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Desktop Metal s’offre le belge Aerosint et sa technologie d’impression 3D multimatériaux à base de poudre

Desktop Metal s'offre le belge Aerosint et sa technologie d'impression 3D multimatériaux

Les acquisitions s’enchaînent sur le marché de l’impression 3D. Un signe évident de maturité de cette industrie, mais dont on peut regretter qu’il se traduise trop souvent par le passage d’entreprises européennes sous pavillon américain. Après les rachats de l’allemand Concept Laser par GE, le britannique RPS par Stratasys, ou plus récemment le néerlandais 3D Hubs par Protolabs, c’est au tour de la pépite belge Aerosint de tomber aux mains de Desktop Metal. Un intérêt prévisible au vu des capacités de sa technologie et de ce qu’elle pourrait apporter au champion américain pour ses systèmes à jet de liant.

Aerosint est jeune pousse liégeoise fondée en 2016, dont la solution ne repose non pas sur une imprimante 3D, mais un procédé révolutionnaire multi-matériaux qui peut être intégré dans n’importe quel processus AM sur lit de poudre, tels que la fusion laser ou le jet de liant. Là où les systèmes actuels ne permettent d’imprimer qu’avec une seule poudre, la méthode employée par Aerosint permet de déposer une couche de matériau composée de plus d’une poudre de polymère, de céramique ou de métal. Grâce à ce procédé unique il est possible de combiner différents matériaux, rigides ou flexibles, au sein d’une même pièce.

L’idée d’Aerosint était de s’associer avec des fabricants de machines pour intégrer sa solution à leurs systèmes et les vendre à leurs clients. L’une des applications les plus importantes identifiées par l’entreprise belge est le double métal, c’est à dire la possibilité de combiner deux métaux en une seule partie. On se souvient que l’année dernière la jeune pousse avait fait la démonstration de sa technologie en dévoilant des impressions faites de deux métaux différents. L’une, une pièce circulaire, imprimée avec de l’acier inoxydable 316L et de CuCrZr, et l’autre en forme de cube été réalisée à partir d’acier et d’un alliage de cuivre. 5 h et 40 minutes avaient alors suffit pour imprimer les 174 couches de 40 microns chacune qui composent la pièce circulaire de 6,9 mm de hauteur et 55 mm de diamètre.

« L’impression multi-matériaux est la prochaine frontière de l’AM… »

procédé d'impression 3D Aerosint

En plus de réduire les déchets de poudre, le coût des matériaux et le temps de post-traitement associés aux procédés AM sur lit de poudre à un seul matériau disponibles dans le commerce, Aerosint explique que son procédé multi-matériaux offre des avantages supplémentaires. Ces avantages comprennent une optimisation localisée des propriétés mécaniques, telles que la résistance à l’usure ou l’amortissement des vibrations, et des propriétés chimiques et physiques améliorées, telles que la conductivité thermique et électrique, la résistance à la corrosion ou l’esthétique. Voici des exemples d’applications pour l’impression multi-matériaux :

  • Moules avec canaux de refroidissement conformes optimisés pour la dissipation de la chaleur
  • Outils de coupe résistants à l’usure avec un extérieur dur et un intérieur ductile
  • Des chemins métalliques conducteurs dans des pièces en polymère pour l’électronique flexible
  • des produits de luxe bi-matériaux d’une esthétique supérieure ; et des composants RF avec des propriétés diélectriques et conductrices différentes.

« Cette transaction fait progresser notre stratégie qui consiste à détenir des technologies d’impression différenciées permettant d’élargir l’éventail des applications AM 2.0 à l’échelle », a déclaré Ric Fulop, fondateur et CEO de Desktop Metal. « L’impression multi-matériaux est la prochaine frontière de l’AM. Aujourd’hui, on imprime des pièces, mais à l’avenir, on cherchera à imprimer des produits complets, qui pourront être composés de plusieurs matériaux. L’industrialisation de la technologie de base d’Aerosint et des systèmes connexes de traitement des poudres offrira de nombreux avantages pour l’adoption à grande échelle des solutions d’AM. Nous sommes impatients de nous associer à nos nouveaux collègues d’Aerosint pour faire évoluer cette technologie unique et l’intégrer dans les prochains produits Desktop Metal au cours des prochaines années. Nous sommes également enthousiastes à l’idée qu’Aerosint poursuive de manière indépendante sa trajectoire de croissance en proposant des solutions et des services de dépôt sélectif de poudre aux fabricants tiers et aux clients de systèmes AM basés sur la poudre. »

« Nous sommes ravis de nous associer à Desktop Metal pour accélérer la mise en œuvre de cette vision »

échangeur de chaleur multimétal imprimé en 3D

Echangeur de chaleur multimétal imprimé à l’aide de la technologie de dépôt de poudre sélectif Aerosint avec des surfaces extérieures en acier inoxydable pour correspondre aux autres composants d’un circuit de refroidissement et des surfaces intérieures en alliage de cuivre pour une meilleure résistance à la corrosion (crédits photo Aerosint)

Aerosint fonctionnera en tant que filiale en propriété exclusive de Desktop Metal et continuera d’être dirigée par ses fondateurs Edouard Moens de Hase et Matthias Hick, qui occuperont respectivement les fonctions de directeur général et de directeur de l’innovation de l’activité Aerosint.

« Chez Aerosint, nous pensons que l’avenir de la FA sera multi-matériaux », a déclaré Edouard Moens de Hase, co-fondateur et directeur général d’Aerosint. « Nous sommes ravis de nous associer à Desktop Metal pour accélérer la mise en œuvre de cette vision, avec désormais accès à son échelle, à son réseau de distribution et à son portefeuille de technologies AM 2.0 de pointe. Nous sommes impatients de commencer une étroite collaboration avec Desktop Metal tout en renforçant nos efforts continus avec nos partenaires existants pour transformer l’industrie de la FA et saisir de nouvelles opportunités de marché. »

Cette opération intervient 6 mois après que Desktop Metal se soit déjà offert d’EnvisionTEC, l’un des leaders historiques de la fabrication additive résine, pour 300 millions de dollars. Avec cette nouvelle prise de guerre, l’entreprise américaine étoffe donc encore davantage son portefeuille technologique. L’entreprise belge précise que ses produits et services multimatériaux continueront d’être largement disponibles pour l’industrie de la FA avec une intégration dans les plates-formes Desktop Metal ciblée au cours des deux prochaines années.

Alexandre Moussion