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Joe Biden lance un plan national pour accélérer l’impression 3D

Joe Biden lance un plan national pour accélérer l’impression 3D

Neuf ans après que Barack Obama ait prédit que l’impression 3D entraînerait une véritable révolution industrielle et pris certaines mesures pour réaliser sa prophétie, son successeur Joe Biden s’est à son tour emparé du sujet pour tenter de hisser enfin cette technologie à la place qu’elle mérite. Si les lignes sont en train de bouger et que de nombreuses avancées ont été enregistrées par la fabrication additive ces dernières années, la bascule telle qu’on aurait pu l’espérer n’a pas encore eu lieu. Un certain nombre de freins, aussi bien d’ordre culturel, réglementaire, que technique, conduisent à des volumes qui restent encore relativement faibles.

Dans un contexte inflationniste et d’envolée des importations du pays, le président des Etats-Unis a profité ce matin d’une visite dans l’Ohio pour annoncer une initiative visant à stimuler l’impression 3D. Un plan d’action national baptisée Additive Manufacturing Forward (AM Forward), qui a pour objectif de promouvoir cette technologie comme l’une des solutions pouvant contrecarrer la hausse des prix et à la baisse de la compétitivité des petits et moyens fabricants américains.

« La technologie d’impression 3D est incroyable », a déclaré Joe Biden, « Elle permet de réduire de 90 % les délais de fabrication des pièces, de diminuer de 90 % le coût des matériaux et de réduire de moitié la consommation d’énergie. Tout cela contribue à réduire le coût de fabrication des produits en Amérique. Mais toutes les petites et moyennes entreprises n’ont pas accès au soutien nécessaire pour adopter cette technologie. »

Face à des ventes qui peine encore à décoller, en raison d’investissements encore trop timides notamment, mais aussi d’une mentalité peut entrain au changement du côté des bureaux d’études et des acheteurs, le plan AM Forward vise d’abord à mettre en place un pacte de manière à ce que les grandes entreprises manufacturières américaines s’engagent à acheter des pièces imprimées en 3D auprès de fournisseurs américains de petite et moyenne taille. Le but étant de dénouer le goulot d’étranglement que constitue le manque de dynamisme de la demande, tout en s’appuyant sur la capacité de relocalisation de l’impression 3D pour réduire la dépendance des Etats-Unis vis-à-vis des usines à l’étranger, à fortiori chinoises.

« Pas assez d’entreprises américaines utilisent l’impression 3D ou d’autres technologies de production de pointe »

Harold Sears, responsable technique de la fabrication additive, inspectant des pièces métalliques imprimées sur une imprimante 3D métal

Harold Sears, responsable technique de la fabrication additive chez Ford, inspectant des pièces métalliques imprimées sur une imprimante 3D métal (crédits photo : Ford)

GE Aviation, Lockheed Martin, Raytheon, Honeywell, Siemens Energy font partie des premiers équipementiers à avoir rejoint ce pacte volontaire. Pour donner une idée des objectifs à atteindre, à titre d’exemple, GE Aviation s’engagerait à l’avenir à faire appel à des fabricants de PME dans plus de 50 % de ses demandes de devis sur des produits fabriqués à l’aide de technologies additives. Plus intéressant encore, la société serait près à passer les 30 % de son approvisionnement externe total, en pièces fabriquées de manière additive auprès de fournisseurs PME basés aux États-Unis.

« Pas assez d’entreprises américaines utilisent l’impression 3D ou d’autres technologies de production de pointe« , a déclaré l’administration américaine dans un communiqué. « Suivre le rythme des changements technologiques ne devrait pas être la capacité de quelques-uns, ou un objectif à l’horizon, hors de portée pour la plupart de notre base de fabrication. »

Outre leur engagement à acheter des pièces additives à des fournisseurs américains, ces derniers s’engagent également à fournir une assistance technique et participer à l’élaboration de normes industrielles. De quoi redonner, on l’espère confiance à des clients peu enclins à prendre des risques financiers, que ce soit pour investir dans de nouvelles machines, de nouveaux logiciels, mais aussi dans les compétences techniques que requiert cette technologie.

C’est dans cette optique que le deuxième axe du plan AM Forward s’appuiera sur le programme Business and Industrys du ministère américain de l’Agriculture, de manière à permettre l’achat de nouvelles machines de fabrication additive pour les fabricants ruraux, ainsi que la formation nécessaire pour perfectionner leur main-d’œuvre.

« Les technologies d’impression 3D industrielles sont prêtes aujourd’hui pour prendre en charge l’impression 3D en série »

America Makes, l’institut national de la fabrication additive aux Etats-Unis

America Makes, l’institut national de la fabrication additive aux Etats-Unis

De son côté, le ministère de l’énergie s’est engagé à mettre le laboratoire national d’Oak Ridge à disposition des fabricants, pour tester de nouvelles technologies additives, et leur fournir l’assistance technique. Le troisième volet du plan AM Forward, enfin, et non des moindres, sera orchestré par le ministère de la Défense qui travaillera avec America Makes, l’institut national de la fabrication additive aux Etats-Unis, pour mettre en oeuvre un projet pilote de normalisation. Mobilisé lui aussi sur le sujet, le National Institute of Standards and Technology (NIST) aura en charge la mise en oeuvre de normes pour la fabrication additive métallique.

Comme on pouvait s’y attendre, ce florilège de mesures dont on attend avec impatience de voir les premiers effets, n’a pas manqué de susciter l’enthousiasme des fabricants d’imprimantes 3D : « Nous applaudissons cette initiative visant à stimuler la flexibilité de la chaîne d’approvisionnement et les progrès de la fabrication durable grâce à la fabrication additive 2.0. » A déclaré Desktop Metal. « Les technologies d’impression 3D industrielles sont prêtes aujourd’hui pour prendre en charge l’impression 3D en série. »

« Nul doute que le temps de la fabrication additive est arrivé. » ajoute son homologue Carbon. « #AMForward est une initiative qui non seulement aidera à résoudre les défis de la chaîne d’approvisionnement, mais attirera également l’attention sur la façon dont notre industrie est prête à fournir des solutions de fabrication plus larges ! »

Longtemps critiquée pour sans manque d’initiatives sur le sujet, la France n’est pas non plus en reste. C’était il y a un an déjà, l’association FRANCE ADDITIVE, le Symop et l’UIMM, les trois organismes en charge d’un plan de développement de la Fabrication Additive en France, avaient lancé le « Plan national Impression 3D ». Un programme ambitieux qui vise notamment à flécher des dispositifs existants, l’objectif étant, in fine, de favoriser les solutions françaises tout en détectant les besoins de compétences et renforçant l’offre de formation. À l’époque, elles étaient déjà cinq filières industrielles (Mer, Aéronautique, Nucléaire, Ferroviaire, Mode et Luxe) avoir inscrit la fabrication additive dans leur contrat stratégique.

Alexandre Moussion