Accueil » Médecine » FollowKnee : la première prothèse de genou connectée et imprimée en 3D

FollowKnee : la première prothèse de genou connectée et imprimée en 3D

genou en 3d

(capture Youtude Immersion R&D)

Des prothèses orthopédiques sur-mesure aux modèles médicaux, l’impression 3D gagne du terrain dans le secteur médical. Alors que de nombreux établissements de recherche dans le monde utilisent cette technologie pour mettre au point des méthodes innovantes dans le but d’améliorer les soins apportés aux patients, en France, le CHRU de Brest vient de lancer un projet de prothèse de genou connectée fabriquée par impression 3D.

Développé au sein du CHRU de Brest et coordonné par l’Inserm, ce dispositif médical inédit baptisé FollowKnee regroupe 7 partenaires dont des universitaires, des instituts de recherche et des entreprises innovantes. Lancé avec un budget colossal de 24 millions d’euros, dont un tiers apporté par l’État, ce projet multidisciplinaire combinant scan du patient, impression 3D d’une prothèse sur-mesure, opération en réalité augmentée, et suivi post-opératoire vise à répondre à un besoin grandissant en prothèses de genou.

Alors que 80.000 dispositifs de ce genre ont été implantés en France en 2016, selon plusieurs études, la demande pourrait augmenter de 600 % d’ici 2030 ! En cause plusieurs facteurs, dont l’évolution démographique, une population vieillissante mais aussi l’usure prématurée des genoux provoquée par l’épidémie d’obésité et le sport.

Imprimée par l’entreprise bretonne SLS France dans un alliage de métal et de céramique, cette prothèse de genou futuriste sera équipée de capteurs miniatures capables de détecter très tôt une infection ou un défaut mécanique. Elle permettra ainsi de répondre rapidement avec le traitement approprié, mais aussi améliorer le suivi post-opératoire.

Le patient pourra récupérer à son domicile via son Smartphone des informations relatives à sa prothèse, qu’il pourra transmettre à son kinésithérapeute lors de la rééducation et s’il le souhaite à son chirurgien. Explique le docteur Éric Stindel, directeur de LaTIM à l’Inserm.

« pendant la phase d’impression on y met des petits capteurs qui vont permettre de suivre le fonctionnement de cette prothèse »

« A partir d’un scanner fait sur la patient, on conçoit totalement automatiquement la prothèse et la façon de la poser. On l’imprime en 3D, et pendant la phase d’impression on y met dedans des petits capteurs qui vont permettre de suivre le fonctionnement de cette prothèse une fois quelle sera en place et puis de détecter le plus tôt possible des anomalies de type infection. Nous serons capable d’avoir un signal d’alerte très tôt, nous permettant d’enclencher des traitements très tôt et d’avoir les traitements les plus efficaces possibles. » Souligne le professeur Sindel.

Spécialiste en réalité augmentée, la société Immersion concevra quant à elle les outils d’aide à la pose de la prothèse sur le patient, tandis qu’Imascap apportera ses logiciels pour l’imagerie 3D. Alors qu’aujourd’hui jusqu’à 6 opérations sont nécessaires pour réussir la pose d’une prothèse classique, FollowKnee pourrait considérablement limiter leur nombre.

Alors que le projet s’étale sur 5 ans, 220 patients volontaires seront équipés des prothèses imprimées en 3D d’ici 3 ans. Les capteurs seront ensuite testés sur 30 patients, plutôt jeunes, afin suivre le fonctionnement de la prothèse sur une longue période. Le but est d’obtenir un produit commercialisable à l’horizon 2023.

En 2016, le cabinet britannique Future Market Insights publiait un rapport estimant le marché des dispositifs médicaux imprimés en 3D à 643,5 millions $ à l’horizon 2026.

Alexandre Moussion