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Rencontre avec Handddle et sa micro-usine de fabrication additive au plus près des besoins des entreprises

Une fabrication additive plus flexible et productive, telle est l’ambition de Handddle, une jeune start-up bordelaise qui a imaginé un concept de micro-usine modulaire dédié. Une solution qui vient à point nommé alors que beaucoup d’entreprises ont véritablement pris conscience pendant cette crise du Covid des fragilités de la supply-chain et des réponses que pouvait leur apporter l’impression 3D en termes d’agilité et d’indépendance de production. C’est pour faciliter l’accès à cette technologie et ses différentes étapes de la production, que Handddle a conçu une solution prête à l’emploi : la Smart Farm. Pour vous faire découvrir ce nouveau système et ses spécificités, Primante3D est allé à la rencontre de son co-fondateur Thomas Bourgoin.

« Rendre autonome le client dans l’élaboration de son processus de fabrication »

Thomas Bourgoin

Thomas Bourgoin, co-fondateur d’Handddle

Bonjour Thomas, pourriez-vous nous en dire plus sur votre parcours avec Handddle ?

Bonjour Alexandre, après des études d’ingénieur, centrées autour des moyens de production innovants, j’ai décidé de mêler mes appétences techniques et entrepreneuriales pour développer des applications autour de la fabrication digitale. Mes expériences professionnelles et personnelles m’ont amené à comprendre les enjeux de la technologie, notamment en collaborant avec BCN3D ou bien Prodways en France. Accompagné aujourd’hui par 2 associés, Dylan Taleb, sur la partie business et Pierre Marigo sur le développement logiciel. Des premiers travaux ont été initiés en fin de cycle de mon école d’ingénieur, à l’INSA Toulouse. Travaux sur lesquels j’avais collaboré avec Pierre. Fin 2019 et suite à l’accélération du marché sur le sujet, nous avons commencé à structurer notre développement pour en arriver à notre première solution aujourd’hui.

À quelles problématiques souhaitiez-vous répondre en créant Handddle ? Racontez-nous sa genèse.

Au départ, notre produit était plutôt orienté B2C dans le but de gérer les impressions d’un parc de machines hétérogènes. Très vite, nous nous sommes intéressés aux industriels, entreprises techniques et autres sociétés pouvant être intéressées par la technologie. De plus en plus de machines prennent place mais aucune organisation n’est définie autour de celles-ci. Résultat : trop peu d’usage pertinent et durable dans le temps. Nous voulons prouver le contraire, démontrer qu’en créant des unités de fabrication personnalisées, nous pouvons faire beaucoup plus ! Rendre autonome le client dans l’élaboration de son processus de fabrication, en ayant une suite d’outils qui lui permet d’intégrer et d’utiliser les différentes technologies du marché.  En quelque sorte, offrir la possibilité de se projeter avec l’impression 3D puis de l’exploiter.

« une solution modulaire permettant d’accepter tous les procédés de fabrication »

Thomas Bourgoin, Pierre Marigo et Dylan Taleb, les les trois co-fondateurs de Handddle

Thomas Bourgoin, Pierre Marigo et Dylan Taleb, les trois co-fondateurs de Handddle

À quels procédés et matériaux de fabrication additive se dédie votre solution ?

Notre première version Smart Farm est une solution modulaire permettant d’accepter tous les procédés de fabrication, dans la limite dimensionnelle imposée par notre système (Base au sol d’1m2 pour 2m10 de hauteur). Que le client veuille créer un parc FFF ou SLA, multi technologies ou pas, avec des moyens de post traitements ou pas, notre solution lui permet d’installer son unité de fabrication où il le souhaite, sans contrainte et au plus proche des collaborateurs. Positionner les machines c’est bien, avoir les matériaux nécessaires pour produire, c’est encore mieux. Toujours dans la Smart Farm, nous offrons la possibilité de créer des espaces de stockage de matériaux, sous conditions atmosphériques contrôlées.

En précisant leurs dimensions, présentez-nous les différents modules qui composent la Smart Farm et les possibilités de modularité.

Pour rentrer un peu plus dans les détails de la partie physique, nous offrons un volume utile maximal d’environ 2m3. La spécificité se situe dans le fait de moduler ce volume utile. Pour cela, nous avons développé des séparateurs que nous pouvons positionner à différents niveaux pour créer 2 ou 3 sous-volumes utiles indépendants. La configuration est très simple et peut évoluer dans le temps, en fonction de l’évolution du parc machine du client. Un seul pré-requis : de l’électricité et une connexion internet. La technologie embarquée développée et utilisée dans la Smart Farm est projetable à des échelles différentes ou à d’autres formats de micro-usines.

« Le cœur de notre produit, l’intelligence, est situé dans notre solution logicielle »

Quelles sont les capacités et spécificités de votre logiciel de pilotage ?

Le cœur de notre produit, l’intelligence, est situé dans notre solution logicielle, et est basé sur 3 piliers : la gestion utilisateurs, la gestion des ressources et la gestion de production. L’objectif dans un premier temps était de pouvoir suivre l’ensemble des tâches qui rentraient dans la Smart Farm et qui en sortaient, pour gérer cette unité au sein de l’entreprise.

L’électronique embarquée de la Smart Farm nous permet de proposer une certaine automatisation dans l’usage, que ce soit sur le suivi des stocks mais aussi sur la mise en conditions des différents volumes machines pour garantir la chaîne globale.

Avez-vous chiffré les gains de temps et de production possibles avec votre solution ?

Notre premier pilote nous permet de quantifier les gains apportés. Nous savons déjà que le temps d’installation d’un parc machine et l’organisation de la ligne de fabrication est 3 fois plus rapide, pour la simple raison, que le client n’a pas besoin de rentrer dans un projet d’équipements industriels avec des travaux en “dur”. C’est la micro usine qui vient chez lui.

En ce qui concerne la production, nous voyons déjà des apports sur deux critères principaux : la répétabilité de fabrication et l’optimisation de la gestion de production sur l’unité de fabrication. Les apports en traçabilité, en gestion des stocks ou encore sur les phases de maintenance sont également intéressants.

La SMART FARM d’Handddle

La Smart Farm d’Handddle

Que pouvez-vous nous dire sur votre modèle économique ?

A solution hybride, business model hybride. La Smart Farm est proposée à la vente et le logiciel en licences annuelles en fonction des utilisateurs. Nous travaillons sur un modèle encore plus agile qui va arriver dans les prochains mois.

Les entreprises disposées à investir en fabrication additive peinent on le sait à recruter la main d’œuvre qualifiée. Quelles sont les compétences requises pour piloter votre solution et l’accompagnement proposé ?

Nous simplifions l’accès aux procédés de fabrication. Notre expertise se retrouve dans la plateforme Handddle, ce qui permet de rendre autonomes des personnes dont le métier n’est pas celui de piloter des parcs machines. Notre capacité va même au-delà puisque nous sommes en mesure de qualifier des procédés pour des besoins définis et de transférer l’ensemble sur notre interface. De cette manière, un opérateur formé va exécuter le process de fabrication et le répéter autant de fois que nécessaire tout en gardant une qualité constante.

Quelle est la part de Made In France dans votre solution ?

Notre mission est de développer la fabrication distribuée, locale. Nous tenions à proposer un produit avec cette philosophie. Les éléments structurants mécaniques ainsi que l’électronique sont fabriqués en Nouvelle-Aquitaine, dans la région Bordelaise. Pour aller encore plus loin dans notre démarche, nous avons intégré 15% de pièces imprimées en 3D dans l’ensemble des composants constituant un module Smart Farm, eux-mêmes produits dans une unité Handddle.

« repousser les limites de la fabrication additive en l’intégrant dans des environnements où l’on ne fabriquait pas auparavant »

Gryp-3D, spécialiste de la reproduction de pièces automobile par impression 3D

Gryp-3D, spécialiste de la reproduction de pièces automobile par impression 3D

Que pouvez-vous nous dire sur vos premières installations et votre cible clientèle ?

Nous avons réalisé notre premier pilote, à Mérignac au sein de la société Gryp3D. C’est la première fois que nous installons un système complet, comprenant la micro usine et le logiciel. C’est un environnement très challengeant pour la solution dû au fait que nous sommes dans une société où le cœur de métier est l’impression 3D. C’est donc des dizaines de productions qui sont opérées chaque jour, sur un parc hétérogène. Standardiser leur process et le rendre robuste était l’objectif, Handddle Smart Farm a permis de le faire.

Nous avons aujourd’hui tous vu pousser des parcs de machines dans des lieux inhabituels, et c’est toute la puissance de cet outil, pouvoir répondre à une multitude de besoins avec un même procédé. Ainsi notre solution nous projette dans plusieurs types d’environnements, nous travaillons de façon très rapprochée avec le monde de l’éducation qui connaît lui aussi des problématiques similaires aux industriels. Notre ambition est de repousser les limites de la fabrication additive en l’intégrant dans des environnements où l’on ne fabriquait pas auparavant. Dans cette projection, nous nous sommes aussi donné comme challenge, de rapprocher ces outils de fabrication des consommateurs finaux. L’univers du retail serait lui aussi, un terrain de jeu emblématique pour Handddle.

Quelles sont vos ambitions pour 2021 ?

Nous travaillons actuellement sur deux sujets : le premier est relatif au développement de la V2 de la solution Smart Farm, version standard pour répondre à une certaine gamme de machines, dans l’optique d’arriver sur un produit capable d’être pré-industrialisé en fin d’année. Ce développement va nous permettre d’offrir au marché un moyen de certifier des unités de fabrication pour ensuite les exploiter commercialement.

Le deuxième est lui focus sur la partie logicielle, où nous sommes en train de créer une véritable plateforme intelligente accessible et dédiée à l’impression 3D, avec la capacité de gérer un parc machines mais également de rendre autonome très simplement les utilisateurs dans le but de construire sa propre chaîne de fabrication par impression 3D, peu importe si c’est pour de la production, de l’outillage ou encore du prototypage. De beaux sujets arrivent, restez attentif dans les prochaines semaines !

Alexandre Moussion