Si certains secteurs de l’industrie peinent à changer leurs habitudes de fabrication, celui de l’aérospatial s’est rapidement fait de la fabrication additive un allié clef de son innovation. Qu’il s’agisse d’avions, de fusées, ou de satellites, ses fabricants on vite compris le potentiel de cette technologie et son importance pour l’avenir de la fabrication spatiale. C’est le cas de Skyroot Aerospace, une start-up indienne fondée par d’anciens scientifiques de l’Organisation indienne de recherche spatiale (ISRO), qui a récemment présenté son premier moteur de fusée cryogénique imprimé en 3D.
Baptisé Dhawan-1 en référence au Dr Satish Dhawan, illustre scientifique indien qui a récemment fêté son 100e anniversaire, ce moteur entièrement fabriqué en Inde utilise 100% de cryopropulseurs (LNG / LoX). Le Dhawan-1 est un moteur dit « chimique », qui fonctionne à partir de deux corps gazeux, un Gaz Naturel Liquéfié (GNL) faisant office de carburant, et un oxygène liquéfié d’oxydant.
Naga Bharath Daka, directeur de l’exploitation, explique que Dhawan-I est un moteur cryogénique imprimé en 3D avec refroidissement régénératif. Le carburant qui est également utilisé comme liquide de refroidissement, passe dans les tubes et les canaux autour de la chambre de combustion. Une fois chauffé, celui-ci est injecté dans un générateur de gaz spécial ou directement dans la chambre de combustion principale.
Skyroot Aerospace explique avoir utilisé la fabrication additive pour fabriquer plusieurs pièces dont l’injecteur de son moteur « Raman » qui alimentera le lanceur Vikram I. Son cofondateur et PDG Pawan Kumar Chandana, a noté une vraie différence par apport à la fabrication traditionnelle. L’impression 3D aurait permis de réduire la masse globale de 50 %, mais aussi le nombre total de composants et le délai d’exécution de 80%. A la lumière de ces résultats, la start-up s’est dite impatiente d’imprimer en 3D l’intégralité du moteur cryogénique pour sa fusée Vikram-2.
Le Dhawan-1 alimentera les fusées Vikram de la société, une série de lanceurs spécialement conçus pour le marché des petits satellites. Le moteur est capable de redémarrer plusieurs fois ce qui leur permet de mettre plusieurs satellites en orbites en une seule mission.
Skyroot peut compter sur le nouveau centre national indien de promotion et d’autorisation de l’espace (IN-SPACe), qui permet d’accéder aux installations de test et de tir de l’ISRO. « Nous sommes déjà en discussion active avec l’ISRO pour les activités de test. Nous sommes impatients d’utiliser les gammes de lancement d’ISRO pour notre lancement », ajoute son PDG.