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Le géant de la photographie Nikon se lance dans l’impression 3D métal

appareil photo Nikon

Le marché de la fabrication additive est un eldorado qui suscite les convoitises des plus grands noms de l’industrie. La myriade de start-up qui avait surgi pendant la bulle grand public de 2013, a laissé place aux géants du numérique et autres multinationales sagement embusqués. Le leadership des historiques Stratasys et consorts, se retrouve aujourd’hui contesté par un grand fabricant d’imprimantes papier, en l’occurrence HP, et un mastodonte de l’industrie mondiale, General Electric.

Le dernier à sortir du bois est un nom emblématique de la photographie. Il s’agit du japonais Nikon. Mondialement connu pour ses appareils photos, ce spécialiste de l’optique fait aujourd’hui son arrivée sur un segment très disputé de l’impression 3D, celui du métal.

L’annonce faite en tout discrétion le mois dernier, n’est pas si surprenante pour qui connait les activités de la société. Dans le monde de la fabrication additive, Nikon est connu pour ses systèmes d’inspection et de métrologie. Ses équipements de Tomographie Numérique (TN) à rayon X permettent de repérer toutes les anomalies que l’on peut rencontrer dans une impression, comme des fissures, des défauts de soudures ou les porosités. La complexité géométrique qui caractérise les pièces imprimées en 3D (canaux, formes entrelacées, cavités…) nécessite en effet des techniques 3D volumiques pour contrôler leur structure interne.

Une solution combinant impression 3D, marquage, soudage et polissage

solution de traitement des métaux Lasermeister 100A

Dénommée Lasermeister 100A, la première offensive de Nikon se distingue des solutions existantes par sa grande polyvalence et son automatisation dans le traitement du métal. Le géant japonais parle d’une machine de traitement optique par laser capable d’effectuer divers traitements des métaux par laser. Sa capacité engloberait la fabrication additive en tant qu’imprimante 3D, le marquage, mais aussi le soudage au laser et même le polissage. « Elle reconnaît automatiquement la pièce et commence automatiquement à la traiter. » Indique le fabricant japonais.

Une solution tout en un donc, qui permettrait d’accélérer la production en automatisant les étapes de post-traitement les plus courantes et chronophages dans l’impression 3D métal, mais aussi l’inspection pendant la fabrication.

« le Lasermeister 100A, Nikon rend le traitement des métaux plus accessible à un large éventail de personnes et d’industries »

« Les machines de traitement des métaux conventionnelles évoquent l’image de « grande », « chère » et « difficile à utiliser ». Souligne Nikon. « Le Lasermeister 100A va complètement changer l’image précédente des machines de traitement des métaux. En fournissant une solution, le Lasermeister 100A, Nikon rend le traitement des métaux plus accessible à un large éventail de personnes et d’industries. »

Les premières spécifications dévoilées par Nikon semblent correspondre au système décrit par le japonais dans un brevet publié en 2018. Il était question d’un appareil « permettant de fabriquer un objet de forme tridimensionnelle. ». Celui-ci comporterait une caractéristique unique, celle de pouvoir corriger ses propres erreurs.« Une « unité d’inspection » examinerait chaque couche de l’impression à la recherche de trous ou de surfaces rugueuses, puis prendrait des mesures pour combler les trous ou pour s’assurer que la couche suivante adhère à la surface rugueuse. Ce mécanisme de correction automatique permettrait de remédier à certains des défauts les plus courants propre aux systèmes additifs reposant sur l’utilisation de poudre métallique

Une machine simple et intuitive pouvant s’intégrer dans de nombreux environnements de travail

pièces imprimées en 3D avec la Lasermeister 100A

Bien que cela ne soit pas clairement formulé par Nikon, tout laisse à penser que sa technologie repose sur un procédé d’impression 3D à fusion laser sur lit de poudre. Le brevet fait en effet mention d’une poudre amenée dans une chambre de fabrication et d’une irradiation par faisceau laser. Côté matériaux justement, la Lasermeister 100A ne propose pour l’instant que l’inox (SUS316L). Il sera possible de traiter des pièces pouvant mesurer jusqu’à 297 x 210 x 200 mm.

Avec son faible encombrement, soit une hauteur de 1,7 m pour une superficie au sol de 0,64 m, la machine pourra s’intégrer dans de nombreux environnements de travail comme des usines, des bureaux de développement ou des universités. Sur la papier, la Lasermeister 100A se veut également simple et intuitive. Elle ne nécessiterait aucune « configuration initiale » fastidieuse, généralement réalisée pour les machines de traitement des métaux.

Pour l’heure Nikon ne commercialise la Lasermeister 100A que sur le marché japonais. Disponible en noir ou en blanc, la machine est vendue au prix de 30 M ¥, soit environ 240 000 €. En parallèle Nikon a ouvert un centre de technologie « Lasermeister » dans l’usine Nikon Kumagaya. Le site offre la possibilité d’acquérir une expérience pratique du traitement des métaux, mais également des consultations techniques.

L’incursion d’un grand nom de la photographie sur le marché de l’impression 3D n’est pas nouvelle. D’autres fabricants d’appareils photo s’y sont essayés (et cassé les dents), comme Polaroid et Kodak positionnés sur le segment hyper concurrentiel de l’impression 3D grand public. La situation de leur homologue Canon n’est guère plus reluisante. Disparue des radars depuis la présentation d’un système industriel SLA à Paris en 2015 (qui au final n’aura jamais vu le jour), la société japonaise reviendra deux ans plus tard avec une imprimante 3D de bureau (la Marv), puis en 2018 avec une mystérieuse technologie d’impression 3D pour la céramique. Aujourd’hui ses activités d’impression 3D se résument à la distribution de machines et de logiciels pour 3D Systems, HP et Materialise.

Alexandre Moussion