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Des balanes imprimées en 3D pour protéger la biodiversité marine

balane imprimée en béton

(crédits photo : Eke Panuku)

Grâce à son inégalable complexité géométrique, la fabrication additive joue un rôle croissant dans la préservation de notre environnement, tout particulièrement nos mers et océans. On ne compte plus ces dernières années le nombre de projets qui ont tiré parti de cette technologie pour restaurer et protéger la biodiversité marine.

La liberté de conception ainsi que la grande polyvalence matériaux offertes par cette méthode, se révèlent être particulièrement efficaces pour reproduire les récifs coralliens. Essentiels à la biodiversité de nos océans, ces écosystèmes se caractérisent par leur complexité de forme et les nombreuses cavités qu’ils abritent, offrant le gîte et le couvert à de nombreuses espèces de poissons.

Un nouvel exemple de cette capacité nous est donné par Eke Panuku, une organisation implantée en Nouvelle-Zélande qui a décidé de s’appuyer sur l’impression 3D béton pour créer des modules visant à favoriser la biodiversité marine. Leur conception creuse, inspirée des balanes, ces crustacés marins qui s’attachent à des surfaces immergées comme des rochers, des coques de bateaux, et même des baleines, vise à améliorer les habitats présents sur les digues conventionnelles.

« Normalement, ces modules marins ne sont pas construits sur mesure, ils ont une forme standard »

Illustration du projet Westhaven Seawall réalisé par LandLab, montrant où iront les structures marines imprimées en 3D sur la digue

Illustration du projet Westhaven Seawall réalisé par LandLab, montrant où iront les structures marines imprimées en 3D sur la digue (crédit : Landlab)

Les protagonistes expliquent avoir étudié comment des modules en béton pourraient être placés dans la digue, créant ainsi un « point d’appui » poreux pour les espèces marines. Fabriqués à partir d’un béton spécial, ils ont la forme de grandes balanes et de patelles, qui, une fois placés dans l’eau, créeront un effet de bassin rocheux.

« Normalement, ces modules marins ne sont pas construits sur mesure, ils ont une forme standard. Cependant, nous avions besoin qu’ils aient une taille et une forme uniques, nous avons donc demandé l’aide des spécialistes de l’impression 3D Qorox basés à Hamilton », explique Fiona Knox, directrice des emplacements prioritaires – Projets majeurs chez Eke Panuku.

Prévues pour être installées sur la digue de Westhaven Marina à la fin de l’année 2024, les balanes et patelles imprimées en 3D en béton sont l’oeuvre de Qorox, une entreprise locale spécialisée dans la construction 3D. En novembre 2023, celle-ci s’était illustrée en réalisant sa première maison imprimée en 3D à Paremoremo, Auckland : une première dans l’hémisphère sud. Qorox utilise un robot de la société néerlandaise CyBe Construction, l’une des références mondiales de l’impression 3D béton.

« L’utilisation de la technologie d’impression 3D sur béton offre des avantages significatifs, notamment une flexibilité de conception, une rentabilité et une durabilité environnementale »

balanes fabriquées par impression 3D béton

(crédits photo : Eke Panuku)

L’avantage de ces habitats en forme de bassin, est qu’ils seront mieux adaptés aux changements de marée, ce qui permettra donc une plus grande diversité de vie marine. Tandis que certains seront immergés en permanence sous l’eau, d’autres se trouveront à mi-chemin dans la zone intertidale, et d’autres entièrement exposés à marée basse. Par exemple, les modules immergés en permanence sous l’eau pourront servir de support pour la croissance d’algues, offrant ainsi une source de nourriture et un abri pour la vie marine. Quant aux parties intertidales, elles permettront d’accueillir des moules, qui, en s’y fixant, contribueront à filtrer et améliorer la qualité de l’eau.

« L’utilisation de la technologie d’impression 3D sur béton offre des avantages significatifs, notamment une flexibilité de conception, une rentabilité et une durabilité environnementale. Le matériau utilisé pour l’impression soutient non seulement la flore océanique, mais améliore également la fourniture de nourriture et d’abris à la vie marine, favorisant ainsi un écosystème sous-marin prospère. » précise Fiona Knox.

On apprend que les premiers prototypes de ces patelles et balanes ont été imprimés début mars 2024. Une fois testés et testés, des versions permanentes seront créées et utilisées dans le cadre du projet de digue de Westhaven. Les enseignements tirés de cette initiative seront ensuite développés à plus grande échelle pour Te Ara Tukutuku, le projet de régénération et bioremédiation de Wynyard Point.

Alexandre Moussion