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Une robe imprimée qui réagit à vos mouvements

(crédits photo : Behnaz Farahi)

Designers et créateurs de mode ont toujours su innover, inventer de nouveaux textiles ou des matériaux dits intelligents pour satisfaire nos besoins de confort et de bien être. Plus qu’un accessoire, le vêtement tente à devenir au fil des innovations technologiques quelque chose de vivant, un prolongement de notre corps qui interagit autant avec nous qu’avec notre environnement. A l’image de cette tendance, la célèbre styliste hollandaise Pauline Van Dongen s’est emparée de l’impression 3D pour concevoir une robe interactive.

Inspirée des « fraises », ces fameuses collerettes datant du 16ème siècle qui faisaient le tour du cou, cette robe a été baptisée « Ruff » qui veut dire donc fraise en anglais. Né d’une collaboration de trois semaines avec l’architecte et designer Behnaz Farahi, le projet trouve sa genèse dans le programme Crafting Wearables dont l’objectif est de créer des vêtements dynamiques grâce aux nouvelles technologies.

Première difficulté rencontrée par les deux créateurs, les matériaux d’impression 3D à la fois trop rigides et trop fragiles pour ce genre de réalisation. Au lieu de chercher à les remplacer, les designers se sont au contraire adaptées à leurs propriétés. Contraintes également par le faible volume de fabrication de leur imprimante, l’idée leur alors est venue d’imprimer leurs pièces sous la forme de spirales. Farahi et Van Dongen ont en effet remarqué que ce type de structure offrait une certaine souplesse aux pièces malgré la rigidité du matériau. Des ressorts à mémoire de forme qui ont la particularité de retrouver leur forme originale après déformation, ont également été ajoutés permettant ainsi à la robe d’interagir encore davantage avec le corps et ses mouvements.

« Des ressorts de Nitinol pour restituer le mouvement croissant des spirales »

« La robe a la forme d’une bobine en spirale ou repliée capable de se déplacer avec les mouvements du corps. Diverses modifications de surface ont été explorées afin d’améliorer l’expression esthétique de la forme en spirale ainsi que pour contrôler les types de mouvement. » A expliqué Van Dongen. « Des ressorts de Nitinol (appelé aussi Nikel Nitane) ont également été intégrés dans la conception pour restituer le mouvement croissant des spirales. Il en résulte comme une respiration d’un organisme vivant qui semble ramper sur le corps. »

Développée pendant trois semaines au siège de 3D Systems à Los Angeles, Ruff a été imprimée sur la Projet 3500 HD Max du fabricant américain à partir des matériaux VisiJet M3 Techplast et VisiJet S300. Il s’agit d’une imprimante 3D professionnelle de type MJM (Modélisation par Jets Multiples) réputée pour sa vitesse d’impression et sa haute définition. Le procédé MJM rejoint en fait le principe de stéréolithographie, elle consiste à projeter et à superposer des gouttes de résines solidifiée instantanément par un rayon ultraviolet.

Ruff a été officiellement présentée le 13 Mars à l’occasion du South By Southwest, festival texan où sont présentées les technologies les plus innovantes. Pauline Van Dongen travaille en étroite collaboration avec des entreprises du domaine de la science et de l’innovation, dans le but combiner nouvelles technologies et techniques traditionnelles pour réinventer la mode. Behnaz Farahi étudie quant à elle, le potentiel des systèmes interactifs utilisant les technologies informatiques de pointe, à l’USC School of Cinematic Arts de Los Angeles. C’est à elle que l’on doit le fameux Synapse, un casque imprimé en 3D qui à la particularité de réagir aux activités cérébrales.

 

  • La Projet 3500 HD Max de 3D Systems utilisée pour imprimer la robe coûte environ 53 000 €.
Alexandre Moussion