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L’université de Crighton développe un filament d’impression 3D à base de farine de poisson

un filament d'impression 3D à base de farine de poisson

L’impression 3D ne cesse décidément de surprendre par la diversité de ses matériaux ; en particulier les filaments qui autorisent les formulations les plus improbables et insolites. Après les filaments exotiques à base de bière, de coquilles d’huître ou encore de cannabis, voilà qu’une équipe de chercheurs britanniques a imaginé un filament à base de farine de poisson. A l’Université britannique de Crighton où sont menées des recherches au sein du département d’Ingénierie des Matériaux Polymères, une équipe de scientifiques menée par le Dr. William Hopkins a mis au point un filament d’impression 3D à base de poudre de merlan séché.

Dénommé « 3D Whiting », ce nouveau matériau est né d’un rapport publié par la commission européenne des affaires maritimes et de la pêche, selon lequel de très grandes quantités de poissons sont rejetées chaque année par les pêcheries européennes et dans le monde.

Il s’agit le plus souvent d’espèces trop petites ou des espèces pour lesquelles il y a peu de demande en consommation humaine. Celle-ci atteint les 2 % pour les 5 espèces pélagiques que sont le merlan bleu, le lançon, tacaud, sprat et le capelan. L’estimation générale du rejet de poissons pêchés en trop est de plus de 20 millions de tonnes de captures annuelles.

« L’ajout de farine de merlan a permis de réaliser un filament biodégradable »

chalutier

technicien laboratoire

Partie de ce constat et la difficulté pour les pêcheries à améliorer les mesures sélectives, l’équipe du Dr. William Hopkins a imaginé un nouveau matériau qui permettrait de tirer parti des surplus de la pêche. Parmi les 5 espèces concernées, le merlan a été préféré pour sa faible teneur en graisse. L’expertise dans le développement des bio-polymères du département a poussé l’équipe du Dr. William Hopkins à développer un polymère souple et biodégradable. « L’ajout de farine de merlan a permis de réaliser un filament biodégradable tout à fait conforme aux spécifications de l’impression 3D FDM. » Explique le Dr William Hopkins. « C’est le carbonate de calcium contenu dans les arêtes qui a permis d’obtenir un filament flexible mais suffisamment solide. »

Composé à 70% de PLA un thermoplastique d’origine végétale (amidon de maïs) et 30 % de farine de merlan, le filament 3D Whiting présenterait un aspect brun clair et dégagerait une odeur légèrement iodée. Plusieurs teintes peuvent être obtenues selon le séchage de la farine de poisson. Le séchage direct donne la farine blanche de poisson (poisson entier, partiellement vidé) et le séchage après cuisson (poissons entiers dont l’huile a été extraite), donne une farine plus foncée.

Le Dr. William Hopkins précise que le filament 3D Whiting n’est pas encore à sa forme finale et que des tests sont actuellement en cours. Les makers intéressés peuvent s’inscrire ici pour devenir bêta-testeurs.

POISSON D’AVRIL !

Alexandre Moussion