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Des huttes imprimées en 3D avec de la boue sur les rives du Rio Grande

Hearth structure (Photo: Rael San Fratello | Dezeen)

Fondée en 2012 par Ronald Rael et Virginia San Fratello, professeurs à l’Université de Californie à Berkeley et à l’Université d’État de San Jose, Emerging Objects est une entreprise américaine connue par son approche unique de l’impression 3D. À l’heure où la construction 3D béton commence à faire ses preuves en architecture, cette société se démarque en utilisant la fabrication additive pour créer des espaces de vie ou de travail, en se focalisant sur des matériaux locaux naturels et respectueux de l’environnement. On se souvient de sa cabane composée de tuiles en céramique imprimées en 3D, ou de son matériau d’impression 3D issu de pneus recyclés.

Pour leur dernier projet baptisé Mud Frontiers, les deux architectes ont cette fois-ci imprimé 4 structures à base de boue, typiques de celles qui se construisaient le long de fleuve Rio Grande dans le Colorado jusqu’au XIX siècle. Les prototypes dénommés Hearth, Beacon, Lookout et Kiln, visent à explorer différentes techniques de construction dans le but de fournir des solutions qui seraient à la fois plus abordables et durables.

L’équipe d’Emerging Objects a commencé par étudier les méthodes traditionnelles de la région, comme ces structures en terre modelées à la main et les poteries fabriquées avec de l’argile des montagnes Sangre de Christo et San Juan. Ils ont ensuite collaboré avec 3D Potter, un fabricant spécialisé dans les imprimantes 3D céramiques, pour fabriquer une machine portable inspirée de la Potterbot XLS-1 de manière à pouvoir imprimer directement sur site.

Démontrer qu’une construction à faible coût et nécessitant une main-d’œuvre réduite, économique et sûre est possible

Kiln structure (Photo: Rael San Fratello | Dezeen)

Le prototype Hearth par exemple, est constitué d’une fine paroi de boue qui est renforcée avec des baguettes de genévrier, un bois réputé pour son imputrescibilité. Ces baguettes qui en réalité ne sont pas visibles de l’intérieur, sont encastrées de manière à joindre les deux murs. À l’intérieur de la structure, un banc de boue circulaire suit le périmètre de la structure et fait face à un foyer. Pour Beacon (« phare » en français), l’objectif était de créer le mur le plus mince possible en utilisant une conception en spirale. Cette structure tire son nom du fait que la nuit les lumières illuminent les empreintes.

Lookout, utilise quant lui un réseau dense de serpentins de boue ondulés qui est imprimé de manière à créer une structure sur laquelle on peut marcher. La conception prévoit également l’installation de tuyau en argile à l’intérieur des murs de façon à créer des poches d’air pour renforcer ses propriétés isolantes. Enfin, Four, comme son nom l’indique se destine à abriter un four de cuisson pour les poteries imprimées en 3D. Combinant les approches de conception des trois autres structures, il est alimenté avec du bois de genévrier.

Ronald Rael explique : « Chaque vase en céramique imprimé en 3D a révélé des zones où le carbone n’a pas été brûlé, laissant une couleur noire profonde, semblable aux traditions de Taos Pueblo, et un glissement micacé sur la surface, qui lorsque le carbone brûle complètement, est une surface dorée brillante. »

Les quatre structures constituent la deuxième partie du projet Mud Frontiers, qui a commencé sur une zone reliant El Paso au Texas et Juarez à Mexico. Il s’appuie sur les travaux d’Emerging Objet qui a collaboré avec des étudiants de l’Université du Texas à El Paso pour explorer des matériaux autochtones (argile, eau et paille de blé) et imprimer en 3D une série de 170 objets en céramique. L’objectif final est de démontrer qu’une construction à faible coût et nécessitant une main-d’œuvre réduite, accessible, économique et sûre est possible.

Beacon structure (Photo: Rael San Fratello | Dezeen)

Alexandre Moussion