Depuis deux ans les initiatives autour de la construction 3D se sont significativement accélérées à travers le monde. Au point qu’on en viendrait presque à s’habituer aux exploits de cette technologie. Les spéculations et les effets d’annonces des débuts, semblent enfin avoir laissé place à plus de concret et de développement. Une bonne chose pour la crédibilité de ce secteur et la compréhension des véritables avantages et application concrètes de sa technologie. Son représentant le plus prolifique actuellement s’appelle Cobod, une start-up danoise qui sillonne le monde avec sa technologie d’impression 3D béton. Après avoir réalisé de nombreux projets clés dans la construction 3D en Europe, Afrique et Asie en 2020, la jeune pousse a posé ses valises (ou plutôt ses containers) en Floride.
Son dernier client s’appelle Printed Farms, une jeune pousse basée à Wellington qui a utilisé son imprimante géante BOD2 pour imprimer le premier bâtiment 3D de cet état. Il est question cette fois-ci d’un bâtiment agricole de 71 m2, qui servira à terme de stockage pour les équipements dont le propriétaire dispose pour gérer ses nombreuses écuries. L’imprimante à l’origine de cet exploit, affiche des dimensions impressionnantes, soit environ 15 x 12,5 x 10 m (50 x 42 x 33 pi) ; un gabarit qui lui confère un volume de construction parmi les plus importants pour une machine à portique.
Une fois de plus il est important de préciser que l’impression 3D béton ne permet pas de créer un bâtiment en entier, mais « uniquement » la structure, c’est à dire les murs. Comme la plupart de ses concurrents, la technologie développée par Cobod reprend le principe du FDM, c’est à dire le dépôt de matière. Tout comme une imprimante 3D de bureau, un modèle numérique 3D est d’abord créé à l’aide d’un logiciel de modélisation 3D puis traduit en langage G-code. Ce langage spécifique est envoyé à l’imprimante pour guider la tête d’impression.
« Nous observons un plus grand intérêt du marché américain et nous avons trois imprimantes en route vers les États-Unis »
Cobod a construit sa BOD2 (Building On Demand) sur un système de portique qui fonctionne donc selon un système de coordination cartésien. Son axe X correspond à la longueur des rails qui déplacent la machine d’avant en arrière, tandis que son axe Y correspond à la longueur du rail portant la tête d’impression et reliant les piliers. Ces derniers définis par l’axe Z, se déplacent de haut en bas. L’imprimante s’accompagne d’un malaxeur pompe qui permet de mélanger le béton sec avec la bonne quantité d’eau, et d’envoyer celui-ci jusqu’au trémie de la tête d’impression. Cette dernière se présente sous la forme d’une buse tangentielle qui permet d’obtenir une surface lisse des murs.
Printed Farms est la première organisation américaine à se doter d’une BOD2. L’objectif de la start-up dans un premier temps, est de maîtriser l’équipement et d’expérimenter ses capacités sur différents types de constructions. COBOD affirme qu’avec sa machine, Printed Farms serait en mesure de construire une maison pouvait faire jusqu’à 180 m2 sur 3 étages pour un total de 540m2 (6.000 sqf). Cobod précise que pendant l’impression du bâtiment agricole, sa structure a été renforcé par des barres d’armature, terminée avec une plateforme de système ICF et validé par un ingénieur de structure.
« Nous sommes très heureux d’avoir vendu notre imprimante BOD2 à Printed Farms qui l’a utilisée pour l’impression du premier bâtiment imprimé en 3D en Floride. » A déclaré Henrik Lund-Nielsen, fondateur et directeur général de COBOD . « Ceci n’est sûrement pas le dernier bâtiment imprimé par une imprimante fourni par COBOD. Nous observons un plus grand intérêt du marché américain et nous avons trois imprimantes en route vers les États-Unis cette année. Les États-Unis sont en manque de logements de qualité à bas prix. Nous avons la technologie pour fournir cela d’une manière rapide et économique en utilisant moins de main-d’œuvre que d’autres méthodes alternatives. »
Fidèle à ses ambitions Cobod enchaine les projets. La société espère pouvoir réaliser prochainement deux autres constructions en Floride ; des villas qui seraient actuellement en cours d’obtention d’autorisation. L’entreprise dit s’intéresser particulièrement à la Floride, un État qui comme malheureusement chacun sait est le plus touché par les ouragans aux États-Unis. L’impression 3D béton pourrait lui être d’un grand secours en construisant des logements à la fois abordables, rapides et résistants aux ouragans. Les projets de Cobod ne se cantonnent pas uniquement aux bâtiments. Un rapprochement a également eu lieu avec le cimentier LafargeHolcim pour réaliser des socles en béton pour mats d’éolienne.
*crédits photos : Cobod