Réputé pour ses analyses sur le marché de l’impression 3D, Context nous confirme malheureusement ses prédictions antérieures selon lesquelles l’année 2023 s’annoncerait plus difficile pour cette technologie. Dans un contexte économique défavorable, fortement marqué par l’inflation et des taux d’intérêt élevés, le dernier rapport du cabinet britannique a constaté un net ralentissement des livraisons d’imprimantes 3D industrielles. Selon ses experts, la tendance actuelle se dirige plutôt vers les machines d’entrée de gamme. Au quatrième trimestre 2023, leurs ventes ont progressé de 9 %.
Partagé en quatre groupes distincts, c’est à dire les imprimantes 3D industrielles à 100 000 dollars ou plus, les imprimantes 3D de milieu de gamme entre 20 000 et 100 000 dollars, les imprimantes professionnelles entre 2 500 et 20 000 dollars, et les imprimantes d’entrée de gamme à moins de 2 500 dollars, ce rapport indique que seulement 33 % des revenus totaux de cette industrie proviennent de sociétés cotées en bourse. Parmi celles-ci, des entreprises telles que Stratasys, 3D Systems et Velo3D, se concentrant principalement sur les systèmes de niveau industriel, n’ont représenté que 51 % des ventes de machines au troisième trimestre 2023 dans cette catégorie de prix.
Plus concrètement, le rapport révèle une baisse de 11 % des livraisons mondiales pour les systèmes industriels au troisième trimestre 2023. Cette tendance est encore plus prononcée pour les solutions polymères, avec une chute de 17 % des livraisons d’imprimantes polymères, alors que les livraisons d’imprimantes 3D métal n’ont connu qu’une baisse de 3 %.
Les experts de Context attribuent ce chiffre aux mauvais résultats (-9 %) enregistrés par les ventes de systèmes à fusion laser sur lit de poudre. Toutefois, cette tendance a été contenue par la hausse des revenus (+8%) provenant des systèmes à fusion sur lit de poudre multi-laser, offrant un plus grand volume de fabrication, et d’autres technologies. L’autre segment à avoir tiré son épingle du jeu et bénéficié d’une belle croissance, est celui des systèmes métal DED (dépôt d’énergie concentrée). Sur ce créneau naissant, l’espagnol Meltio et l’australien SPEE3D figurent parmi les leaders.
« Les craintes de récession régionale se sont largement atténuées et la valeur fondamentale de la fabrication additive est bien reconnue dans tous les secteurs »
L’autre contre performance notable observée par le cabinet britannique, concerne le segment des imprimantes 3D de milieu de gamme. Les leaders de ce marché que sont Stratasys, 3D Systems et Markforged, auraient enregistré des résultats particulièrement mauvais. En dépit des bons chiffres enregistrés par les systèmes PBF plus accessibles, comme la Fuse 1 de Formlab, les ventes ont reculé de 5 %. L’une des raisons invoquées par Context, est que ce segment du marché a été affecté par les conséquences de la pandémie de Covid-19. Sur un an, le fabricant chinois UnionTech a rapporté une baisse de 28 % de ses expéditions.
Dans ce rapport, le chiffre auquel on ne s’attendait pas forcément, vient de la catégorie des imprimantes professionnelles qui a enregistré une chute spectaculaire de 40 %. Une tendance que Context explique par le fait que les utilisateurs préfèrent recourir à des solutions moins chères, et ce même si elles offrent des performances moindres.
La bonne nouvelle à retenir au milieu de ces résultats en berne, concerne donc la progression des systèmes d’entrée de gamme. Sans surprise, ce sont les fabricants chinois Bambu Lab, Elegoo et Creality, qui ont joué un rôle majeur dance cette croissance de + 9 %. Leur cannibalisation du segment professionnel, est une tendance que l’on pourrait bien retrouver chez les systèmes industriels, avec une montée des machines à plus bas coûts.
Context conclut malgré tout son rapport sur une note optimiste. Il anticipe une reprise de la croissance au cours du deuxième semestre 2025, une fois que le contexte économique sera plus favorable. « Une année 2023 difficile a ouvert la voie à un rebond et les expéditions d’imprimantes 3D devraient s’accélérer dans les années à venir », a ajouté Chris Connery. « Actuellement, il semble que les taux d’intérêt mondiaux resteront élevés au moins jusqu’au premier semestre 2024, ce qui pourrait toutefois signifier que les livraisons de systèmes industriels resteront stagnantes à court terme. Les craintes de récession régionale se sont largement atténuées et la valeur fondamentale de la fabrication additive est bien reconnue dans tous les secteurs, ouvrant la voie à une croissance accélérée une fois que le coût du capital aura baissé au second semestre et jusqu’en 2025. »