Sur les 12 800 milliards de dollars générés par l’économie manufacturière mondiale, l’impression 3D industrielle n’en représente actuellement qu’environ 0,1 %. Cette technologie est donc très loin d’avoir exprimé son plein potentiel. Si on considère la forte croissance du secteur de la fabrication additive et sa maturation significative, il faut s’attendre à voir apparaître les technologies d’impression 3D dans des domaines d’application et des secteurs auxquels on ne s’attendait pas forcément.
Aucun domaine ne sera épargné, pas même le monde équestre. La démonstration nous est fournie par Double D Trailers, une marque américaine spécialisée dans la fabrication de vans pour chevaux. Des remorques d’un genre très spécifique, comme chacun le sait, puisque destinées à transporter les équidés sur les routes.
Implantée en Caroline du Nord, l’entreprise a récemment fait grand bruit en révélant vouloir commercialiser le premier van pour chevaux imprimé en 3D au monde. Le propriétaire de Brad Heath, raconte avoir eu un déclic lorsqu’il y a 5 ans, il découvre par hasard Ingersol Machine Tools, une entreprise de l’Illinois qui avait fabriqué un bateau imprimé en 3D. Une prouesse authentifiée par le Guinness World Records.
« C’était impressionnant. Je les ai contactés et ils avaient la plus grande imprimante 3D au monde ; Je pense que le coût de l’équipement était d’environ 3 millions de dollars. Les coûts étaient astronomiques. » a déclaré Brad Heath à Horse & Hound, le plus ancien magazine équestre du Royaume-Uni.
Dès lors, Brad Heath a commencé à explorer les possibilités offertes par l’impression 3D, et étudié quelles pourraient être les meilleures combinaisons de matériaux possibles pour ses vans. Les progrès réalisés entre temps par la fabrication additive, ainsi que l’impact du Covid sur la santé de son entreprise, ont fini par le convaincre de se lancer.
« La pandémie a frappé notre fabrication, nous sommes donc encore à 10 mois », explique Brad Heat . « Si vous voulez une nouvelle remorque, je peux m’asseoir et vous parler mais je ne peux pas le faire pendant 10 mois. Ensuite, il y a des problèmes de chaîne d’approvisionnement et d’inflation – nos coûts ont augmenté de 54 %, donc une remorque qui était de 100 000 $ est maintenant de 154 000 $. De plus, notre taux de chômage est au plus bas depuis 50 ans et les entreprises ne peuvent pas embaucher. Donc, quand j’ai revu cela il y a environ un an, j’ai trouvé que cela résolvait beaucoup des problèmes auxquels nous sommes confrontés. »
Pour atteindre son objectif , Double D Trailers s’est entouré de deux partenaires : Loci Robotics Inc. et le studio One One Lab. Spécialisé dans le design automobile, ce dernier est chargé de créer le design moderne et fonctionnel de la remorque, tandis que LOCI va tirer parti de son système de bras robotisé LOCI-Tw pour imprimer la remorque. Celui-ci serait capable de déposer 450 kilos de matière en seulement 5 heures.
Côté matériaux, comme bien souvent avec ce genre de système d’impression 3D grand format, ce ne sont pas des filaments qui seront utilisés, mais des granulés. Non seulement le van sera imprimé à partir de matériaux recyclables, mais il sera 25 % plus léger. Les parties de la remorque qui réclament une résistance importante, comme le plancher et le châssis, seront imprimées en fibres de carbone – « l’un des matériaux les plus solides et les plus légers disponibles » explique Brad Heat. Le reste de la remorque, sera quant à lui imprimé en polycarbonate et en fibres de verre.
« L’impression 3D de grands objets n’est plus un concept du futur. C’est déjà une réalité. »
Le plus étonnant est que même les vitres seront fabriquées par impression 3D. Brad Heat parle d’un matériau translucide qui sera « suffisamment solide pour ne pas se casser si vous le frappez avec un marteau ». Au final, les seuls éléments du van qui ne seront pas réalisés de manière additive, sont les roues, les pneus et les essieux. Ce qui signifie que ces pièces sont les seules que l’entreprise devra acheter. Un bénéfice non-négligeable en termes de durabilité. C’est d’ailleurs l’une des raisons qui a poussé l’entreprise à se tourner vers la fabrication additive. Avec cette méthode, il est possible de produire avec des matériaux plus durables, et selon un processus respectueux de l’environnement.
Double D Horse Trailer ajoute que l’impression 3D résout également une grande partie des problèmes de chaîne d’approvisionnement, de coût et de main-d’œuvre liés au COVID tout en produisant des véhicules plus rapidement et avec plus de précision. L’autre avantage souligné par l’entreprise, enfin, est que lorsqu’une pièce sera en rupture, elle pourra rapidement être imprimée. Théoriquement, une pièce cassée pourrait même être fondue, puis réimprimée.
« L’impression 3D de grands objets n’est plus un concept du futur. C’est déjà une réalité. Notre équipe de Double D Trailers a passé l’année dernière à rechercher et à travailler avec diligence avec des concepteurs et des ingénieurs pour développer une remorque à chevaux imprimée en 3D qui est sûre, durable et durable pour l’environnement. » ajoute Double D Trailer.
Si tout se déroule comme prévu, Double D Horse Trailer devrait pouvoir sortir un premier prototype ce mois-ci. Une version à petite échelle néanmoins. Le prototype grandeur nature devrait voir le jour cet été. Le but étant de de lui faire subir à toute une série de tests très poussés.
Quant à la commercialisation de ce van 3D baptisé « SafeTack Reverse 2 Horse Bumper Pull Carbon Trailer », elle devrait intervenir en 2024. Son prix devrait flirter avec les 70 000 $. Si l’on s’en réfère au catalogue du fabricant, comparé à ses homologues traditionnels, cette remorque se situera donc dans la fourchette haute. À savoir que les remorques du même type sont habituellement vendues entre 25 000 $ et 61 000 $. Double D Horse Trailer précise d’ailleurs qu’il continuera à fabriquer des vans de manière traditionnelle.