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La Marine Nationale équipe ses Rafale de pièces imprimées en 3D

porte-avion

Timidement mais sûrement, le secteur de la défense commence lui aussi à s’approprier la fabrication additive et en expérimenter les bénéfices. Pour la première fois en France, la Marine Nationale a récemment révélé comment elle avait utilisé l’impression 3D pour fabriquer un boîtier de commande de vidanges des réservoirs de carburant pour ses avions de combat Rafale. Dessiné et prototypé sur le porte-avions Charles de Gaulle, le composant final a été imprimé en 3D par Dassault Systèmes, puis monté sur l’ensemble des Rafale embarqués.

Le premier cas connu d’un avion de chasse équipé d’une pièce fabriquée de manière additive remonte à 2014. Un avion de combat Tornado (un chasseur bombardier bi-réacteur) appartenant à la Royal Air Force s’était envolé avec plusieurs pièces imprimées en 3D dont un couvercle de protection pour la radio de cockpit et plusieurs éléments du train d’atterrissage comme des entretoises.

Plus récemment, en 2018, c’est l’armée finlandaise qui avait fait décoller un avion à réaction avec à son bord une pièce métallique (Inconel 625) imprimée en 3D. En 2019, l’US Air Force confiait avoir utilisé l’impression 3D pour fabriquer une pièce qui n’était plus produite, un support en titane pour un F-22 Raptor.

« calculer et d’anticiper les besoins des différents aéronefs embarqués pour soutenir au mieux les équipes du porte-avions dans leur travail quotidien »

La Marine nationale française utilise l'impression 3D pour ses Rafale

L’Etat-major des armées (EMA), explique qu’une équipe de techniciens de la Marine nationale a soumis l’idée d’utiliser l’impression 3D à bord du porte-avions Charles de Gaulle pour imaginer différentes pièces détachées pour le Rafale. Ces derniers ont donc dessiné une maquette de renfort qui a ensuite été imprimée en 3D directement à bord du porte avion. “Le projet est immédiatement retransmis à la Direction de la maintenance aéronautique pour analyse au sein du plateau technique central mis en place dans le cadre du premier marché verticalisé de la flotte et rassemblant les spécialistes étatiques et industriels du domaine.” Le marché en question est le contrat Ravel, un juteux contrat de 10 ans remporté il y a un an par Dassault Aviation pour l’entretien des Rafale. La prestation qui englobe le pilotage de toute sa supply chain, vise à fournir une meilleure assistance technique et gestion des stocks.

Les premières incursions officielles de l’armée françaises en terme d’équipement remontent à 2018. Une première imprimante 3D avait été installée par Naval Group à bord d’un porte-hélicoptères dans le but de créer des pièces d’équipement opérationnel. Le spécialiste de l’industrie navale de défense et son partenaire Avenao Prodways Group expliquaient à l’époque comment ils voulaient concevoir le fichier 3D, définir les paramètres d’impression de la machine et transmettre le tout à l’équipage afin qu’il procède à l’impression même sur le bateau. En imprimant directement sur place et à la demande les pièces de réparation, les équipes de maintenance s’évitent ainsi une trop longue immobilisation de ses véhicules, mais aussi des stocks inutiles.

Dans son communiqué l’Etat-major des armées n’apporte pas plus de précisions sur la technologie d’impression 3D et le matériau utilisé. On sait en revanche que les pièces ont été légèrement modifiées avant d’être montées sur l’ensemble des Rafale embarqués dans le cadre de la mission Foch le 22 janvier dernier. La DMA souligne la nécessité de « calculer et d’anticiper les besoins des différents aéronefs embarqués pour soutenir au mieux les équipes du porte-avions dans leur travail quotidien. L’endommagement d’un aéronef en mer étant plus sévère qu’à terre. »

Alexandre Moussion