
(crédits photo : Leul Menuiseries)
Plus de huit ans déjà après sa première interview de Leul Menuiseries, une entreprise deux-sévrienne pionnière dans l’utilisation de l’impression 3D, PRIMANTE3D a retrouvé Xavier Le Fur, son responsable de bureau d’études. À rebours de certains préjugés subsistants encore, son retour d’expérience nous rappelle qu’il n’est nul besoin d’investir des sommes mirobolantes dans des machines industrielles pour commencer à bénéficier des nombreux avantages de la fabrication additive. Les imprimantes 3D de bureau offrent des opportunités encore aujourd’hui sous- exploitées par le monde professionnel. De manière très concrète, Leul Menuiseries nous démontre les bénéfices de cette technologie au sein d’une entreprise.
« L’un des principaux avantages de l’impression 3D est la vitesse à laquelle nos réalisations peuvent être fabriquées par rapport aux méthodes traditionnelles d’usinages »

Xavier Le Fur, responsable de bureau d’études de Leul Menuiseries
Bonjour Xavier Lefur, quel est le parcours qui vous a conduit jusqu’à Leul Menuiseries ?
Bonjour Alexandre, ce sont des orientations techniques qui ont construit mon parcours, du CAP au BTS dans le domaine du bois. L’occasion d’intégrer le monde de la menuiserie industrielle s’est faite dès la fin de mes études en 1999, en intégrant directement le bureau d’études Jhindustrie à Challans.
7ans plus tard, en 2006, l’opportunité d’un nouveau challenge m’amène à Thouars chez Leul Menuiseries pour la création du BE et le développement de nouvelles gammes. Aujourd’hui encore, les défis et les évolutions techniques de notre métier sont autant de raisons de poursuivre dans cette voie.
Pouvez-vous nous raconter l’histoire et les origines de Leul Menuiseries ? Qu’est-ce qui a inspiré sa création et comment l’entreprise a-t-elle évolué depuis ses débuts ?

Fondée en 1973, Leul Menuiseries se situe près de Thouars dans les Deux-Sèvres en Nouvelle Aquitaine (crédits photo : Leul Menuiseries)
Dans les Deux-Sèvres, près de Thouars, Dominique LOEUL, jeune menuisier, décide de créer son entreprise artisanale en 1973. Passionné à la fois par le bois et les solutions techniques pour produire des menuiseries de qualité, il se focalise très vite sur les fenêtres. Par la suite, son équipement devenant surdimensionné pour ses propres besoins, Dominique LOEUL commence à produire pour les autres artisans.
Il fait alors profiter de son savoir-faire et de sa rigueur aux autres professionnels. L’épopée industrielle commence ! En 1990 c’est la création de l’atelier PVC avec 40 châssis par jour, puis 1996 la création de l’atelier aluminium. 1999, 1er salon professionnel. Puis d’extension en investissement Leul menuiseries c’est aujourd’hui 470 menuiseries produite quotidiennement, 450 collaborateurs et 50 ans d’existence cette année. Aujourd’hui Ludovic et Alexandre LOEUL poursuivent le développement de l’entreprise familiale.
« En production comme au BE, il est également important de suivre les évolutions matérielles ; logicielles, imprimantes et formation continu… »

Logo de l’entreprise
Quelles sont les responsabilités inhérentes au poste de responsable de bureau d’études et comment ce rôle impacte-t-il l’adoption de nouvelles technologies telle que l’impression 3D ?
Le bureau d’études est le point d’entrée ou de départ de la plupart des projets. Les activités sont multiples ; la mise en place ou l’amélioration des produits, apporter des réponses aux questionnements spécifiques de nos clients ou collaborateurs, réalisations de plans chantier et gestion de la documentation technique. Tout en participant aux études, mon rôle consiste au bon fonctionnement de tout cela, suivi et hiérarchisation des demandes avec la collaboration de tous les services supports ; Services méthodes/industrialisation, qualité, commerce, marketing et informatique mais également en lien avec nos fournisseurs.
Nos outils de travail sont également la clé de notre réussite. En production comme au BE, il est également important de suivre les évolutions matérielles ; logicielles, imprimantes et formation continue en fonction des besoins. L’impression 3D participe à ce niveau de technicité et de réactivité du BE.
« Aujourd’hui 3 imprimantes sont présentes au bureau d’étude : une Upbox et deux UP300 »
Il y a 8 ans déjà, je vous interviewais sur votre utilisation pionnière de l’impression 3D. À l’époque, Leul Menuiseries était alors équipée d’une petite imprimante 3D de bureau qui s’avérait extrêmement précieuse pour créer rapidement et à coût réduit vos prototypes. Pouvez-vous nous décrire les types d’imprimantes 3D que vous utilisez actuellement ? Combien d’entre elles composent votre parc de machines ?

L’une des imprimantes 3D UP300 de Leul Menuiseries réalisant un lot de pièces (crédits photo : Leul Menuiseries)
Notre besoin n’a pas beaucoup évolué, il s’est seulement agrandi et actualisé. Nous sommes restés fidèles aux machines de chez Tiertime avec l’impression au fil ABS, en coloris noir et blanc uniquement. Notre 1ére imprimante, le modèle Up+2 acquise en 2014, est désormais au placard.
Aujourd’hui 3 imprimantes sont présentes au bureau d’études : une Upbox présente depuis 2016, puis plus récemment entre 2020 et 2022, deux UP300. Ces dernières, toutes aussi précises, sont bien plus robustes et très rapides.
« l’impression 3D intégrée nous a apporté une solution beaucoup plus rapide et économe »
Décrivez-nous les diverses applications actuelles rendues possibles par vos imprimantes 3D et les bénéfices de cette technologie ?

Gabarit de contrôle imprimé en 3D (crédits photo : Leul Menuiseries)
Aujourd’hui l’impression 3D est quotidienne au BE pour de multiples applications. Principalement du prototypage ; gabarit de contrôle ou d’assemblage mais aussi des profils ou pièces diverses. Cela permet de vérifier et valider concrètement au BE ou de tester en production avant tout lancement en fabrication dans des matériaux plus pérennes. Nous réalisons également quelques pièces de série, sur du petit quantitatif et sans contrainte mécanique, comme par exemple de la cale de compensation.
Cette technologie nous permet d’être réactif et de répondre dans un délai très court. Là où certains fournisseurs proposent des délais qui se comptent en semaines avec un coût élevé pour une commande mini, l’impression 3D intégrée nous a apporté une solution beaucoup plus rapide et économe. Durant cette phase d’essais, la notion de délai et coût ne sont plus une contrainte et permettent de corriger ou améliorer si nécessaire.
« Les technologies d’impression ont énormément évolué ces dernières années, l’éventail des matériaux et matériel est vaste »
Que pouvez-vous nous dire sur le coût de vos machines et de ses consommables. J’imagine que le ROI a dû être relativement rapide ?

Un prototype de moulure réalisé sur l’une des imprimantes 3D de l’entreprise (crédits photo : Leul Menuiseries)
Les technologies d’impression ont énormément évolué ces dernières années, l’éventail des matériaux et matériel est vaste. Pour notre besoin la technologie de dépôt de fil par extrusion est la solution la plus adaptée, mais aussi la plus abordable, 2 500€ pour une imprimante UP300.
Effectivement le retour sur investissement est rapide, le calcul n’a pas été nécessaire. En 10 impressions de pièces, la machine est rentable. Nous consommons 5-6 kilos d’ABS/an, en bobine de 500g à 27euros. Soit 300 à 400 euros de consommable annuel, ce qui correspond à une seule demande de prototype découpe au fil par exemple.
Votre expérience montre qu’il n’est pas nécessaire d’investir des sommes mirobolantes pour tirer parti de l’impression 3D. Selon vous quels sont les autres éléments clés à prendre en compte, en plus du calcul du ROI lorsqu’on évalue l’intérêt et la valeur ajoutée d’une imprimante 3D pour une entreprise ?
L’un des principaux avantages de l’impression 3D est la vitesse à laquelle nos réalisations peuvent être fabriquées par rapport aux méthodes traditionnelles d’usinages. Quelques heures contre quelques semaines. Malgré tout cela nécessite une prise en main mais qui se fait relativement rapidement et comme tout matériels cela nécessitera un minimum de réglage ou remplacement de pièce au fil du temps.
Comme la tête d’impression ou le corps de chauffe, cela nous est arrivé de changer un plateau également. Mais rien de complexe et jamais de casse ou panne lourde. Pour ce type d’imprimante les avantages sont bien supérieurs aux quelques contraintes.
Dans votre secteur qu’est celui de la menuiserie, que savez-vous de l’état actuel de l’impression 3D, de son adoption et du degré de connaissances de ses acteurs ? Connaissez-vous autour de vous des entreprises qui comme vous sont équipées ou bien sous-traitent ?

Autre exemple de pièce imprimée par le bureau d’études de Leul Menuiseries : un bouchon d’extrémité (crédits photo : Leul Menuiseries)
Dans notre métier comme dans beaucoup d’autres, nous n’échangeons pas beaucoup entre concurrents ! Mais je sais par connaissance qu’il y a 8 ans nous étions assez précurseurs dans l’investissement d’une imprimante 3D pour un BE en menuiserie industrielle.
Aujourd’hui la plupart de nos fournisseurs sont désormais équipés et nous font parvenir leurs nouveautés et prototypes en impression 3D. Certains dans le métier de l’injection plastique sont particulièrement bien équipés avec des rendus de pièce similaire à l’injection.
« Au fil des années la demande en pièce 3D Chez Leul menuiseries s’est étendu à l’ensemble des services supports »
Aujourd’hui vos capacités additives se suffisent-elles à elle-même, où vous pourriez envisager d’investir dans de nouvelles imprimantes 3D, soit relevant d’autres procédés, ou qui pourraient vous apporter de plus gros volumes de fabrication par exemple ?
Au fil des années la demande en pièce 3D chez Leul menuiseries s’est étendue à l’ensemble des services supports ; méthodes, maintenance, production, marketing. Il est vrai que certaines demandes d’impression peuvent dépasser les capacités de nos machines soit en dimensions soit en rendu ou encore en résultat mécanique attendu. Pour autant, dans notre métier et pour notre besoin un investissement conséquent ne serait pas justifié.
Malgré tout la technologie résine semble intéressante pour obtenir des pièces plus complexes en détail avec finition de surface plus lisse et mécaniquement plus résistante. Mais il semble aussi que ces machines nécessitent plus de manipulation de produit et une phase de nettoyage conséquente… à suivre.
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