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Résultats financiers : Cobod enregistre déjà des bénéfices avec sa solution d’impression 3D béton

Le premier immeuble de trois étages imprimé en 3D en Europe à Wallenhausen

Le premier immeuble de trois étages imprimé en 3D en Europe à Wallenhausen, en Allemagne, avec une imprimante 3D COBOD. La vidéo a été visionnée plus de 1,6 million de fois sur Youtube (crédits photo Cobod)

Sujet aux effets d’annonces, mais surtout aux chiffres fantasques, on pense notamment à la possibilité d’imprimer des maisons en 24h, le marché de la construction 3D n’est pas le domaine de la fabrication additive le plus lisible et facile à appréhender qui soit. Les opportunités sont telles pour ce segment, qu’il suscite encore beaucoup d’attentes et de fantasmes. Néanmoins les initiatives continuent de se multiplier, et le marché, bien qu’encore balbutiant, commence à se dessiner. Fait intéressant cette semaine, l’un de ses représentants les plus connus, le constructeur danois Cobod, a prouvé que sa solution d’impression 3D béton pouvait d’ores et déjà être viable.

Bien que non soumis à l’obligation de publier ses résultats, étonnamment l’entreprise a rendu publique sa situation financière. En dépit d’une année difficile placée sous le signe du Covid, COBOD International A/S révèle avoir doublé son bénéfice brut en 2020, passant de 4,9 á 9,3 millions DKK (couronne danoise), soit environ 658 000 € à 1 250 000 €. En 2021, la même dynamique se poursuit pour la jeune pousse, le total des commandes enregistrées ayant d’ores et déjà dépassé celles de l’année dernière.

Henrik Lund-Nielsen, fondateur et directeur général de COBOD explique, : « Après seulement 3 mois dans la nouvelle année, nous avons effectivement observé une augmentation de 200% de commande pour les imprimantes comparer à toute l´année 2020, nous sommes alors sûr que nous allons continuer notre croissance en 2021, où nous allons au moins doubler nos commandes encore une fois. Les bons résultats ne sont pas seulement dû à nos grands clients mondiaux, même s’il y joue un rôle central pour notre croissance continue, mais aussi avec les petites entreprises entrepreneuriales, avec leurs envies de faire partie du futur. En raison de notre croissance, nous avons augmenté notre personnel à plus de 40 employés et à la fin de cette année, nous prévoyons d’être environ 60. »

On se souvient qu’en 2017, en direct live, l’entreprise danoise COBOD International A/S avait imprimé en 3D sa première structure de bâtiment en Europe, le BOD, à Nordhavn, Copenhague. Depuis ses imprimantes 3D béton ont été sollicitées pour un grand nombre de projets, comme la première base d’éoliennes imprimée avec GE Renewables, le premier bâtiment à 2 et 3 étages imprimé en Europe, le premier bâtiment imprimé à 2 étages en Inde et le premier bâtiment imprimé en Afrique.

« nous croyons que l’impression 3D automatisée des bâtiments deviendrait un élément important dans l’avenir de la construction »

En Floride Cobod a été commandité pour imprimer les murs d'un bâtiment agricole

La dernière construction de Cobod  a eu lieu en Floride, un bâtiment agricole de 71 m2 (crédits photo Cobod)

Il convient une fois de plus de préciser que l’impression 3D béton ne permet pas de créer un bâtiment en entier, mais « uniquement » la structure, c’est à dire les murs. Comme la plupart de ses concurrents, la technologie développée par Cobod, fonctionne selon principe du FDM en superposant des couches de béton. Le dernier client de la société s’appelle Printed Farms, une entreprise américaine qui a fait appel à son imprimante géante BOD2 (Building On Demand) pour imprimer les murs d’un bâtiment agricole de 71 m2 en Floride.

L’entreprise qui a démarré il y a quelques années en tant que spin-out de Printhuset et obtenu le groupe allemand Peri comme investisseur, l’un des leaders mondiaux dans le domaine de la fabrication et de la distribution de coffrages, d’​échafaudages et d’étaiements, compte parmi ses clients certaines des plus grandes entreprises du monde, l’américain GE, le français LafargeHolcim, le plus grand producteur mondial de ciment et de béton, ou encore L&T Construction, le plus grand groupe d’entrepreneurs en Inde, qui emploie 135 000 personnes.

La société qui espère réaliser prochainement deux autres constructions en Floride, intéresse aussi beaucoup les pays du Moyen-Orient. On se souvient qu’en 2019, Cobod avait signé un accord de distribution avec 3DVinci Creations, un bureau de service d’impression 3D basé à Dubaï, pour vendre ses systèmes aux Emirats arabes unis. L’accord de distribution s’inscrivait dans le fameux projet « Dubaï 3D Printing Strategy » de Dubaï dont on a parle régulièrement ici, qui vise à imprimer 25% de ses bâtiments neufs à l’horizon 2025. En témoigne l’ampleur de ses investissements et ses ambitions, la plate-forme économique des Émirats, s’annonce comme la plaque tournante de la construction additive. Ses premiers bâtiments du genre remontent à cinq ans déjà, des bureaux réalisés par le chinois Winsun pour la Dubaï Future Foundation.

Dr. Fabian Meyer-Brötz, Responsable de l’impression robotique 3D de construction au sein du groupe PERI, conclut: « En 2018, lorsque nous avons décidé d’investir dans un fournisseur d’imprimante 3D de construction, nous avons fait cela car nous croyons que l’impression 3D automatisée des bâtiments deviendrait un élément important dans l’avenir de la construction. C’était aussi crucial pour nous de trouver l’entreprise qui possède la meilleure technologie et le personnel le plus talentueux. La croissance de COBOD, ses résultats financiers et performance depuis notre introduction, prouve que notre présomption était correcte et que nous avons vu juste en ce qui concerne COBOD en tant que leader de l’impression 3D de construction au niveau mondial.« 

Alexandre Moussion