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Imprimante 3D française LUTIN : un bêta testeur partage son expérience !

imprimante 3D française lutin de PNX

Faisant échos au nombre grandissant d’imprimantes 3D françaises à dépôt de fil disponibles sur le marché, PRIMANTE 3D s’est intéressé aujourd’hui à une certaine LUTIN ! Issue de la société 3D PNX, fabricant basé à Trets dans les Bouches-du-Rhöne, cette imprimante 3D très bon marché (399 €) à l’allure robuste, commence à pointer ici et là le bout de son extrudeur. Responsable d’un Centre de Recherche du CNRS, mais surtout féru de technologies et d’impression 3D, notre bêta testeur du jour Lionel Chevalier, a accepté de nous livrer les secrets et spécificités de cette imprimante 3D Made In France très prometteuse.

« La Lutin permet de découvrir l’impression 3D sans avoir de problèmes et ce a un prix abordable… »

Lionel bonjour, pourrais-tu te présenter ? Quelle est ta situation et ton parcours professionnel ?

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Lionel Chevalier

Bonjour Alexandre… J’ai 48 ans, je suis du genre autodidacte et concernant mon parcours professionnel je dirais que celui-ci est très atypique. J’ai passé un BAC pro à 38 ans et un BTS à 42… Actuellement je suis responsable d’infrastructure d’un Centre de Recherche du CNRS ou je travaille depuis près de 18 années maintenant. Celui-ci est spécialisé dans la chimie mais on développe également autour de la physique et la biologie.

Concernant l’impression 3D j’ai mis le pied dedans il y a 4 – 5 ans. De fait je regardais cette technologie avec des yeux d’enfants, comme tout le monde à cette époque je suppose, et puis comme je suis un touche à tout j’ai mis une année à peaufiner mes recherche sur le modèle à acheter et sur la meilleure méthode à aborder pour me permettre d’acquérir les compétences requises.

J’ai finalement opté pour une PRUSA chez 3D PNX car c’est la machine par excellence qui nécessite de mettre les mains dans le cambouis ! Manquant de temps j’ai opté pour un modèle monté. Depuis mon parcours m’a amené à utiliser une grande partie des machines du marché et à prendre énormément de technicité, actuellement je conçois mes propres machines et j’épaule diverses startup au besoin. J’ai gardé un très bon contact avec la société 3D PNX car Alexandre Assael, le fondateur, à un regard très pro et très éclairé sur le sujet, c’est toujours un plaisir d’échanger avec lui.

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Alexandre Assael : Directeur et Fondateur de 3D PNX

Dans quelles circonstances as-tu découvert l’impression 3D ? Au premier abord, comment as-tu perçu cette technologie ?

Féru de technologies diverses et variées je voulais à la base essayer de recréer des pièces de véhicule radiocommandé. Suite à de nombreux crashs du au fait que je ne suis pas un pilote émérite et qu’il y a décidément bien trop d’arbres sur ma parcelle de terrain j’avais non seulement besoin de pouvoir réparer rapidement mais j’étais certains que les pièces pouvaient être modifiées et renforcées. Et puis comme j’ai toujours pleins de projets divers et variés sous le coude j’étais persuadé que cette technologie me permettrai éventuellement de créer et appliquer mon savoir dans bien d’autres domaines. Le fait d’avoir lu l’ensemble des livres sur le sujet m’a certainement permis d’en comprendre les grandes lignes. Je n’ai pas été déçu car j’ai effectivement pu réaliser l’ensemble de mes idées comme prévu et depuis je me suis formé sur divers logiciel de modélisation tels que Blender, Sketchup et Rhino.

« Actuellement mon parc machine est très hétéroclite mais complémentaire… »

Te souviens-tu de ta première imprimante 3D ?

Oui, très bien, je me suis d’ailleurs séparé de ma PRUSA (avec quelques regrets car elle était réglé au poil..) à la demande d’une connaissance qui voulait se lancer et qui a du fortement insister. Entre temps j’ai acquis de nombreuses autres machines et surtout, j’en ai réalisées de nombreuses et j’ai énormément collaboré avec diverses startup à la création de divers modèles variés tant par leur système de fonctionnement que leur architecture (direct drive ou bowden, ouvertes ou fermées, architecture cartésienne ou Delta.. ) bref, dans l’ensemble un parcours très enrichissant. Actuellement mon parc machine est très hétéroclite mais complémentaire, je dispose de deux Mondrian plateau de 400×400, deux PRUSA i3 Steel de chez 3D PNX (plateau de 200x300mm), une Zortrax M200 et d’une Lutin. Je pense élargir le panel avec des Delta mais j’ai aussi trois proto dont je ne peux parler…

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Récemment tu as eu l’occasion de tester la « Lutin », une imprimante 3D française développée par 3D PNX. Dans quelles circonstances as-tu testé cette machine ?

Connaissant très bien son concepteur c’est tout naturellement que cette proposition est venue. J’ai tenu à recevoir la machine en kit sans aucune consigne et sans mode d’emploi de montage, l’idée n’était pas de voir les limites de mon savoir face au sujet mais s’il était facile de rentrer dans la conception et en voir ses limites. Au final cela s’est très très bien déroulé. Il m’a fallu une grosse journée car je n’avais aucune documentation, ensuite j’ai tout redémonté et son concepteur m’a passé la pré-notice, là en 3 heures le montage complet a été plié. Je dois avouer que j’ai tout de suite été emballé par la rigidité du cadre qui confère à ce modèle une rigidité accrue. C’est LE PLUS indéniable !

« je monte-démonte la machine plusieurs fois lorsqu’il s’agit d’un kit »

En temps que bêta testeur quel est ton mode opératoire ?

En général je monte-démonte la machine plusieurs fois lorsqu’il s’agit d’un kit, j’essaie toujours de démarrer sans aide papier, néanmoins il faut bien s’assurer que le concept soit au complet, s’il manque des pièces c’est sûr que l’on risque de sortir des sentiers battus… (sic) Ensuite avec l’aide de la notice (ou pré-notice car je travaille également sur son développement quand nécessaire) je reprends le travail. L’écart entre ce qui m’est inspiré de prime abord et sur la notice me permet d’évaluer son bien fondé, ce qui se doit être amélioré ou modifié.

Pour un modèle livré monté le mode opératoire est différent. Pour commencer je rends compte du déballage du prototype car je suis toujours à l’affût des petits plus ou des points à améliorer pour parfaire le sentiment de contentement que ressentira le client potentiel.

Je suis également très enthousiaste lorsque je trouve des éléments périmétriques à l’imprimante 3D (premier objet imprimé, clés de maintenance, filament de test, clé USB, etc..)

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« la rigidité accrue en fait un élément très sûr et très fiable »

Après plus d’un mois d’utilisation, que peux-tu nous dire sur cette machine ? Selon toi quels sont sont ses points forts mais aussi ses limites ?

Concernant les points forts : la rigidité accrue en fait un élément très sûr et très fiable, la répétabilité s’en ressent fortement. J’ai pu, à l’exemple, basculer et caler en arrière la machine pendant une session d’impression sans que cela n’affecte aucunement le résultat final ! Sa stabilité lui permet de produire des impressions très propres et ce à un prix très abordable. Le fait qu’elle dispose d’un écran LCD, qui permet d’imprimer sans ordinateur constamment branché, est un plus indéniable d’autant que cette option n’est pas toujours incluse dans cette gamme de prix.

« l’équipe travaille sur un kit d’amélioration… »

Ses points faibles sont l’absence de lit chauffant et le fait que la machine ne possède pas de carénage. Néanmoins un carénage dans cette gamme de prix n’existe que sur des machines qui produisent des impressions de piètre qualité en rapport à celle obtenue avec la lutin comme quoi… Concernant le lit chauffant je vais recevoir tout prochainement le modèle qui sera proposé en option par 3D PNX, ce d’ici quelques semaines. Je me permet de dévoiler le fait que l’équipe travaille sur un kit d’amélioration pour ceux qui veulent tester la double extrusion à petit prix, mais ce point reste actuellement en développement.

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« Le filament SOVB est celui qui m’a le plus conquis »

Avec quels filaments as-tu obtenu les meilleurs résultats ?

La machine ne disposant pas de plateau chauffant j’ai utilisé principalement du PLA. J’ai passé du SOVB car j’étais béta testeur depuis Juillet sur leur fils, également du ESUN et celui de chez Machine 3D. J’ai également testé un peu de filament flexibles sur la Lutin qui arrive à l’imprimer malgré son système bowden, cela dit le filament flexible est toujours plus compliqué à imprimer que le PLA.

Le SOVB est celui qui m’a le plus conquis mais je dois avouer que les autres filaments que je possédais étaient stockés depuis fort longtemps et la reprise d’humidité sur le PLA étant élevé je ne peux m’avancer sur ces produits. Mon enceinte climatique que j’utilise habituellement pour déshumidifier étant en SAV…

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« un public de nouveaux utilisateurs mais aussi d’utilisateurs avertis »

Selon toi à quels types d’utilisateurs se destine la Lutin et pour quelles applications ?

La Lutin est une machine facile à monter et facile à utiliser, elle permet de découvrir l’impression 3D sans avoir de problèmes et ce a un prix abordable, je dirais donc que le public à qui se destine la lutin est un public de nouveaux utilisateurs (grands et petits car ce sont les jeunes qui constituent l’avenir de cette technologie) mais aussi d’utilisateurs avertis car avec l’upgrade plateau chauffant ou double extrusion c’est une machine avec laquelle on peut très bien s’amuser ! Concernant les applications tout est possible, c’est une imprimante 3D, son volume de 20 x 20 x 20 cm lui permet de réaliser des objets de taille suffisante et le PLA suffit largement à beaucoup d’applications, de plus sa capacité à imprimer le flexible est intéressante et pour ceux qui veulent tout imprimer l’upgrade lit chauffant leur permettra certainement de trouver leur bonheur.

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« cette machine est COMPLEMENTAIRE de la technologie additive »

Pour finir, une actualité à partager ? Un coup de cœur, un coup de gueule ?

Je parlerai d’une autre compétence : j’ai pu réaliser complètement une CNC de format conséquent, à savoir 1500×900 de table de travail avec un Z à 150. Au-delà des compétences que cela m’a apporté au vu de la formation draconienne que je me suis imposé sur ce segment c’est surtout que cette machine me permet de découper les frames de nombreuses concept de machine. Je me suis en effet rendu compte que j’étais souvent sollicité sur ce genre de demande ou alors que les startups avec lesquelles je partageais mon savoir rencontrait soit un blocage ou encore des délais très longs pour avancer dans leur projet. Ma CNC permet donc d’y répondre à l’instant.

Si je parle de cette machine c’est qu’il faut bien expliquer à tous nos lecteurs que cette machine est COMPLEMENTAIRE de la technologie additive et que c’est un plus de pouvoir avancer sur les deux de front. Par ailleurs la première mouture de ma CNC grand format embarquait de nombreuses pièces réalisées avec mes imprimantes 3D tels que : galets de roulements, support de broche, supports de stop-ends, habillage et capotage divers. Il est certain que sans les imprimantes 3D le projet n’aurait pas vu le jour. Pour finir je suis en attente d’un laser solide de 15 Watts qui devrait encore décupler mes possibilités de jeu.

Merci pour ton accueil Alexandre, au plaisir.

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