet )

Habituellement comment les orthèses plantaires sont-elles fabriquées et dans quels cas sont-elles prescrites ? Quelle est votre cible clientèle ?

Il existe plusieurs méthodes pour la fabrication des orthèses plantaires et nous pouvons citer notamment :

– la méthode classique où chaque élément est façonné pour ensuite être positionné sur la base, puis collé à l’emplacement prévu.

– la méthode de thermosoudage ou thermoformage avec la même composition que les semelles classiques, c’est-à-dire une base, des éléments correctifs ou de soutien et un recouvrement mais elles sont moulées au pied du patient.

Il existe également une troisième méthode très peu démocratisée car chère et offrant peu de possibilités sur la densité des matériaux qui est le fraisage numérique où l’on vient tailler la semelle dans un monobloc. Le podologue, suite à l’examen clinique ou au bilan podologique, va fabriquer une semelle orthopédique qui peut être classique ou thermoformée.

C’est une perte de temps considérable pour lui, alors que sa réelle valeur ajoutée est le diagnostic et l’examen clinique. Plus que la perte de temps, cette partie artisanale du praticien soulève plusieurs problèmes :

– Gros investissement de départ pour s’équiper de machines de conception pouvant aller de 5000 à 20000 euros.
– Temps de fabrication allant de 20 minutes à 2 heures.
– Stock et achat de matières premières.
– Obligation de séparer l’espace de fabrication et de consultation.
– Epaisseur et lourdeur des semelles réalisées.
– Inhalation de colle et de poussière au quotidien représentant un vrai risque pour la santé des podologues.

« l’idée est vraiment de pouvoir leur proposer un outil révolutionnaire en réponse à leurs diagnostiques »

(crédits photo : ScientiFeet )

La semelle orthopédique est destinée à soulager les affections épidermiques du pied et corriger ou compenser des troubles statiques du membre inférieur. Les orthèses plantaires sont prescrites dans plusieurs cas, le plus souvent pour les douleurs d’arthrose du genou, les douleurs de pieds plats ou creux, les douleurs de l’avant pied mais pas seulement…

Le fait est que beaucoup de patients se plaignent de douleurs diverses sans trouver leur origine et trouvent la solution chez le podologue. En effet les orthèses plantaires permettent de corriger les mauvaises postures, de soulager les maux des pieds mais aussi les douleurs des hanches ou le mal de dos. Elles sont donc toutes indiquées pour les sportifs, les enfants, les séniors, les pieds diabétiques, les travailleurs et femmes actives.

Notre clientèle ciblée, comme vous l’aurez perçu, sont les podologues car l’idée est vraiment de pouvoir leur proposer un outil révolutionnaire en réponse à leurs diagnostiques. La clé est non pas dans l’impression de la semelle mais vraiment dans sa conception grâce au paramétrage du praticien. Notre solution a été développée par des podologues pour des podologues et c’est pour cela que nous sommes bien conscients des différentes problématiques qu’ils peuvent rencontrer.

Nous observons cependant qu’au sein de cette communauté il existe des acteurs plus ou moins importants mais notre but est vraiment de démocratiser notre solution et d’offrir la possibilité à tous les podologues, quels que soit leurs volumes d’activité, de pouvoir bénéficier de cette technologie. C’est pour cela que nous proposons une solution sans engagement et sans investissement contrairement à l’ensemble de nos « concurrents ».

« ScientiFeet compte près d’une cinquantaine de clients réguliers »

(crédits photo : ScientiFeet )

Quelles sont les étapes de fabrication de vos semelles orthopédiques ? Quels logiciels et procédé d’impression 3D utilisez-vous ?

Le processus de fabrication d’une semelle 3D se décompose en quatre étapes distinctes : la réalisation d’un scan du pied du patient, la virtualisation de l’empreinte, la modélisation 3D puis l’impression et la livraison de la semelle.

Les semelles sont imprimées en 3D par le pôle de fabrication de pièces du groupe Prodways en utilisant la technologie de frittage de poudre (SLS®) puis envoyées aux podologues qui les remettent ensuite aux patients. Après une phase de test de près de 12 mois, la commercialisation de la solution a commencé dès janvier 2017 et ScientiFeet compte près d’une cinquantaine de clients réguliers. A ce jour, ScientiFeet fabrique quotidiennement plusieurs dizaines de paires de semelles, pour un total avoisinant les 4000 paires depuis les débuts en 2016 !

(crédits photo : Prodways)

Quelles sont les avantages mais aussi les limites de l’impression 3D par apport aux techniques classiques ? Où vous situez-vous en terme de prix ?

Pour les podologues comme pour les patients les avantages de l’impression 3D sont nombreux.

Tout d’abord pour les podologues cette solution permet :
– De paramétrer les semelles selon la pathologie du patient avec plus de 2 000 milliards de combinaisons.
– Réduire le temps de conception des semelles à 5 min une fois l’application prise en main.
– Un temps de patientèle concentré sur le diagnostic, la vraie valeur ajoutée du podologue.
– Un meilleur suivi thérapeutique du patient et surtout la possibilité de répétabilité de la semelle pour d’autres chaussures ou d’autres activités en quelques clics.
– Solution sans aucun stock et surtout sans investissement ni engagement. Nous mettons à la disposition tout le matériel pour le podologue et ne facturons que les semelles commandées
– Solution sans odeur ni poussière. C’est un des points clés car encore une fois de plus en plus d’études mettent l’accent sur les problèmes de santé notamment dû à l’inhalation de micro particules et de vapeur de colle au sein des cabinets lors de la conception des orthèses.

« notre solution permet au podologue de se démarquer et de développer sa patientèle tout en gardant le contrôle sur la conception des orthèses »

(crédits photo : ScientiFeet )

Ensuite il a bien évidemment les avantages pour les patients à savoir :
– Une précision à une centaine de microns près pour ne faire qu’un avec le pied du patient.
– Du confort avec un recouvrement à cellule ouverte anti-transpirant. Nous travaillons pour cela en partenariat avec Ortholite, leader mondial des semelles de propreté haut de gamme en Polyuréthane. Ortholite équipe 200 des plus grandes marques de chaussures (Nike, Timberland, Geox, Asics, Clarks…).
– Une semelle ultrafine avec une épaisseur de 1.5mm idéale pour les chaussures de ville et les escarpins qui sont souvent privés de semelles orthopédiques dû à l’étroitesse de la chaussure.
– Les orthèses les plus légères du marché avec moins de 10g. Idéal pour les sportifs de haut niveau pour lesquels le poids de la chaussure joue énormément.
– Un comportement mécanique élastique validé avec le laboratoire public de biomécanique de l’IFSTTAR.

Nous n’avons aucune limite de conception en ce qui concerne l’impression 3D mais nous devons faire attention de pouvoir proposer une application web facile d’utilisation et qui permette au podologue de paramétrer les semelles avec facilité tout en ayant un maximum de possibilité.

Au niveau du prix et surtout si on prend compte les divers investissements que doivent réaliser les praticiens nous sommes plus que compétitifs. Nous proposons des tarifications en fonction des volumes et le prix des semelles varient entre 45 et 60 euros avec la réalisation d’un produit fini sans aucune retouche contrairement aux produits proposés actuellement sur le marché.

Le fait est que nous avons tous types de podologues et tous types de volumes car nous avons une vraie demande des patients et des prescripteurs pour passer au numérique et notamment à la 3D comme ce fut le cas pour l’auditif et le dentaire. Aujourd’hui notre solution permet au podologue de se démarquer et de développer sa patientèle tout en gardant le contrôle sur la conception des orthèses. La plupart des podologues ont pu développer leur activité grâce à notre solution et nous sommes persuadés que demain nous passerons d’une solution différenciante et innovante à une solution indispensable dans le secteur de la podologie.

« nous avons été surpris de voir que les podologues ne connaissaient pas cette technologie »

Comment votre solution est-elle accueillie par les podologues ? Proposez-vous un accompagnement ?

Notre solution est très bien accueillie par les podologues. Bien sûr nous n’arriverons et ne voulons pas convaincre tout le monde mais les retours de nos clients sont excellents et tout nous fait dire que nous sommes sur la bonne voie. Etrangement dans l’inconscient collectif nous avons été surpris de voir que les podologues ne connaissaient pas cette technologie ou pensaient qu’elle était réservée à d’autres secteurs du médical. Il nous a donc fallu être fort de conviction pour changer les mentalités et pour nous imposer face à des techniques classiques qui avaient fait leurs preuves depuis de nombreuses années mais qui restaient tout de même très limitées. Le fait d’arriver sur le marché avec un produit déjà testé et validé par plusieurs podologues nous a tout de suite ouvert les portes et nous connaissons actuellement une croissance exponentielle qui nous amènera d’ici peu à l’international.

Nous proposons bien évidemment un accompagnement pour assister les podologues dans la conception de leurs premières semelles. Il y a beaucoup de choses nouvelles pour eux mais notre application est vite prise en main et ils sont parfaitement autonomes après quelques réalisations. Nous vérifions dans un premier temps tous les paramétrages et les empreintes afin de vérifier les incohérences et notre équipe est disponible en direct via un chat sur le site internet pour gérer les éventuelles questions ou problèmes rencontrés par les praticiens. Tout se fait via notre site www.scientifeet.com avec un accès à un compte personnel qui permet de rentrer toutes les données des patients et d’avoir un historique des consultations réalisées par le podologue.

« nous approchons déjà les 4000 paires et l’activité ne cesse de décoller »

(crédits photo : ScientiFeet )

Aujourd’hui quelle est votre actualité ? Fort de vos 4000 paires de semelles ScientiFeet déjà imprimées, quelles sont vos ambitions ?

Nous continuons à nous développer et dans l’idée de booster notre croissance nous utilisons plusieurs leviers. Tout d’abord l’équipe s’agrandit pour faire face à la demande et diversifier les compétences. Nous mettons également un point d’honneur à faire évoluer notre solution et cela passe par des innovations en ce qui concerne :

  • Le matériel de prise d’empreinte et les différentes applications de notre soft grâce à nos ingénieurs.
  • L’évolution dans les paramétrages avec le soutien et la création récente d’un comité scientifique composé de podologues et de chercheurs afin de valider et de faire évoluer constamment notre solution.
  • Le suivi commercial de nos clients et l’organisation de plus de 60 formations sur toute la France pour convaincre et faire basculer les podologues vers notre solution.
  • La réalisation d’études cliniques sur un grand nombre de patients et notamment sur l’intérêt de nos semelles pour lutter contre les TMS au travail.
  • La validation d’un ensemble de paramétrages pour soigner différentes pathologies avec notre thésard et le laboratoire IFSTTAR.

A vrai dire, nous approchons déjà les 4000 paires et l’activité ne cesse de décoller. Nous nous sommes également fixé l’objectif de conquérir au moins un pays à l’étranger et de commencer à commercialiser notre solution à l’international. Nous sommes actuellement encore une petite start-up avec beaucoup d’ambition et le fait d’être associé et d’avoir été lancé par Prodways Group nous offre de très belles perspectives notamment parce que nous n’avons pas de limite au niveau de la production et que nous serons capables de répondre à une demande exponentielle.

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