Si l’accès aux fichiers 3D s’est fortement démocratisé ses dernières années, malheureusement pour nous francophones, leurs plateformes sont en majorité éditées dans la langue de Shakespeare. Thingiverse, Cubehero, Shapeways… tous ces sites de partage sont en anglais et pour celui qui n’est pas parfaitement bilingue, difficile parfois de trouver le modèle qui correspond exactement à ce qu’il recherche. De surcroît et même pour les catalogues les plus fournis, le nombre de fichiers obtenus pour certaines requêtes reste encore faible, obligeant de ce fait l’internaute à chercher sur plusieurs sites à la fois. Une défaillance et une carence qui n’auront pas échappées à Raphaël Salapate et Ivan Couet, deux français qui se sont emparés de cette problématique pour développer un moteur plus en phase avec les besoins de l’utilisateur. Forts de leur expérience dans ce domaine, ces derniers ont donc créé Printmeasheep, une plateforme multilingue capable d’agréger les résultats de tous ces sites.Toujours empreint à supporter les projets novateurs à la sauce Made In France, PRIMANTE3D est allé à la rencontre de ses deux fondateurs.
« aujourd’hui sur un site comme thingiverse ou ponoko, les recherches en langue française ne sont pas possibles »
Raphaël et Ivan bonjour, pourriez-vous vous présenter ? Comment devient-on les fondateurs de printmeasheep, quels sont vos parcours respectifs ?
Raphaël : Bonjour, Je m’appelle Raphaël Salapete, je suis ingénieur matériaux et procédés de formation et je viens de l’industrie aérospatiale dans laquelle je développe le procédé de fabrication additive pour la fabrication de pièces métalliques. Je suis depuis 4 ans devenu un 3D addictif et j’ai acheté une imprimante 3D à la maison pour fabriquer des pièces, pouvoir offrir mes propres cadeaux, réparer du mobilier… Je me suis lancé dans le projet printmeasheep au début de l’année 2014 avec Ivan mon ami Vernonnais car je voulais monter une start-up autour du thème de la fabrication additive.
Ivan : Bonjour, pour ma part, c’est Raphaël qui m’a fait découvrir l’univers si incroyable de l’impression 3D. J’avais vu les reportages à la TV sur le sujet mais je ne m’imaginais pas tout ce qu’on pouvait faire avec cette nouvelle technologie : de la nourriture, des prothèses pour retrouver l’usage de ses mains, des organes, des objets utile de la vie de tous les jours … Je suis à la base webmaster et revenir à du concret grâce à la technologie m’a tout de suite beaucoup plu. J’ai par le passé développé des sites notamment de cuisine avec le chef étoilé Patrick Asfaux (AFTouch-cuisine.com) et mettre mes compétences de développeur web au service de printmeasheep a été une occasion que j’ai saisi : J’ai dit « allez Bingo ».
« comment peut-on trouver des designs à télécharger ou des objets à fabriquer avec une imprimante 3D sur le net ? »
Comment est né ce moteur de recherche et cette plateforme ? Que pensez-vous apporter de plus que vos concurrents et quelle est votre philosophie ?
Raphaël : Le site printmeasheep.com est né de la volonté à la suite d’une discussion sur le thème « comment peut-on trouver des designs à télécharger ou des objets à fabriquer avec une imprimante 3D sur le net ?« . On s’est vite rendu compte qu’il existait de nombreuses « marketplaces » de designs spécialisés ou d’objets à vendre mais celles-ci présentaient plusieurs possibilités d’améliorations.
Lorsqu’on cherche aujourd’hui sur un site comme Thingiverse ou Ponoko, les recherches en langue française ne sont pas possibles, … le nombre de designs obtenus à partir d’une recherche sont encore trop limités (en moyenne 5 à 6 objets), enfin les sites sont généralement spécialisés ou sur la vente d’objets ou sur le téléchargement de fichier 3D gratuit. Nous avons donc décidé de créer printmeasheep.com pour améliorer le service rendu aux internautes, notamment : En leur permettant de faire des recherches dans leur langue naturelle (aujourd’hui printmeasheep est disponible en français, italien, espagnol et anglais bien sûr) ; en agrégeant les résultats de recherches de plusieurs sites (en moyenne 50 résultats) ; en proposant des objets à imprimer et des objets à acheter sur les résultats de recherches (pas l’un ou l’autre).
Nous l’avons donc imaginé simple. La référence au petit Prince de St-Expérury nous a paru évidente lorsque nous avons choisi le nom du site. Il véhicule des valeurs que nous souhaitons également porter : Le rêve. Tout le monde peut créer en fonction de ses besoins ; l’accessibilité au savoir pour le plus grand nombre de personnes.
Quel est votre modèle économique ?
Ivan : Pour l’instant on n’en a pas (lol). Notre business model est en construction. Notre objectif principal étant pour le moment de simplifier la vie des « makers » et de permettre aux sites de ventes de machines, de fils, … d’offrir du contenu supplémentaire sur leur site pour leurs internautes. Pour cela nous avons développé un plugin qui permettra à nos partenaires d’afficher les designs 3D de printmeasheep sur leur site. Après on verra …
« Le catalogue compte aujourd’hui plus de 100 000 fichiers »
Combien votre catalogue compte-t’il de fichiers à ce jour ? Quels sont vos critères de sélections – Avez-vous des restrictions ou des interdits ?
Raphaël : Le catalogue compte aujourd’hui plus de 100 000 fichiers. Nos critères de sélection sont simples, nous référençons les sites qui ont un catalogue estampillé « impression 3D ». Après nous faisons confiance à nos partenaires qui ont des politiques d’imprimabilité des designs et de conseil sur les matériaux à choisir. Nous ne sommes, pour le moment, que la porte d’entrée vers ces sites, le service d’impression d’objets reste géré par eux. Oui nous avons clairement des interdits : les armes par exemple, on ne peut pas porter les valeurs du petit prince et proposer des armes à imprimer.
Quelles sont les catégories les plus consultées et les fichiers les plus téléchargés ? Un site se démarque t’il nettement ?
Ivan : La tendance du moment est aux gadgets et aux personnages de fiction comme des figurines de Yoda par exemple. Les utilisateurs d’imprimantes 3D sont en majorité encore dans la découverte de leur machine. Le nombre de pages vues par visiteur sur notre site (plus de 6) montre clairement que beaucoup d’entre eux viennent sur printmeasheep.com pour trouver des idées et découvrir l’incroyable étendu des possibilités qui s’offrent à eux. Il n’y a pas encore de site qui se démarque vraiment par rapport aux autres.
« un espace où les internautes, designers, marques pourront uploader leurs fichiers pour les vendre ou les distribuer gratuitement »
Quelles sont vos ambitions, pensez vous à terme proposer vos propres fichiers ou proposer d’autres langues ? Envisagez-vous des mises à jour ou des améliorations, comme traduire les descriptifs des fichiers ?
Raphaël : Nous avons plein de projets, nous comptons à court terme proposer un espace où les internautes, designers, marques pourront uploader leurs fichiers pour les vendre ou les distribuer gratuitement. L’extension à encore plus de langues est évidemment un autre objectif, nous prévoyons de traduire le site en Japonais, russe, portuguais à court terme et puis d’autres langues. L’écosystème bougeant tous les mois beaucoup, nous développerons le site en fonction des besoins des internautes. La traduction des descriptifs des fichiers est également envisagée.
Pour mes lecteurs si vous deviez donner un fichier coup de cœur gratuit et le fichier payant qui aurait selon vous le meilleur qualité-prix ?
Raphaël : Le lapin de pâques en forme de cellules de Voronoi est un de mes favoris. Il montre tout le potentiel de l’impression 3D car il trop compliqué à réaliser par un autre procédé.
Ivan : Pour un objet payant, comme nous approchons de noël, ces 3 flocons stylisés pour 5$ me paraissent très jolis et pas chers.
L’impression 3D personnelle laisse parfois perplexe, certains remettent en cause l’intérêt et la qualité des objets qu’elle permet de fabriquer… Que leur répondriez-vous ?
Raphaël : Qu’ils ont raison, la qualité pour faire de jolies pièces n’est pas encore là ! Mais que tout cela va s’améliorer avec le temps. J’ai acheté une imprimante Solidoodle pour 500$ il y a deux ans et la qualité des impressions réalisées est disons le, moyenne. Tout dépend de la pièce que vous voulez faire. J’ai réparé une chaise dont une pièce en plastique était cassée, deux ans après elle tient toujours ! et des pièces comme ça j’en ai fait des dizaines en 2 ans pour moi et pour mes amis.
Ma machine est amortie et je n’ai pas eu à la réparer, donc ce n’est pas un mauvais investissement, non ? Et puis, elle est maintenant vieille, les nouvelles machines déjà sur le marché ou arrivant sont bien plus performantes et surtout ergonomiques. Et même si je ne sais pas si tout le monde sera équipé demain d’une machine à la maison, une enseigne comme la poste propose déjà des solutions d’impression à la demande, avec des qualités bien supérieures à celles des machines personnelles low cost. Donc en résumé, la qualité va s’améliorer et l’intérêt avec.
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