Accueil » Interview » Individualdream : quand l’impression 3D invente un nouveau dialogue artistique !

Individualdream : quand l’impression 3D invente un nouveau dialogue artistique !

Technologie protéiforme, l’impression 3D s’immisce partout y compris dans le monde de l’art où nombre d’artistes exploitent déjà ce médium artistique. Séduits par sa souplesse de création et sa capacité à créer des formes très complexes, de plus en plus de créatifs s’approprient ce nouvel outil pour explorer de nouvelles esthétiques, inventer un nouveau dialogue artistique. Souhaitant mettre en lumière cet aspect et les possibilités offertes par l’impression 3D dans ce domaine, Primante3D est allé à la rencontre d’invidual Dream, un atelier parisien spécialisé dans la création d’oeuvres d’art imprimées en 3D.

« l’impression 3D aura le droit à sa reconnaissance en tant que médium artistique »

Romeo Guarneri

Romeo bonjour, pourriez-vous vous présenter et nous décrire un peu votre parcours ?

Bonjour, je m’appelle Romeo Guarneri, je suis le co-fondateur d’Individual Dream. J’ai 26 ans et je vis à Nogent sur Marne. J’ai commencé par une licence de philosophie à l’UPEC. Suite à cela, je me suis réorienté dans la communication pour trouver un emploi. C’est en évoluant dans le secteur de la communication et en me spécialisant dans le web, que j’ai fini par découvrir l’impression 3D et m’y intéresser.

Dans quelles circonstances avez-vous découvert l’impression 3D ?

J’ai découvert l’impression 3D en rencontrant Marc Fardin et Stéphane Hornet. Ils étaient directeur artistique de l’entreprise dans laquelle je travaillais. Notre patron avait pour projet de vendre des imprimantes 3D et de fil en aiguille, nous avons commencé à nous y intéresser plus avant.

Comment est né Individual Dream et qui sont ses protagonistes ?

Comme je l’ai dit avant, c’est par le biais de notre ancien patron, qui désirait vendre des imprimantes 3D. Nous nous sommes tout de suite intéressé au concept et de là est née l’idée d’utiliser l’impression 3D à des fins créatives.

Stéphane Hornet et Marc Fardin sont les créatifs. Ils dessinent des croquis qu’ils modélisent ensuite sur des logiciels tels que Z-Brush ou Blender. Quant à la fabrication, nous avons un partenaire qui se charge de l’impression et des finitions, ainsi qu’un autre pour le soclage.

« Nous désirons mettre la personne au cœur de la création »

Présentez-nous Individual Dream. Quelle est votre offre et votre cible clientèle ?

Individualdream est un atelier créatif qui utilise l’impression 3D comme médium artistique. Nous créons des sculptures, décorations et mobiliers entièrement personnalisables. Nous nous adressons aussi bien aux entreprises – par le biais de la création de logos ou de trophées – qu’aux particuliers.

Nous désirons mettre la personne au cœur de la création, que ses choix influencent son œuvre. C’est pourquoi nous nous sommes tournés vers la 3D, qui nous permet une liberté de création unique en son genre.

« un des atouts principaux de l’imprimante 3D est le temps de création »

Quels procédés d’impression 3D privilégiez-vous ? Quels sont les atouts et les limites de cette technologie par rapport aux techniques classiques, notamment en terme de coût ?

Nous privilégions les imprimantes SLA/SLS (stéréolithographie et frittage de poudre), ou fonderie d’art (pour les bronzes). Les imprimantes à fil laissent des stries, ce qui contribue à une perte de détail lors des finitions.

Je ne maîtrise pas suffisamment les techniques traditionnelles pour donner une idée précise, mais je pense que l’un des atouts principaux de l’imprimante 3D est le temps de création. Le sculpting 3D permet de faire à peu près ce qu’on veut d’une forme. Une fois que l’on sait ce qu’on doit sculpter, la sculpture 3D devient plus rapide est plus performante qu’avec les outils traditionnels.

Cependant, en terme de coût, les imprimantes sont extrêmement chères et la gestion d’un parc d’impression 3D n’est pas une tâche aisée. Entre le prix des machines, de l’entretien et de la main d’œuvre, les coûts sont très certainement moins élevés dans un atelier artistique traditionnel.

La création d’une sculpture implique de nombreux acteurs. Qui sont-ils et comment les sélectionnez-vous ?

Mis à part nous, qui assurons les étapes de scan, croquis et modélisation 3D. Nous collaborons avec un imprimeur spécialisé dans le prototypage pour ce qui est de la fabrication. Nous l’avons sélectionné pour la qualité de son parc d’impression et des services de finitions qu’il offre en plus. Ensuite, pour ce qui est des socles, nous travaillons avec un ébéniste, qui a été meilleur ouvrier de France.

De la conception jusqu’à la finition pourriez-vous nous décrire les étapes de fabrication d’une pièce ?

Bien sûr, contrairement à ce que beaucoup pensent, il ne suffit pas de créer un modèle puis de l’imprimer. Marc et Stéphane sont des artistes assez polyvalents, ils accompagnent la conception du projet en partant d’un croquis, qu’ils vont ensuite modéliser en 3D sur Z-Brush ou Blender. Nous avons tous également reçu une formation au scan 3D dans le cas où nous devons créer des œuvres à partir de visages. Nous utilisons le Artec Space Spider, qui nous offre des rendus de grande qualité.

Pour ce qui est de la fabrication, il y a un procédé de validation des modèles 3D, qui va nous permettre de savoir si la pièce est imprimable et pourra tenir en équilibre. L’imprimeur doit ensuite faire tourner une ou plusieurs machines selon la taille de l’objet. Un objet de grande taille par exemple, peut être imprimé en 3 morceaux, qui vont ensuite être réassemblés.

Une fois les pièces imprimées, il y a tout un processus de finitions (polissage, ébavurage, peinture, patine), qui va donner à la sculpture son aspect final. La dernière étape va être la création du socle, qui va contribuer à donner une belle assise à la sculpture et servir également de présentoir.

« c’est un médium qui est voué à se démocratiser »

Selon vous l’impression 3D est-il en train de métaphorser l’art ? Comment la voyez-vous impacter ce marché dans les années à venir ?

C’est certain, malgré les réticences que l’on peut rencontrer aujourd’hui, c’est un médium qui est voué à se démocratiser. De la même manière que la photographie était considérée comme une copie de la peinture, aujourd’hui l’impression 3D peut être considérée comme une copie de la sculpture. Mais ces préjugés commencent déjà à s’effacer. En ce moment même, il y a une exposition sur les œuvres en impression 3D à Beaubourg. Je pense que de plus en plus d’artistes vont l’exploiter et que l’impression 3D aura le droit à sa reconnaissance en tant que médium artistique.

Alexandre Moussion