C’est un certain Richard Van, un charpentier sud africain qui a une nouvelle fois fait la démonstration de l’incroyable potentiel de l’impression 3D et ses bienfaits dans le domaine du handicap. L’histoire remonte à 2011, année charnière au cours de laquelle ce dernier perdait quatre de ses doigts dans un accident, alors qu’il coupait du bois avec une scie circulaire.
Bricoleur dans l’âme et devant le coût exorbitant d’une prothèse traditionnelle (10 000$ par doigt !), Richard se mis en quête de la fabriquer lui même. C’est en recherchant des informations sur youtube qu’il tomba alors sur la vidéo d’un certain Ivan Owen, un américain spécialiste des effets spéciaux au cinéma qui avait conçu une main mécanique pour le film « l’Incroyable Hulk ». Une fois le contact pris, les deux hommes décidèrent de collaborer pour créer une prothèse à la fois fonctionnelle, esthétique et adaptée à sa main. Ils donnèrent un nom à ce projet : RoboHand…
Quand RoboHand rencontre Markerbot
Après avoir essayé de nombreux matériaux et rencontré pas mal de difficultés, Richard et Ivan se tournèrent finalement vers l’impression 3D. Mais plusieurs milliers de km séparant les deux hommes, le projet avançait péniblement… Heureusement une bonne étoile du nom de Markerbot ne tarda pas à s’en mêler… En effet le célèbre fabricant d’imprimantes 3D qui avait eu vent du projet, se proposa de les aider en leur offrant deux imprimantes Replicator 2 afin que chacun puisse travailler de son côté.
Bre Pettis PDG de MakerBot : « Le processus de conception et l’élaboration de la prothèse leur prenait beaucoup trop de temps. Nous avons vu leur collaboration et le travail fantastique qu’ils fournissaient et nous leur avons donc fait ce cadeau »
« Ce don a littéralement transformé notre processus de fabrication », a souligné Richard Van As. Les Makerbot se sont révélées incroyablement utiles. Quelques heures après réception des imprimantes, nous avons commencé à partager des fichiers, à tester et à échanger nos idées.»
«L’impact de l’imprimante 3D a été incroyable », a déclaré Ivan Owen. Il a considérablement augmenté la vitesse à laquelle nous pouvions prototyper et tester des idées. Cela nous permettais d’obtenir des pièces rigoureusement identiques alors que 10.000 km nous séparaient » C’est ainsi qu’en 2012 les deux hommes donnèrent naissance à RoboHand, la première prothèse de doigts fabriquée avec une imprimante 3D.
Fonctionnement de RoboHand
Le fonctionnement des prothèses RoboHand est assez simple. Celles-ci se fixent simplement sur la paume de la main et pour saisir les choses, les doigts de la prothèse s’ouvrent et se ferment grâce aux mouvements du poignet. Lorsque le poignet se plie et se contracte, les câbles de fixation reliés aux doigts actionnent ces derniers. Ivan qui a joué un rôle important dans les premières phases de conception de RoboHand dit avoir étudié l’anatomie des pattes de crabe et des doigts de l’homme pour reproduire le mouvement des muscles et des tendons. Le résultat est un assemblage simple que n’importe qui peut réaliser. Alors qu’une prothèse fabriquée selon des procédés plus traditionnels coûte des milliers de dollars, avec l’impression 3D il n’en coûte pas plus de 111 €, matériaux compris.
Richard Van le Philanthrope
Mais Richard Van ne s’est pas arrêté à cette réussite, souhaitant que d’autres personnes handicapées puissent aussi bénéficier des prothèses RohoHand, il a publié par la suite une annonce sur internet pour offrir ses services. C’est ainsi que les parents du petit Liam, un garçon sud africain de 5 ans touché par une malformation congénitale (syndrome de brides amniotiques), ont été les premiers à le contacter. Liam est né sans doigts à la main droite et le coût d’achat d’une prothèse traditionnelle était beaucoup trop élevé pour la famille. Le petit garçon étant de surcroît en pleine croissance, ses parents devaient changer sa prothèse tous les mois…
C’est seulement quelques jours plus tard, le 22 Novembre 2012, que Liam a pu découvrir ses nouveaux doigts ! La vidéo ci-dessous montre le moment où Liam saisit un objet avec sa main droite, pour la première fois de toute sa vie !
Mais Richard Van décidément philanthrope, n’est pas à une bonne action près… Souhaitant qu’un maximum de personnes profitent du programme, ce dernier décida de mettre gratuitement à disposition l’intégralité des plans, fichiers et instructions de montage de RoboHand sur la plateforme Thingiverse. Ainsi toute personne souffrant de ce genre de handicap peut désormais télécharger le logiciel et imprimer elle-même sa prothèse ou par un tiers. Aujourd’hui le succès est d’ores et déjà au rendez vous, à cette date déjà plus de 7000 fichiers ont été téléchargés !
Un nouveau souffle pour le handicap
RoboHand a ouvert une brèche, ce projet est devenu un véritable moteur pour la fabrication de prothèses. Récemment un américain du nom de Paul Mac Carthy s’en est d’ailleurs inspiré. Cherchant une solution au handicap de son fils Léon né sans doigts à sa main gauche, celui-ci a repris les plans de RoboHand. Après avoir acheté une imprimante 3D Markerbot, Paul a alors imprimé ses propres pièces pour monter une prothèse parfaitement articulée. Dans ce reportage de CBS News, le résultat est tout aussi impressionnant :
Aux Etats-Unis, selon les statistiques, sur 1200 naissances 1 personne est atteinte du syndrome de brides amniotiques et les amputations de doigts représentent 90 % des cas d’amputations… RoboHand représente donc un formidable progrès et espoir pour des millions de gens souffrant de ce genre de handicap. C’est donc sans réelle surprise, que RoboHand a été nominé en août dernier au Rockefeller Innovators award, un juste retour étant donné le caractère novateur et philanthropique de ce programme… Si vous souhaitez soutenir le projet Robohand, consultez la campagne RoboHand sur INDIEGOGO.
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