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AddiMetal dévoile la première imprimante 3D métal française à jet de liant

C’était il y a deux ans déjà, j’interviewais AddiMetal, une spin off de la société française eMotion Tech, concernant le développement de sa propre imprimante 3D à jet de liant. Une ambition Made In France que je tenais d’autant plus à mettre en avant, qu’il s’agit d’un procédé additif maîtrisé par une toute petite poignée d’acteurs dans le monde, en particulier les américains Desktop Metal et Markforged, notamment depuis le passage d’Exone (Allemagne) et Digital Metal (Suède) sous leurs pavillons étoilés.

Après quatre années de développement et une année de tests bêta réussis, la start-up toulousaine a annoncé ce matin le lancement de sa solution baptisée K2-2. Première machine française à exploiter le jet de liant (Metal Binder Jetting), celle-ci vise à offrir aux fabricants une « solution révolutionnaire pour produire des pièces métalliques complexes avec une précision et une rapidité sans précédent. »

En préambule rappelons que le Metal Binder Jetting est un procédé de fabrication additive qui consiste à projeter de fines gouttelettes de liant sur un lit de poudre (dans le cas présent métallique). Les couches sont ainsi superposées jusqu’à obtenir la pièce souhaitée. A la fin de l’opération on obtient une pièce verte, c’est à dire brute, qui doit passer au four (opération de frittage) afin d’éliminer le liant et que les grains de métal se solidarisent.

L’intérêt de cette technique par rapport à des procédés plus classiques PBF (fusion laser sur lit de poudre), est qu’elle ne nécessite aucune structure de support, ce qu’elle offre une grande liberté géométrique combinée à un niveau de détail remarquable lié à l’utilisation de fines tête
d’impression. Par ailleurs, comme l’impression se produit à température ambiante, cette technique est beaucoup contraignante en termes de sécurité, mais aussi moins sujette aux distorsions dimensionnelles liées aux effets thermiques, notamment le gauchissement.

« Cette solution innovante est optimisée pour offrir flexibilité et efficacité, garantissant aux utilisateurs de respecter les délais de production les plus stricts sans compromettre la qualité »

L’équipe d’Addimetal posant avec leur premier prototype

L’équipe d’Addimetal posant avec leur premier prototype : Quentin Leboeuf co-fondateur (dev soft) Mahdi Mejri Materials Research Scientist Franck Liguori Co-fondateur ( Chief Commercial Officer) Mohamad Koubar Co-fondateur (Président) Guilhem Peres Co-fondateur (COO) / (crédits photo : Addimetal)

Le jet de liant présente également des atouts importants de productivité. Non seulement elle compte parmi les plus performantes pour faire de la production en série de pièces métalliques, mais elle est aussi l’une des moins coûteuse (coût unitaire par pièce). L’une des raisons à cela est que les pièces sont superposables, ce qui permet donc d’optimiser la production en imprimant plusieurs pièces en même temps.

« Conçue avec des paramètres d’impression personnalisables et équipée du logiciel Orion pour une intégration fluide dans le flux de travail, la K2-2 permet la production de pièces métalliques complexes en haute résolution à un coût réduit. » Abonde Addimetal. « Cette solution innovante est optimisée pour offrir flexibilité et /efficacité, garantissant aux utilisateurs de respecter les délais de production les plus stricts sans compromettre la qualité. »

Sur les spécifications de la K2-2, l’imprimante offre un volume de construction de 200 x 200 x 200 mm, soit un volume de 8 litres. Sur le plan de la résolution, l’un des atouts principaux de cette technologie, elle qu’elle peut créer des objets avec un niveau de détail très précis, soit de 360 à 1080 DPI (Dot Per Inch/point par pouce), c’est à dire le nombre de points imprimés contenus sur une ligne d’un pouce (2,54 cm).

Couvrant plus de la moitié de la plateforme en un seul passage, sa tête d’impression est également présentée comme la plus large du marché. Pour garantir des performances maximales, des capteurs visuels permettent de détecter les défauts d’impression.

« Nous avons conçu la K-2-2 pour qu’elle soit polyvalente, rentable et facile à intégrer dans les flux de travail existants »

L’autre atout de la K2-2 concerne la partie matériau. Addimetal a voulu un système ouvert qui permet l’utilisation de liants non propriétaires, offrant ainsi aux utilisateurs une grande flexibilité dans le choix des matériaux.

« La capacité de notre machine à utiliser des consommables non propriétaires offre une
liberté inégalée aux fabricants, leur permettant de repousser les limites de l’innovation
, »commente Franck Liguori, le directeur Commercial d’ADDIMETAL. « Nous avons conçu la K-2-2 pour qu’elle soit polyvalente, rentable et facile à intégrer dans les flux de travail existants, ce qui en fait une solution idéale pour les équipes de R&D ainsi que pour les applications industrielles. »

Concernant le four de frittage nécessaire au traitement thermique des pièces vertes, Franck Ligori me précise : « Pour le moment nous sommes focus uniquement sur la machine. Pour la partie frittage, nous pouvons conseiller des fabricants ou des spécifications en fonction des matières que l’utilisateur souhaite utiliser. L’idée pour nous est d’être ouvert à ce sujet dans l’optique :

– de ne pas dupliquer des équipements déjà existants
– de conseiller un équipement qui corresponde au mieux aux matières que l’utilisateur souhaite travailler
– pour mettre en place une solution orientée vers la productivité ou le cout en fonction des priorités visées. »

« Notre objectif est de devenir l’un des leaders européens de la fabrication additive métallique »

Pièce test imprimée en Inox 316L

Pièce test imprimée en Inox 316L

K2-2 est un système qui porte de grandes ambitions, en particulier dans des secteurs tels que l’automobile, le luxe et l’aéronautique. On apprend d’ailleurs que l’un de ses bêta-testeurs est JPB Système, une PME française spécialisée dans les systèmes autofreinants qui résistent aux vibrations extrêmes pour l’industrie aéronautique et spatiale.

La société indique avoir constaté des améliorations significatives en termes de qualité et d’efficacité de production. « En seulement quelques mois, nous avons obtenu de meilleurs résultats avec la K2-2 qu’avec d’autres machines sur le marché« , ont-ils déclaré.

D’ores et déjà disponible à la commande sur demande, la K2-2 est proposée à prix de départ inférieur à 200 000 € , soit environ 5% moins cher qu’une Innovent d’Exone (laquelle dispose d’un volume de fabrication bien inférieur), ou 3 fois moins cher qu’une machine catégorisée comme industrielle.

Pour les intéressés, qui j’en suis sûr ne manqueront pas, sachez que la K2-2 sera présentée lors de Formnext 2024 à partir du 19 novembre (Hall 12.0, Stand E21) sous la bannière « Choose France ». ADDIMETAL proposera des démonstrations en direct du logiciel Orion tout au long de l’événement et présentera la K-2-2 aux professionnels de l’industrie.

« La K-2-2 représente une avancée majeure pour des industries telles que l’aéronautique, l’automobile, le luxe, et bien d’autres. Notre objectif est de devenir l’un des leaders européens de la fabrication additive métallique, » conclut Mohamad Koubar, CEO d’ADDIMETAL. « Avec la K-2-2, nous offrons une solution qui comble le fossé entre la recherche en laboratoire et la production industrielle à grande échelle.« 

Alexandre Moussion