Au-delà du défi qu’elle constitue pour nos systèmes de santé, la pandémie de Covid-19 met aujourd’hui en exergue notre dépendance au marché chinois et les vulnérabilités de nos chaînes logistiques mondialisées. Des produits informatiques au textile, les ruptures d’approvisionnements font tousser le système économique mondial. S’il est encore trop tôt pour dire quel sera l’impact de cette crise sur le marché fabrication additive, elle jette un coup de projecteur sur sa capacité à modifier en profondeur la chaîne d’approvisionnement de nos entreprises.
Si l’impression 3D ne peut se substituer à toutes les techniques traditionnelles de fabrication et répondre à tous les besoins, nombreuses sont les entreprises qui ont déjà démontré ses bénéfices pour relocaliser la production et fabriquer à la demande dans des délais extrêmement réduits. Cette formidable réactivité dont bénéficie l’impression 3D par rapport aux moyens de production classique, un hôpital du nord de l’Italie a pu en constater les effets.
C’est ce que nous rapporte notre confère italien 3dpbm. Situé non loin de Brescia, l’une des régions les plus touchées du pays par le coronavirus, l’établissement qui avait un besoin urgent de valve de remplacement pour des respirateurs artificiels, a pu grâce à l’impression 3D fabriquer la pièce en un temps record.
Le fournisseur ne pouvant plus fournir de pièce de rechange dans un délai assez court pour le service de réanimation, les conséquences auraient pu être dramatiques pour les patients placés en soin intensif. L’Italie doit en effet faire face à un nombre massif de personnes en insuffisance respiratoire qui ont besoin de respirateurs artificiels pour vivre assez longtemps, de sorte que leurs anticorps puissent combattre l’infection.
Alerté par la presse locale, le fondateur d’un fablab de Milan, Massimo Temporelli, a lancé plusieurs appels auprès des prestataires d’impression 3D. Fort heureusement, une entreprise dénommée Isinnova a fini par répondre positivement à la demande. “Nous avons reçu un appel téléphonique, on nous a dit qu’à l’hôpital de Chiari, les valves des respirateurs manquaient et que des gens mouraient. » Explique son CEO Cristian Fracassi. La manière ordinaire, celle de fournir des pièces standard, n’était pas réalisable pour une simple raison de temps. Que devions-nous faire ? La vie des gens était en danger, et nous avons agi. C’est tout, nous n’avons fait que notre devoir.”
Face à l’urgence, Cristian Fracassi explique être venu directement apporter une imprimante 3D à l’hôpital, pour ensuite dessiner et imprimer directement sur place la pièce en quelques heures. Non seulement le système fonctionne, mais ce sont déjà 10 patients qui peuvent respirer grâce des machines équipées de valves imprimées en 3D.
Si parce que l’urgence l’imposait, et parce que plus facile à transporter, c’est une imprimante 3D de bureau de type FDM (dépôt de filament fondu) qui a été utilisée, ont apprend que d’autres valves ont par la suite été imprimées sur un système industriel à frittage laser (voir photo ci-dessous) par un prestataire local dénommé Lonati SpA. Spécialisée dans les équipements pour l’industrie graphique, cette entreprise familiale est même jusqu’à aller faire un don de 20 000 € à l’hôpital de Brescia, et Scalo Milano Outlet & More », une propriété du groupe Lonati, 50 000 € à l’hôpital Sacco de Milan.