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« La généralisation de l’impression 3D n’est pas encore pour tout de suite »

marché de l'impression 3d

Initialement confinée au prototypage rapide, la fabrication additive frappe désormais aux portes de l’industrie. En témoigne la récente accélération des levées de fond, cette technologie a fini par gagner la confiance des investisseurs qui n’hésitent plus à injecter des millions dans ce secteur en pleine croissance. En France, la création par Safran d’une usine de 10 000 m2 dédiée à la fabrication additive ou le soutien de Dassault au programme AEROPRINT témoignent de cette dynamique.

Cette bonne santé est confirmée dans une nouvelle étude publiée par l’institut français Xerfi-Precepta intitulée « Le marché de la fabrication additive à l’horizon 2025 – Industrialisation, nouveaux marchés, nouvelles applications : quels leviers et perspectives de croissance pour les acteurs ? ». Celle-ci prévoit 9,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires pour le marché mondial de l’impression 3D en 2019, soit 20% de croissance par an en moyenne pour s’établir à 28 milliards d’euros en 2025. Sans surprise le cabinet identifie dans son rapport trois marchés phares en tête desquels l’industrie aérospatiale, qui fait figure de pionnière de l’impression 3D, le secteur de la santé, pour fabriquer des prothèses auditives ou dentaires, et l’industrie automobile pour la production de pièces en série destinées notamment à des modèles haut de gamme.

Le rapport de Xerfi-Precepta – comme d’autres avant lui – pointe néanmoins quelques inquiétudes concernant la place de la France dans cette compétition mondiale. Selon Damien Calllet, l’auteur de l’étude, la filière française de l’impression 3D est en effet jugée assez mal armée, en particulier face aux géants mondiaux du secteur tels que Stratasys, 3D System ou encore EOS. Non seulement les fabricants d’imprimantes 3D sont peu nombreux, mais surtout positionnés sur le segment grand public, peu porteur contrairement à l’impression professionnelle. Enfin, les acteurs tricolores sont pénalisés par la faiblesse de la demande intérieure, liée notamment à la désindustrialisation du pays. Les seuls constructeurs à ressortir du lot sont Prodways, la filiale du groupe Gorgé, et AddUp, joint-venture créee par Michelin et le groupe Fives.

« la France peut aussi compter sur un vivier de start-up positionnées sur des segments naissants mais à fort potentiel »

machine AddUp

Dans son étude Xerfi-Precepta souligne néanmoins l’effort des pouvoirs publics pour accroître la visibilité des acteurs français et accélérer la diffusion de cette technologie. Son cités en exemple le programme 3D Start PME, actuellement en phase de test auprès d’une trentaine de petites et moyennes entreprise, mais aussi le déploiement de plate-formes régionales visant à familiariser les entreprises avec la fabrication additive. À l’image de Biomodex, jeune pousse tricolore spécialisée dans les simulateurs de chirurgie, ou Poietis pour la bio-impression, « la France peut aussi compter sur un vivier de start-up positionnées sur des segments naissants mais à fort potentiel » souligne le rapport.

Pour hisser la fabrication additive au rang d’alternative crédible face aux autres méthodes de production, l’institut dégage plusieurs pistes d’amélioration. Sans surprise, la vitesse de fabrication tient une part importante dans ses recommandations : « Les fabricants n’ont pas d’autre choix que d’augmenter la vitesse de production de leurs équipements pour réduire les délais. » Explique t-il. « Pour leur part, les prestataires de services d’impression investissent déjà dans la modernisation et l’automatisation de leur parc d’imprimantes. Au-delà de l’aéronautique, de la santé et de l’automobile, les spécialistes ont encore de nombreux secteurs à conquérir. A cet effet, ils nouent des partenariats avec des organismes de recherche ou des industriels, à l’image du fabricant AddUp avec Decayeux ST, spécialiste de la transformation des métaux. »

La diversification de marchés clients et la croissance externe constituent également une option. Le rapport cite en exemple le fabricant Prodways, devenu leader national du marché de l’embout auriculaire sur-mesure en rachetant la société Surdifuse-L’Embout Français. « Amélioration des caractéristiques techniques des pièces, gain de temps ou encore réduction des coûts, cette méthode de fabrication ne manque en effet pas d’atouts. Pourtant de nombreux freins techniques et économiques subsistent tels que la durée d’impression (plusieurs heures), les problématiques liées au contrôle qualité des produits imprimés ou celles de la propriété intellectuelle ou industrielle. En somme, la généralisation de l’impression 3D n’est pas encore pour tout de suite. » Conclut Damien Callet.

D’ores et déjà disponible, l’étude de Xerfi-Precepta compile 145 pages découpées en 7 grands chapitres. On y retrouve : Le scénario prévisionnel de Xerfi sur le marché mondial et l’activité des prestataires français de services à l’horizon 2025, l’analyse des marchés clients phares : aéronautique, automobile, santé, construction, etc, le classement et le positionnement des principaux acteurs présents sur le marché français, le décryptage des principaux leviers de croissance actionnés par les acteurs au travers d’études de cas, et les principaux ratios financiers de 45 sociétés intervenant en France dans la fabrication additive.

Alexandre Moussion