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Rencontre avec la pépite bretonne I3D Innovation et sa solution d’impression 3D XXL

[notice title= » » buttonlink= » » buttontext= » »] Jusqu’alors limitée à quatre fournisseurs de machines de fabrication additive, la France compte désormais un nouvel entrant dans ses rangs, la start-up bretonne I3D Innovation ! Basée dans le Morbihan, cette nouvelle pépite française se distingue de ses compatriotes par sa solution FDM modulable et son volume d’impression très grand format, l’un des plus importants désormais disponibles en France. Fidèle à ses couleurs bretonnes et sa philosophie visant à valoriser les atouts du Made In France, Primante 3D est allé à la rencontre de Jean-Luc Bodet et son fils Ludovic, deux artisans 3.0 aux ambitions XXL ! [/notice]

« Notre objectif est alors d’occuper une niche: les imprimantes de grandes tailles »

Ludovic Bodet

Ludovic bonjour, pourrais-tu te présenter ? Parle-nous un peu de ton cursus et parcours professionnel ?

Je me présente, je suis Ludovic Bodet, 42 ans, j’habite à côté de Lorient (56). Je suis co-fondateur avec mon père Jean-Luc Bodet d’I3D innovation, une start-up bretonne basée dans le morbihan, au Hezo (56450). Jean-Luc Bodet habite à Noyalo (56450). J’ai commencé dans l’électronique à 11 ans avec les composants récupérés dans le garage de mon père, grand bricoleur dans l’âme. J’ai dans la foulée commencé à programmé en Basic sur TO7-70 (les plus vieux d’entre nous connaissent). J’ai passé un BTS électronique, suivi une filière Électrotechnique jusqu’à un DESS ingénierie dans le domaine des technologies maritimes.

En parallèle de mon travail dans une entreprise de construction navale, je développe les machines qui feront un jour le succès de notre entreprise. Jean-Luc est un as de la mécanique. Il a toujours une solution pour chacun de nos problèmes. Il tourne, fraise aux petits oignons lors de la réalisation de nos prototypes.

Modèle Multi600

« Ne trouvant pas chaussure à ma taille, j’ai décidé de développer ma première imprimante 3D de grande taille »

Comment est née I3D Innovation ? Qui sont ses protagonistes et quelles sont vos sources de financement ?

En 2014, j’ai découvert l’existence de l’impression 3D. Ne trouvant pas chaussure à ma taille, j’ai décidé de développer ma première imprimante 3D de grande taille (55 cm x 55 cm x 55cm) afin d’imprimer de grandes pièces pour mes divers bricolages (drone, …). Jean-Luc fut rapidement conquis par cette technologie lorsqu’il a découvert mes premières pièces imprimées.

I3D innovation est alors née le 1er janvier 2015 sous son impulsion, désireux de surfer sur le boom de la fabrication additive. Notre objectif est alors d’occuper une niche: les imprimantes de grandes tailles. Nous avons commencé sur fonds propres pour le développement de notre première imprimante 3D. Nous avons pu lancer le développement de notre imprimante 3D haut de gamme grâce à la confiance que Compositic (Laboratoire de l’Université de Bretagne Sud à LORIENT, spécialisé dans la mise en œuvre de composites innovants) nous a accordée en nous achetant une imprimante sur plan.

Pince EasyWelder

Nous tirons également des revenues du service d’impression d’objets 3D. Nous devons encore statuer sur la suite à donner à cette activité. En 2016 nous avons développé une pince EASYWELDER permettant de rabouter les filaments polymères entre eux. Cela permet d’utiliser les morceaux de filament trop court pour une impression ou de combiner plusieurs matériaux ou couleurs durant une même impression. Nous avons lancé un kickstarter, financé avec succès. Elle se vend à travers le monde entier. Le produit plaît et c’est un vrai succès. Nous sommes les seuls à proposer un tel outil. Les revenus qu’elle nous procure permettent de financer nos études. Une autre source de revenus est la fabrication à façon de machines mécanique et électromécaniques en tout genre qui peut n’avoir aucun lien avec l’impression 3D, pour des clients locaux.

« Notre travail entre père et fils se passe très bien »

Jean-Luc Bodet

Travailler en famille n’est pas toujours simple, comment s’est passée votre collaboration ? Comment vous êtes-vous répartis les tâches ?

Notre travail entre père et fils se passe très bien. Le plus compliqué est de concilier vie de famille et deuxième job (non rémunéré). Je m’occupe du développement des machines et accessoires. Le design des machines est une activité que je partage avec Jean-Luc. Dans ce domaine, chacun a son mot à dire. Le compromis n’est pas toujours facile, mais nous y arrivons. Sinon, je développe l’électronique, l’informatique et la mécanique des machines. Nous avons une base mécatronique qui fonctionne bien désormais. Nous nous basons sur celle-ci pour chacune de nos machines. Jean-Luc est en charge de les fabriquer et les ajuster.

Nous nous occupons ensemble des tests et des modifications. Aujourd’hui notre challenge c’est de financer notre développement. Pour pouvoir accélérer et mettre sur le marché nos prochaines innovations, nous avons besoin de fonds et atteignons les limites de l’autofinancement.

« deux imprimantes 3D à dépose de filament plastique (FDM) de grandes tailles »

Présente-nous votre gamme machine. Sous quel procédé fonctionnent-elles et quelles sont leur caractéristiques ?

Notre gamme de machine est composée de deux imprimantes 3D à dépose de filament plastique (FDM) de grandes tailles. Toutes nos machines ont une structure mécano-soudée, leur conférant une grande robustesse et une grande stabilité dans le temps. Elles se caractérisent par un gros volume d’impression d’environ 800 x 800 x 800 mm. Elles sont également capables d’effectuer des déplacements et d’imprimer à 300mm/s. Nous obtenons cette performance grâce à l’ensemble extrudeur / tête d’impression que nous avons développé.

Les têtes d’impression (180°C à 480°C) acceptent tous les filaments polymères du marché, du PLA au PEEK. Ainsi, tous les polymères techniques exigeants peuvent être imprimés dans nos machines. L’impression à lieu dans une enceinte fermée et chauffée entre 65°C et plus de 90°C suivant la gamme. Une enceinte chauffée permet d’éviter que durant l’impression, la pièce ne se déforme, en raison des différences de température entre la première couche de la pièce et les suivantes. Chacune d’elle est équipée d’un compartiment étanche (voire chauffée suivant la gamme) accueillant les bobines de filament. Elles sont ainsi protégées de l’humidité et permet des impressions de qualité.

Modèle Multi512

La plus petite machine pèse environ 130kg alors que la plus grande atteint une masse de près d’une tonne et quelques. (1300kg)

Les machines fonctionnent sur une base de carte mère et firmware Breton: la Smoothieboard ainsi qu’une interface tactile de 7 pouces permettant en temps réels de modifier la position, température, débit de filament, vitesse d’impression, etc… Elles peuvent être pilotées à distance via une liaison Ethernet.

Les prix indicatifs :
La Multi512, version de base : 30 000 euros HT
La Multi600, version haut de gamme : 170 000 euros HT.

« La plupart des produits concurrents n’ont généralement qu’une part de ces atouts »

Quels sont leurs atouts et leurs limites par apport à l’existant ?

La force de nos machines c’est l’association haute vitesse d’impression, multi-matériaux, enceinte fermée, compartiment étanche pour filament et grand volume dans la même machine. La plupart des produits concurrents n’ont généralement qu’une part de ces atouts. La seule limite serait que nous utilisons une technologie FDM qui a ses propres limites en termes de précision et qualité de finition.

Un autre atout c’est qu’elles sont évolutives. C’est-à-dire qu’elles peuvent être adaptées à des besoins spécifiques du client : volume d’impression, type et nombre de têtes, etc… Elles sont également parfaitement adaptées au développement de nouveaux filaments polymères par le fait qu’elles ne sont pas restreintes à des filaments propriétaires.

« Nous souhaitons vendre notre gamme d’imprimante 3D à l’international »

Quelle est votre cible clientèle ? 

Nous visons principalement les PMI/PME, les universités, les laboratoires et centres de recherche, les prestataires d’impression 3D. Nous sommes à leurs écoutes et nous leur apportons un conseil avisé lors du choix de l’imprimante 3D. Nous visons également les grands groupes industriels. Je pense qu’ils peuvent vraiment être intéressés par nos imprimantes 3D. Elles sont d’une bonne fiabilité, proposent de bonnes caractéristiques dans un bon rapport qualité/prix.

Nous souhaitons vendre notre gamme d’imprimantes 3D à l’international. Aujourd’hui le marché est global. Le marché Français est trop limité pour garantir le développement d’une entreprise visant un marché où la concurrence est déjà très intense.

Ecran contrôle Multi600

Aujourd’hui quelle est votre actualité et votre feuille de route ?

Nous lançons donc notre gamme d’imprimantes 3D ce mois-ci. La 1ère Multi600 est chez notre partenaire Compositic (Ploemeur) en cours d’utilisation. Notre Multi512 est en cours de production pour divers client Français. Nous commençons donc à remplir notre carnet de commandes pour cette année. L’année 2017 s’annonce sous de bons augures pour I3D innovation. Il est fort probable que l’équipe s’étoffe pour satisfaire les commandes et lancer des actions commerciales. Notre feuille de route pour 2017 est de concrétiser de nouvelles ventes et lancer nos projets innovants en cours de développement. Mais je n’en dirais pas plus…

Alexandre Moussion