Qu’il soit pratiqué simplement comme moyen de transport, pour le loisir ou le sport, le cyclisme montre un besoin de personnalisation auquel nos procédés traditionnels peuvent difficilement répondre. Conçus de manière standard, les vélos fabriqués en série ne permettent pas de s’adapter aux différentes morphologies de chaque utilisateur. Pour cette raison, les vélos ergonomiques personnalisés sont particulièrement coûteux et longs à fabriquer. La réponse trouvée par la start-up belge Shadow Concept SRL, réside dans l’utilisation de la fabrication additive pour créer un cadre imprimé à partir des données biométriques de ses clients.
C’est ainsi que la jeune pousse vient de lancer son premier vélo électrique imprimé en 3D : le Shadow M1. Un deux roues également placé sous le signe de l’écoresponsabilité, puisque imprimé à partir de biopolymères neutres en CO2 et biodégradables. Afin d’en savoir plus sur la façon dont Shadow Concept SRL utilise l’impression 3D, PRIMANTE3D est allé à la rencontre de son fondateur Adrien Pire.
« L’idée du vélo imprimé en 3D a commencé à germer dans ma tête lorsque j’ai visionné une publicité pour des imprimantes 3D grand format »
Bonjour Adrien, pourriez-vous nous raconter le parcours qui vous a conduit jusqu’à Shadow Concept SRL ?
Mon parcours commença quand j’avais 15 ans et que je décidais de pratiquer le cyclisme sur route en compétition. Me passionnant pour ce sport et son univers, je voulais en faire mon métier. J’ai donc choisi de suivre des études techniques afin de pouvoir ouvrir mon magasin. Je suis sorti avec la plus grande distinction de l’UT IETS de Charleroi dans la branche de mécanicien automaticien et quelques mois plus tard j’ouvrais mon magasin de vélos à Nivelles, Adrian’s Bike qui existe toujours aujourd’hui.
Après avoir géré mon magasin pendant 6 ans, j’ai décidé de le revendre afin d’explorer d’autres métiers liés au domaine du vélo. Durant plusieurs années, j’ai proposé mon expertise à plusieurs entreprises en tant que représentant commercial, free-lance pour magasin de vélos, mécanicien cycle pour équipe cycliste pro, free-lance pour société de leasing de vélo, … Toutes ces expériences m’ont conduit à repenser le vélo de demain de manière différente et c’est là que l’idée de Shadow Concept émergea dans ma tête.
Comment s’est faite votre première rencontre avec l’impression 3D ?
Ma première rencontre s’est faite lorsque nous faisions des upgrades sur des manettes PS4 avec mon frère. Nous utilisions une imprimante Da vinci XYZ pour fabriquer des palettes afin d’avoir des raccourcis bouton à l’arrière de celle-ci.
Comment l’aventure Shadow Concept SRL a-t-elle commencé et qui sont ses protagonistes ?
L’idée du vélo imprimé en 3D a commencé à germer dans ma tête lorsque j’ai visionné une publicité pour des imprimantes 3D grand format. Qu’elles soient du domaine du vélo ou non, les personnes à qui j’en parlais semblaient très intéressées par l’idée. Afin de rendre concret ce projet, j’ai pu compter sur le soutien financier de plusieurs de mes proches : mes parents, mon parrain et un ami qui est aujourd’hui devenu actif dans la société.
« nous pouvons créer des cadres sur mesure en prenant en compte plusieurs critères comme la taille, le poids, le sexe… »
En quoi l’impression 3D s’est-elle avérée plus pertinente que les techniques traditionnelles pour votre projet ?
Grâce à l’impression 3D nous pouvons créer des cadres sur mesure en prenant en compte plusieurs critères comme la taille, le poids, le sexe, … ce qui est très compliqué avec les méthodes classiques de fabrication. Cette technique de fabrication nous permet aussi d’utiliser des matières plus éco-responsables (bio polymère).
Racontez-nous les différentes étapes de fabrication de votre cadre de vélo ?
L’idée de départ était de créer un vélo de course sur mesure ayant une forme « classique » et imprimé en une seule pièce. Nous avons malheureusement été confrontés à plusieurs échecs et malgré les améliorations apportées à chaque nouveau prototype, le résultat final ne nous a jamais satisfait. En nous basant sur l’expérience acquise, nous avons repris la réflexion depuis le début en nous basant cette fois sur les points forts de l’imprimante et non sur les formes classiques d’un vélo.
De cette réflexion est né le cadre que nous commercialisons actuellement. Le cadre est désormais fabriqué en deux parties que nous assemblons ensuite à l’aide d’une colle bi composant. Grâce aux données biométriques du client et d’une table de calcul automatisée, nous sommes à même d’imprimer un cadre sur mesure.
Le cadre du vélo est imprimé en PRO HT, une matière développée par BigRep. En tant que matériau dérivé de composés organiques, Pro HT est biodégradable dans les bonnes conditions. Neutre en CO2 et respectueux de l’environnement, il a un impact écologique bien moindre que les autres plastiques issus d’énergies fossiles.
Après quoi nous le ponçons afin d’avoir un état de surface lisse pour la mise en peinture. Plusieurs prototypes ont été nécessaires afin de faire les ajustements nécessaires au bon fonctionnement du vélo (position des freins, passage interne des câbles, emplacement du porte bagage).
« Nous en avons créé un sur mesure afin de reproduire les multiples contraintes qu’un vélo subit au quotidien »
Un cadre de vélo est soumis à de fortes forces verticales ou horizontales. Sur quelles méthodes vous êtes-vous appuyées pour calculer en fatigue votre pièce ? Quels sont les résultats ?
Il n’y a pas de secret, pour garantir la solidité d’un produit, rien ne vaut mieux les tests sur un banc d’essai. Nous en avons créé un sur mesure afin de reproduire les multiples contraintes qu’un vélo subit au quotidien. Si vous êtes curieux, nous publierons dans les prochains jours les résultats des tests sur notre site.
Que pouvez-vous nous dire sur votre imprimante 3D grand format ?
Il s’agit de l’imprimante BigRep Pro. Elle possède un volume fermé d’impression d’1m³ et de deux extrudeuses. Elle nous permet de fabriquer l’ensemble des pièces en 48 heures.
Après quelques mois d’existence, quelles sont vos ambitions ? Envisagez-vous par exemple d’étendre l’utilisation de l’impression 3D à d’autres pièces ou de tirer parti d’autres matériaux ?
Nous aimerions pousser le concept d’éco-responsabilité encore plus loin en utilisant du Pet recyclé pour la fabrication du cadre. Et pourquoi pas dans le futur, fabriquer la matière première dans notre atelier.
*D’une autonomie pouvant aller jusqu’à 100 km, le Shadow M1 est disponible à partir de 2 499 euros et sera livré en février 2023. Retrouvez plus d’infos sur le site du fabricant.