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Fraunhofer IGD : de nouveaux essais cliniques pour ses prothèses oculaires imprimées en 3D

Prothèse oculaire imprimée en 3D

Prothèse oculaire imprimée en 3D (crédits photo : Fraunhofer IGD)

Si le recours à l’impression 3D pour les prothèses de membres n’est plus ignorée des professionnels et du grand public, cette technologie s’étend en réalité à un éventail bien plus large de dispositifs médicaux. C’est le cas de l’ophtalmologie. Bien que timidement, ce domaine n’a pas attendu aujourd’hui pour explorer les bienfaits de personnalisation et de liberté de conception de ce procédé. Il ne s’agit pas uniquement de montures ou de verres de lunettes, mais également de prothèses oculaires.

Sur ce créneau, l’un des précurseurs se nomme Fraunhofer IGD, un institut allemand de recherche appliquée en informatique visuelle. Il y a trois ans déjà, sa solution d’impression 3D avait permis une première mondiale, celle d’équiper le premier patient (humain) d’un « œil imprimé en 3D entièrement créé numériquement. » Déjà à l’époque, les observateurs avaient été impressionnés par le réalisme de la prothèse oculaire et sa conception sur-mesure.

Dernièrement, Fraunhofer a refait parler de lui en réalisant un essai clinique au Moorfields Eye Hospital, le plus ancien hôpital ophtalmologique du monde. L’objectif était de tester une nouvelle méthode automatisée basée sur l’intelligence artificielle (IA) pour l’impression 3D d’yeux prothétiques.

Satisfaits d’une première évaluation mené sur 10 patients, portant sur la forme et l’apparence des prothèses oculaires, les protagonistes ont fini par équiper plus de 200 adultes. Intitulée « Conception automatique basée sur les données et impression 3D de prothèses oculaires personnalisées » l’étude complète a été publiée dans la revue Nature Communications.

« Les patients décrivent les prothèses oculaires imprimées en 3D comme un changement de vie »

Steve Verze, le premier patient à avoir reçu une prothèse oculaire imprimée en 3D

Steve Verze, le premier patient à avoir reçu une prothèse oculaire imprimée en 3D (oeil gauche) (crédits photo : Moorfields Biomedical Research Center)

La difficulté à équiper un patient d’un tel dispositif dépasse la simple étape de fabrication. Pour y parvenir, Fraunhofer a développé un processus de conception et d’impression 3D basé sur les données, garantissant que la prothèse s’adapte parfaitement non seulement à l’œil sain restant du patient, mais aussi à l’orbite vide. Les ocularistes peuvent utiliser cette technologie grâce au logiciel Cuttlefish:Eye et au pilote d’impression Cuttlefish® du Fraunhofer IGD. Déjà homologué en tant que dispositif médical au Royaume-Uni, ce logiciel sera prochainement lancé en Europe.

« Des yeux artificiels adaptés de manière optimale peuvent améliorer considérablement la qualité de vie des personnes concernées », explique Johann Reinhard, chef de département adjoint du centre de compétences en technologie d’impression 3D. « Les patients décrivent les prothèses oculaires imprimées en 3D comme un changement de vie. »

La solution développée par Fraunhofer IGD permettrait un temps de fabrication bien plus court que ce que ne permettent aujourd’hui les techniques traditionnelles qui impliquent de nombreuses opérations manuelles. Comparativement aux huit heures nécessaires avec ces dernières, elle permettrait de concevoir et d’imprimer une prothèse oculaire complète en 3D en seulement 90 minutes. Selon Reinhard, l’impression de 100 yeux prothétiques en 3D simultanément prendrait environ 10 heures.

Bien que le dispositif de numérisation 3D OCT ne soit pas actuellement capable de capturer des orbites très complexes, telles que celles des patients atteints de certaines affections oculaires comme le nystagmus ou le strabisme, environ 80 % des patients pourraient tout même être soignés grâce à cette solution. Selon Moorfields Eye Charity, plus de 8 millions de personnes dans le monde seraient équipés d’au moins une prothèse oculaire, dont 750 000 personnes rien qu’en Europe.

Alexandre Moussion