La demande en technologies de fabrication additive s’accélère dans tous les secteurs, y compris celui de la défense. Dernièrement c’est le laboratoire de recherche pour développement des capacités de combat de l’armée américaine (ARL), qui a signé un contrat de R&D d’un montant de 15 millions de dollars avec les principaux fabricants américains d’imprimantes 3D.
L’enveloppe inclut le développement d’un système de fabrication additive annoncé comme « la plus grande imprimante 3D métal, la plus rapide et la plus précise au monde ». Le National Center for Manufacturing Sciences (NCMS) et le fabricant 3D Systems seront à la manoeuvre pour développer cette technologie destinés aux secteurs de l’aérospatiale et de la défense.
Selon le cahier des charges, l’imprimante 3D demandée par l’ARL devra être capable de produire des pièces métalliques mesurant jusqu’à 1000 mm x 1000 mm x 600 mm. Si rares sont les machines capables d’imprimer au delà des 50 cm, ils sont déjà quelques fabricants à proposer des volumes de fabrication dépassant le mètre. Le record est actuellement détenu par le fabricant australien Titomics. Son système de fabrication additive par pulvérisation à froid permet des impressions gigantesques de 9 m x 3 m x 1,5 m. L’imprimante à fusion laser Powder Bed Fusion (PBF) du sud africain Aeroswift propose quant à elle un volume de construction de 2000 x 600 x 600 mm. Les autres spécifications incluent la possibilité de produire une épaisseur de paroi minimale de 100 µm et une épaisseur de couche minimale de 30 µm.
Comme le laisse deviner la participation de 3D Systems, c’est sa technologie DMP (Direct Metal Printing) qui devrait servir de tremplin au nouveau système. Les propos du responsable du programme ARL Dr Joseph South vont dans ce sens : « Jusqu’à présent, les imprimantes laser 3D à fusion laser sur lit de poudre étaient trop petites, trop lentes et trop imprécises pour produire des sous-systèmes de combat terrestre majeurs à l’échelle. Notre objectif est de nous attaquer de front à ce problème avec l’appui des alliés et des partenaires qui aident l’armée à exécuter des activités de coopération en matière de sécurité à l’appui des intérêts nationaux communs « , a t’il déclaré.
Véhicules de combat, hélicoptères, systèmes de défense aériens…
Les attentes de l’armée américaine en matière de volume et de vitesse de fabrication tiennent dans les applications visées. Il est question de minutions de longue portée, de véhicules de combat de nouvelle génération, d’hélicoptères mais aussi de systèmes de défense aériens et antimissiles. Grâce à la fabrication additive la défense américaine vise une conception et une production plus efficaces de pièces durables, avec un délai de mise sur le marché et sur le terrain plus rapide. « Nous sommes impatients de fournir un système de fabrication opérationnel unique en son genre. » a commenté Chuck Hull, cofondateur et directeur de la technologie chez 3D Systems.
L’armée américaine utiliserait la fabrication d’additive depuis déjà deux décennies pour remettre à neuf les pièces usées et créer des outils personnalisés. Une fois la technologie opérationnelle, l’Armée de terre mettra à profit son expérience en matière de fabrication en équipant ses dépôts et ses laboratoires.
En France aussi l’armée commencent à s’équiper. Cet été le fabricant français Prodways livrera deux de ses imprimantes 3D polymère ProMaker P1000 à l’armée française. Sa technologie à grande échelle RAF (Rapid Additive Forging) a également convaincu le spécialiste de l’armement industriel, aéronautique et spatial MBDA, pour réaliser de grandes pièces en titane.